La controverse peut être lue ici.
Le débat est terminé !
C’EST TERMINÉ !
Billet invité. En débat ici aujourd’hui mercredi 18 décembre, de 11 à 14 heures
La situation des pays ayant bénéficié de soutiens financiers conditionnels à divers titres n’étant pas spécialement exemplaire et réjouissante, les dirigeants européens ne vont pas s’appesantir à ce propos et passer directement au chapitre suivant. En ces temps de préparation des élections européennes et afin de dégager leur vision de l’Europe (soulignant que leur regard porte loin), ils travaillent à un nouvel accord portant sur des « engagements contractuels », présentés comme la réalisation d’une nouvelle étape de son intégration. Le gouvernement de coalition allemand constitué, le prochain Conseil européen de ce week-end en sera la rampe de lancement, bouclant un raisonnement qui était en suspens : si l’insuffisance de cette intégration a été la cause de tous nos malheurs, la renforcer est la solution toute trouvée. Mais pas n’importe comment…
Le levier choisi repose sur un super plan de sauvetage de la zone euro, dont les modalités seront négociées pays par pays. Rien ou presque ne leur échappant, ces contrats bilatéraux avec la Commission couvriront pratiquement tout le champ de la politique économique, depuis l’organisation du marché du travail jusqu’aux performances du secteur public, de la recherche et l’innovation ainsi que de l’éducation… Sans qu’il soit question de créer un gouvernement économique européen, comme le gouvernement français l’a longtemps proposé.
C’EST FINI !
Dans Au secours Monsieur Paul Jorion !!!!, Didius écrit ceci :
N.B. : les élections approchent, et le théâtre politique devient de plus en plus désespérant, ne voulez-vous pas créer un parti politique ? Pour avoir enfin un espoir !!!
Cet après-midi de 16h à 18h (pour commencer ?)
Pour faciliter la discussion, j’ai mis en piqûre de rappel :
1) Mon appel à une « Constitution pour l’économie » de février 2008
2) Ma déposition devant le Parlement européen, en novembre 2009, sur Les causes de la crise
3) Mes réformes à mettre immédiatement en œuvre, dans Misère de la pensée économique en 2012
C’EST TERMINÉ !
Le Monde a eu l’amabilité de mettre ma chronique en « une » de l’édition en ligne, non sans en avoir modifié le titre, qui est devenu « Aligner les salaires français sur ceux du Bangladesh » : le scénario du pire.
Parler de « réformes structurelles de compétitivité » c’est accepter le principe d’un moins-disant salarial au plan international : c’est admettre qu’il existe un pays où le niveau du salaire de subsistance est le plus bas, et que ce salaire de subsistance du travailleur le plus misérable de la planète doit jouer le rôle d’un « attracteur » pour l’ensemble des salaires à la surface du globe.
Le salaire moyen au Bangladesh étant aujourd’hui cinq fois plus faible qu’en Chine, j’ai choisi de traduire dans mes conférences l’expression obscure « réformes structurelles de compétitivité » par « aligner les salaires français sur ceux du Bangladesh », une phrase dont la signification est identique mais présente l’avantage d’être comprise aisément par tous mes auditeurs. En utilisant cette expression polémique, je ne pensais cependant pas qu’une actualité tragique en ferait à ce point résonner la pertinence.
Le 24 avril, l’effondrement à Savar, un faubourg de Dacca, du Rana Plaza, un immeuble de huit étages rassemblant un grand nombre d’ateliers de confection aux conditions de travail dickensiennes, a causé la mort de plus de onze cents personnes, des femmes essentiellement.
À la vue d’étiquettes de marques familières mêlées aux corps sans vie au milieu des gravats, l’indignation est à son comble. La presse financière internationale n’est pas en reste : à de telles situations où des ouvrières et des ouvriers sont renvoyés dans des locaux en voie d’effondrement et aux issues de secours bloquées par une « police industrielle », elle connaît la réponse. Son nom, affirme le Financial Times, c’est la syndicalisation, qui permet aux travailleurs de faire valoir leurs droits. Tout occupés à échapper à l’enfer du monde rural pour découvrir la paix relative des ateliers urbains (migration qui en vingt ans a fait baisser la pauvreté de moitié), les Bengladeshis auraient négligé la protection qu’offrent les syndicats. Sans doute, mais peut-être ont-ils en mémoire le syndicaliste Aminul Islam, dont le cadavre portant les marques de sévices fut retrouvé l’année dernière abandonné sur une autoroute.
La révélation spectaculaire des conditions dans lesquelles est produit dans le tiers-monde notre low-cost occidental modifiera-t-elle la philosophie de nos dirigeants ? Il en faudrait certainement plus car nous vivons dans un monde où, si les individus sont encore ancrés dans une logique territoriale, les entreprises ont cessé de l’être depuis plus d’un siècle. Par le biais de l’instrument juridique qu’est le « trust » anglo-saxon, les individus les plus fortunés, grâce à des montages fondés sur l’anonymat qu’autorisent les havres fiscaux, ont le moyen d’accéder à titre personnel au pouvoir dont disposent les transnationales : pouvoir économique mais aussi pouvoir politique en raison du poids que l’argent permet d’exercer sur le mécanisme démocratique. Dans le cadre actuel, la logique du moins-disant salarial est l’un des principes de base de l’économie de marché, à preuve l’indifférence des populations à l’annonce de ces « réformes structurelles de compétitivité ».
L’horreur de Rana Plaza restera-t-elle sans conséquences ? Rien n’est moins sûr cependant, car c’est la philosophie du « moins-disant » sous toutes ses formes qui se retrouve aujourd’hui sur la défensive depuis que l’affaire Cahuzac a mis sur la sellette le moins-disant juridique et fiscal des havres fiscaux, et que l’inviolabilité qui faisait leur force s’est vue compromise dans la résolution de l’affaire de Chypre. Si en effet les sommes déposées sur un compte dans un havre fiscal ont cessé d’y être en sécurité, c’est l’édifice entier qui s’effondre.
Et c’est là que se situe le talon d’Achille du moins-disant salarial : dans le fait que les opinions publiques sont désormais en rébellion ouverte contre la philosophie du moins-disant dans toutes ses manifestations. Ce ne sont pas les dirigeants eux-mêmes qui ont mis le holà mais la réprobation générale les a obligés d’installer des coupe-feu dans l’urgence pour contenir la vague d’indignation. Qu’on pense à la promptitude de la réponse, même si ce n’était pas une transparence voyeuriste que réclamait de la classe politique, l’opinion, mais bien plus banalement, des gages d’honnêteté.
Le moins-disant juridique et fiscal a atteint le seuil de l’intolérable parce qu’il instaure en régime idéal la piraterie que les grosses entreprises – transnationales de fait – exercent sur l’économie mondiale : prédation par elles des entreprises plus petites, confinées quant à elles de par leur taille sur le territoire national et contribuant seules par le versement de l’impôt aux frais de maintien de l’ordre commercial, ordre dont les transnationales bénéficient sinon gratuitement, du moins avec un rabais considérable. Ces transnationales n’en voient pas moins le contribuable voler à leur secours en période de vaches maigres, pour régler non seulement leurs pertes économiques réelles mais également leurs paris spéculatifs perdus, illustration tragique du principe de « privatisation des profits, socialisation des pertes ».
Le moins-disant salarial des « réformes structurelles de compétitivité » relève de la même logique exactement que le moins-disant fiscal : il s’agit là aussi, par la baisse des salaires, de maximiser la part de la richesse créée qui passera en dividendes et en bonus extravagants que les dirigeants des plus grosses entreprises s’octroient à eux-mêmes.
C’EST TERMINÉ !
Lundi 8 avril entre 15h et 17h, je débattrai avec vous des doutes de Maurice Lévy quant à la notion d’une « économie positive » et de la réponse que je lui ai apporté à ce sujet. Les deux textes se trouvent ici.
Samedi entre 15h et 17h je débattrai avec vous « live », ici sur la page « Les débats du blog de Paul Jorion », de l’affaire Cahuzac. J’y ai consacré deux interventions : primo, le papier qui a été publié en version légèrement abrégée comme tribune libre dans Le Monde dans l’édition en date du vendredi 5 avril (page 20), sous le titre « La crise accroît l’intolérance à la fraude fiscale des élites », et ici, en version longue sous le titre : « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés« , et secundo, dans la vidéo du vendredi que j’ai affichée (tard) : « Le temps qu’il fait le 5 avril 2013 ».
À tout à l’heure : il y a des choses à dire !
LE DÉBAT SUR CE BILLET EST MAINTENANT TERMINÉ
Audition à l’Assemblée nationale sur les paradis fiscaux
Un pas vers le bancor ?
Sur YouTube, c’est ici.