LA ROBOTISATION, SORTIE PAR LE BAS OU PAR LE HAUT ? par François Leclerc

Billet invité.

La croyance dans le progrès n’est plus ce qu’elle était, pas plus que la confiance éblouie dans la science infinie. Le reste, n’en parlons même pas ! Oublié, le temps de la conquête de la Lune, des bébés éprouvette et autres ringardises ! place à ces visions d’un futur proche s’appuyant sur des merveilles technologiques ne demandant plus que d’ultimes mises au point ! A leur palmarès figurent la bionique et sa promesse d’humains à moitié robots, ainsi que cette star qu’est l’imprimante 3D (la machine à fabriquer numérique).

L’industrie est à la veille d’une formidable mutation, nous est-il annoncé, réconciliant la standardisation et production en série avec la personnalisation de l’artisanat. Le zéro stock sera enfin garanti et l’empreinte carbone de la production réduite au strict minimum grâce à une production locale. On a même trouvé le moyen de la relocaliser : en créant des usines robotisées,  la concurrence déloyale des zones à bas salaire sera vaincue, puisqu’elles tourneront presque toutes seules… Le problème sera résolu en le supprimant ! Un accès stratégique aux matières premières et à des sources d’énergie bon marché grâce au gaz de schiste, un zeste de matière grise et de supervision, et le tour sera joué, car même la maintenance sera automatisée.

Mieux encore, la multiplication d’objets intelligents; rendant d’innombrables services repoussera les frontières de la robotisation : cantonnée à la production, elle fera son entrée dans le monde des services où l’on croyait voir subsister de confortables gisements d’emploi. Ainsi le Japon, pays vieillissant, conçoit des robots qui assureront les services à la personne, en privilégiant les humanoïdes.

La robotique de service va poursuivre son invasion des bureaux et aussi de la maison (une distinction qui dans certaines professions disparait). Ses applications concernent aussi bien l’aide à la personne que la formation et le diagnostic et l’aide médicale, ainsi que la surveillance civile et policière et les interventions militaires. Le marché potentiel est énorme, estimé à des dizaines de milliards de dollars selon la Japan Robotics Association. Un modèle de commercialisation et de tarification  émerge, basé sur la location, assurant une rente de la part de consommateurs présumés captifs des nouveaux services. C’est déjà le cas des batteries des voitures électriques.

En prolongeant la tendance, l’Humanité serait en passe de se désengager de la servitude du travail, auquel on ne coupe pas pour gagner sa vie, sauf bien entendu lorsque l’on est rentier. Mais une telle audacieuse prospective fait apparaître un léger problème : d’où proviendront les revenus des consommateurs dans une société où le travail se raréfiera en raison de sa robotisation de plus en plus généralisée, et où gagner de l’argent en le faisant travailler (suivant l’expression consacrée) sera l’apanage des privilégiés ?

Les sociétés de services informatiques flairent pour leur part le gros coup, car ce monde qui nous est annoncé est celui du « Big Data », du traitement des volumineuses quantités de données qui seront recueillies via les objets intelligents qui affluent en provenance des départements de R&D. Selon IBM, 90%  des données disponibles dans le monde ont été crées ces deux dernières années et le rythme s’accélère, c’est un pactole qu’il ne reste qu’à faire fructifier. Les outils permettant ce traitement assureront notre bien-être de consommateur en s’appuyant sur notre traçabilité et feront du marketing une science enfin exacte, lui permettant de mettre sur le marché des produits adaptés à des cibles de plus en plus fines. Mieux encore, ces outils seront dotés de capacités d’apprentissage afin de se perfectionner eux-mêmes ! Le principe décrit par Chris Anderson sous le nom de « la longue traîne », selon lequel on pouvait désormais vendre en petite quantité de très nombreux produits qui trouvaient ainsi leur marché sur Internet, ne sera plus l’apanage des précurseurs du commerce, mais il se généralisera à toute l’activité de la distribution. Les imprimantes 3D en seront le complément naturel, si l’on en croit son dernier ouvrage intitulé « Makers » (les fabricants). Marketing, production et distribution seront associés comme cela n’aura jamais été, rêvent ceux dont l’horizon est celui de la bottom line, de la ligne du bas de leur bilan.

Cette même traçabilité; pourra être utilisée à d’autres fins, faisant de ceux qui refusent d’utiliser les instruments qui la permettent des suspects tous désignés de la police. Dans le secteur financier, le trading à haute fréquence sera considéré comme le précurseur d’une famille d’outils analysant à très grande vitesse les transactions, par exemple les quelques 10.000 règlements par seconde opérés dans le monde par carte bancaire. D’autres analyseront la base de données mise à jour en temps réelle des e-mails, SMS et autres tweets pour tirer toutes sortes d’enseignements, permettant notamment de promouvoir des formules de crédit ajustées aux plus près des besoins et des capacités de remboursement. Les économètres n’ont d’ailleurs pas manqué d’expliquer, lors du dernier Forum de Davos, que l’exploitation des bases de données des transactions financières et économiques permettra de considérablement améliorer la compréhension des décisions économiques… D’autres applications sont déjà prévues dans le domaine de la santé, du commerce de détail, de l’énergie et des télécommunications.

Doit-on s’étonner que ces visions écartent le plus souvent une évaluation des conséquences sociales des profondes mutations qui s’annoncent ? Comme si les rapports sociaux étaient figés et le fonctionnement des sociétés une fois pour toutes arrêtées. Pourquoi faut-il que l’imagination s’enflamme devant les miracles technologiques – ceux de la science de moins en moins  compréhensibles aux non-spécialistes – mais reste atone quand l’avenir de nos sociétés humaines vient sur le tapis, exception faite – et ce n’est pas rien – des préoccupations environnementales ? Y aurait-il « quelque chose qui cloche là-dedans ? ». Pourquoi ces mêmes miracles seraient-ils au service exclusif de la reproduction de normes immuables, poursuivant comme seul but de perfectionner un système qui ne retrouve pas son équilibre et ne recéleraient-ils pas d’autres potentiels bien plus pertinents ?

Revenons à la prospective sur les imprimantes 3D, si l’on se prend au jeu : elles auront le potentiel de non seulement radicalement changer les processus de fabrication – si leurs limitations actuelles sont repoussées – mais aussi l’identité de ceux qui seront aux commandes, car le modèle des FabLab qui les accueille est ouvert, créatif et collaboratif, très loin du monde des ouvriers spécialisés et du travail à la chaîne chronométré. Les objets produits par ces machines deviendront du code numérique, pouvant être transmis, échangé, modifié et enregistré sous licence libre. La valeur d’usage l’emportera sur celle d’échange, et l’utilisation sur l’appropriation.  Quand au « Big Data », ses outils au de nombreuses applications potentielles dans d’autres domaines, comme par exemple en épidémiologie : ils pourront permettre de mieux identifier les causes de la prévalence de certaines affections et de jeter les bases de nouvelles politiques de santé publique élargies.

L’ambivalence de la nouvelle société issue de l’innovation technologique est forte ; le choix entre « sortie civilisée » ou « sortie barbare » du capitalisme, comme l’écrivait André Gorz, est de plus en plus concret.

 

 

 

 

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82 réflexions au sujet de « LA ROBOTISATION, SORTIE PAR LE BAS OU PAR LE HAUT ? par François Leclerc »

  1. A la lecture de ce beau billet, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour Marc Sautet, le philosophe décédé en 1998, et de son livre : un café pour Socrate. Son analogie avec la civilisation grecque antique et notre univers robotisé reste pertinente. En effet, le citoyen grec n’avait que faire de son état de citoyen, car les esclaves avait pris sa place au sein de l’activité économique de la cité. La cupidité d’une minorité était à l’origine du désastre, car plutôt que de payer un « salarié », il devenait plus rentable de posséder des esclaves. C’est un peu la même chose aujourd’hui, nos esclaves modernes sont les machines (il reste malheureusement aussi de l’esclavage humain), elles travaillent docilement à notre place, et le chômage grandit dans la cité. Un citoyen chômeur se retrouve en état d’exclusion, la démocratie perd son sens lorsqu’on se retrouve en dehors des limites du collectif, remplacé par une machine, et supportant une absence de revenus décents pour conserver sa dignité.
    Bien à vous tous !

    • Le futur qui se dessine sous nos yeux ne serait-il pas une « démocratie des riches » dans laquelle une partie des esclaves serait remplacée par des machines et l’autre partie laissée à l’abandon ?

      • oui, et la « démocratie » ne cesse de s’appauvrir avec le phénomène de concentration des richesses : les machines finiront par prendre le pouvoir… ?
        Reconnaissons être souvent tributaire et aux ordres de l’outil informatique.

      • « Bonne question ! Mais il y a plusieurs fins possible au scénario ».

        Si nous voulons une « fin heureuse » il va nous falloir retrousser nos manches sans attendre et abandonner toutes les illusions y compris les illusions « citoyennes », en un mot cesser d’être des spectateurs.

      • C’est exactement le but poursuivi par le courant transhumaniste.

        A ce sujet sur le site suivant une vidéo déjà diffusée sur Arte: « Un monde sans humain »

        http://reflets.info/transhumanisme-nbic-un-monde-sans-humains/

        Et l’avis enthousiaste d’Alain Madelin sur ce qui « nous attend » avec le développement des Nano Bio Info Cognito technologies: une décennie « miraculeuse » d’hypercroissance – certes inégalitaire – entre 2020 et 2030. Vous êtes sceptiques ? Ecoutez la vidéo vers 6:00 mn … Vous n’en croirez pas vos oreilles: « L’homme de « mille an » est à portée de main… », pourquoi se prendre le chou avec la question des retraites ?

        http://www.bfmtv.com/video/bfmbusiness/les-experts/emmanuel-lechypre-experts-12-mars-bfm-business-1-2-115984/

        Y-en-a qui sont d’un optimisme à tous crins, il est vrai qu’il font plutôt partie de ceux qui bénéficient du système.

    • Bonjour à tous,
      Au sujet de l’esclavagisme, Karluss, on ne va pas trop s’en faire pour les machines, mais donner 40 ans de ses plus belles années pour les profits d’autrui, comment appeler cela autrement ?…
      Progrès technologique exponentiel, progrès social inversement proportionnel.

      • Maxfriend, notre condition n’est pas comparable à celle des esclaves, nous sommes affranchis, certes dans un système à réorienter, mais impossible de nous comparer à ces damnés de la terre qui menèrent aussi un combat pour nous rendre meilleur (gloire à leur mémoire). La lutte doit continuer, mais c’est bien à ce niveau que la solidarité fait parfois défaut. L’âme des peuples est en état de léthargie (en occident), on s’accroche plus à notre confort plutôt que de vouloir un véritable changement de paradigme, etc.

    • Je partage l’idée selon laquelle la robotisation est la raison majeure de la chute vertigineuse de l’emploi industriel qui ne représente désormais que 13% de l’emploi total. Cette chute ne sera pas compensée par le développement d’une filière « robotique » française, par ailleurs promue et financée (via le FSI) par le « Ministère du Redressement Productif » dans le cadre de son projet « technologies clés 2015 ». Alors que ce même ministère se donne pour ambition de re-développer l’industrie elle promeut ce qui contribue à sa disparition : cherchez la cohérence !
      Si la robotique industrielle, au nom de la sainte « productivité », finit par détruire totalement l’emploi industriel, elle va se diffuser parallèlement au niveau domestique et au niveau du tertiaire dans des proportions encore inimaginables.
      Aussi la question que je me pose est la suivante :
      Si l’emploi salarié tel que nous le connaissons depuis un siècle est appelé, dans un délai relativement court, à subir de profondes mutations, ces dernières seront :
      – Plutôt vers l’individualisation du travail, le recours à toutes les formes « hors normes » du contrat de travail (intérim, temps partiel, stages, ..) en gros le retour à la situation du 19ème siècle avec une large majorité de travailleurs « indépendants » (ce à quoi le mal nommé « auto-entrepreneur » nous prépare) vendant leur compétence en concurrence ?
      – Plutôt vers une socialisation du travail redonnant une chance à la coopération, la solidarité au travers de formes mutualisées de l’entreprise en petites unités à l’échelle locale renouant avec une forme d’artisanat solidaire ?

  2. Bon, une petite note supplémentaire, Marc Sautet était un nietzschéen, ce qui n’est pas la tendance sur le blog, mais, soyons tolérant… 😉

    • On peut déjà fabriquer des objets, c’est moins leur dimension qui compte que la matière dans laquelle ils sont fabriqués : un marteau « 3D » ne rendra pas les mêmes services dans l’état actuel des choses !

  3. Ce texte fait suite à de nombreuses interrogations, pratiquement oubliées de nos jours, sur l’avenir de l’humanité dans le contexte d’un développement exponentiel de la technique dans le cadre du capitalisme industriel et renvoie aux premiers critiques radicaux des idéologies du progrès. Citons par exemple Lewis Mumford (Les Transformations d l’homme. La cité à travers l’histoire), Gûnther Anders (L’obsolescence de l’homme) Jacques Ellul (de très nombreux ouvrages dont un grand nombre consacré à la technique comme La Technique ou l’enjeu du siècle) Bernard Charbonneau (Le Jardin de Babylone) mais aussi les chercheurs du MAUSS, Serge Latouche et les « décroissants », le groupe et la maison d’édition de l’Encyclopédie des nuisances et depuis quelques années des critiques de l’industrie dite agro-écologique dont le plus connu est le livre Solutions locales pour un désordre global ( http://www.actes-sud.fr/catalogue/agriculture/solutions-locales-pour-un-desordre-global ) qui existe sous forme d’un film (http://www.dailymotion.com/video/xci0nc_solutions-locales-pour-un-desordre_shortfilms ), disponible en ce moment sur la chaîne Ciné + premier ( réalisés par Coline Serreau)

    « Et moi je pense qu’ils font ça pour affamer les pays, parce que je crois que les riches commencent à en avoir vraiment marre des pauvres. Ca, c’est vraiment une grande caractéristique du début des années 2000. Les riches se révoltent, ils trouvent que vraiment, les pauvres, ça suffit. (…) Et, dans les vingt ans qui viennent, il va y avoir un conflit entre nourrir des machines et nourrir des hommes. » Claude Bourguignon dans Solutions locales pour un désordre global.

    La question de la nourriture non falsifiée est généralement passée sous silence par les économistes (1) et tous les sectateurs du progrès technique qui oublient volontairement de comptabiliser les déchets et les pollutions engendrés par la production et la circulation de toutes les marchandises y compris de ces marchandises intelligentes censées apporter le bonheur à l’humanité, ou seulement à une partie, car là encore sont oubliés tous ceux qu’il ne faut pas voir et qui pourrissent dans la désolation des campagnes désertifiées et les bidonvilles de toutes les mégapoles.

    (1) Au XIXe siècle, économiste s’opposait à socialiste et était un équivalent de libéral.

    • Je me permets d’ajouter (eh oui, il y a toujours des mécontents quand on commence des listes 😉 à ces auteurs centraux, 2 autres non moins fondamentaux :
      – Marcel MAUSS : avec la publication récente d’une ré-édition de textes dédiés à ce thème : « Techniques, technologies et civilisation » (PUF 2012)
      et
      – Cornélius CASTORIADIS : le thème de la technique et de la science et leur intrication avec l’imaginaire social irrigue toute son oeuvre ; un article lui est particulièrement consacré : la notice de l’encyclopédie universalis en 1973 : « La Technique » (dispo en ligne sur : http://collectiflieuxcommuns.fr/spip/spip.php?article506)

      Cet ajout non pas pour combler des oublis (infinis) mais parce que ces travaux et réflexions (et notamment celles du deuxième) en ré-enchassant le technique dans le social, luttent fortement contre l’autonomisation du processus technique. Qu’on l’approuve ou le critique, on a toujours tendance à se laisser griser, fasciner, voir paralyser par cette apparence de l’autonomie de « la » technique ou celle de « la » science. Ce sont les imaginaires (sociaux – donc humains), les institutions, les rapports de force et les psychismes qui déterminent principalement la trajectoire de ces activités humaines particulières que sont science et technique (et depuis longtemps techno-science) :
      Aucun fatalisme donc mais une réappropriation collective (et don politique) de l’orientation techno-scientifique de… notre espèce (! )

  4. Signalé par la check-list du Monde du 8 mars.
    « L’imprimante 3D, ce gadget qui change le monde »

    « Le Salon des techniques de l’information et de la communication (Cebit) se déroule cette semaine à Hanovre en mettant à l’honneur l’économie du partage. On entend beaucoup parler de l’émergence de cette économie, mais ce partage croissant de connaissances, de ressources, de contacts, d’échanges ou d’emprunt d’objets peut-il changer le monde ? Quels sont les nouveaux espaces d’innovation ? Sont-ils portés par l’ambition de bâtir un monde plus viable ? Dans Makers, la nouvelle révolution industrielle, l’Américain Chris Anderson estime que l’impression 3D et la multiplication des possibilités données à chacun de bidouiller par lui-même et en réseau, de manière libre et ouverte, dessinent les contours d’un nouveau modèle économique de fabrication. Oui mais voilà : quand on y regarde de plus près, il est important (…) » Lu sur Même pas mal !

    http://alternatives.blog.lemonde.fr/2013/03/06/limprimante-3d-ce-gadget-qui-change-le-monde/

    Et maintenant faites tourner vos méninges pour imaginer l’objet de vos rêves et le fabriquer sans besoin de machine outil.
    Inconvénient : ce sera un objet en plastique.

    Pour les bricoleurs : s’il vous faut un outil biscornu, vous le fabriquez.

  5. Bonjour François, merci de nous donner la parole.

    La guerre des data a commencé en effet. En tant que médecins, nous sommes sollicités de tous côtés, en particulier par l’industrie pharmaceutique, pour fournir/vendre des données personnelles de santé (anonymisées bien sûr) et la plupart d’entre nous résiste à cette commercialisation.
    Des dérives existent cependant: Cegedim, société française, pompe chaque soir les données enregistrées dans les dossiers médicaux et les revend aux laboratoires, aux assureurs et autres: https://www.cegedimstrategicdata.com/Fr/OurSolutions/Patient/Pages/default.aspx

    Cependant, l’enregistrement et une certaine mise en commun des données de santé permettent une meilleure efficience et une meilleure équité dans la gestion des soins; les études épidémiologiques apportent des informations sur les liens entre santé et conditions de vie, santé et environnement…

    Le CISP-Club dont je fais partie a élaboré une charte qui réaffirme certains principes éthiques fondamentaux: http://www.cispclub.org/4daction/w3_CatVisu/fr/charte-&-ethique.html?wCatIDAdmin=1073

    Extrait: Le patient
    • Est propriétaire des données médicales; le dépositaire en est le professionnel de la santé. Dès lors, le patient peut à tout moment les consulter et les faire modifier. Il peut également les faire supprimer.
    • A droit à la confidentialité.
    • Peut exiger que certaines IPS (informations personnelles de santé) ne soient ni enregistrées ni divulguées (le dossier médical ne doit pas être exhaustif).
    • Donne son consentement à l’existence des IPS et à leurs utilisations.
    • Est le partenaire des soins.
    • A droit à ne pas avoir connaissance de tous les éléments de son dossier, par respect de la protection due aux personnes vulnérables, et de façon plus générale au nom de la reconnaissance de la fragilité de l’humain.

    Tout professionnel de santé doit être garant de la confidentialité et tout patient doit pouvoir l’interpeller sur la destination des informations qu’il lui confie.

    • à Manuela,

      Croyez-vous que « l’industrie pharmaceutique » va comprendre et dire à tous que l’origine des maladies est essentiellement dans la production industrielle de toutes les marchandises, que ce soit la nourriture chimiquement falsifiée, l’eau empoisonnée, l’air « enrichi », le travail et les loisirs devenus insupportables, etc. ?
      Je ne pense pas qu’elle ait besoin de tous ces renseignements pour savoir ce qui est connu de tous ceux qui savent regarder et comprendre le monde tel qu’il est devenu depuis les années 30.
      Alors que cherche-t-elle ou que veut-elle nous faire accroire qu’elle cherche ?

      • à Marlowe: l’industrie pharmaceutique ne cherche pas à comprendre l’origine des maladies (elle en invente même des nouvelles pour mieux vendre ses molécules).
        C’est à nous, citoyens, professionnels de santé, de nous approprier ces recherches.

      • à Manuela,

        « C’est à nous, citoyens, professionnels de santé, de nous approprier ces recherches ».

        Le problème c’est que dans le monde tel qu’il est, gouverné par la « liberté dictatoriale du marché », avec des pays qui ne sont ni des démocraties ni des dictatures ou tout simplement des dictatures, le citoyen n’a pas d’espace pour exercer ses droits et ses devoirs puisque la gouvernance est assurée par ceux qui, élus ou nommés, exercent le pouvoir que le Capital leur enjoint d’exercer.
        Dans ce qui n’est plus ni un pays, ni une Cité, le citoyen n’existe plus. L’individu est réduit à être un producteur, un chômeur, un électeur, un consommateur ou un touriste, bref un spectateur.
        Pour être un citoyen, il faut que l’individu se révolte en sachant pourquoi il se révolte et comment il peut se révolter.

      • à Manuela,

        Si vous me permettez, dans le processus de révolte un (ou plusieurs) blog, c’est tout au plus un préliminaire.

      • La source des données se trouve dans le dossier médical patient (DMP => http://fr.wikipedia.org/wiki/Dossier_m%C3%A9dical_personnel_%28France%29). En règle générale créé par un médecin généraliste, ce dossier est augmenté de toute information en provenance du parcours de santé de ce même patient (médecine générale, médecine spécialisée, diagnostic, biologie médicale, hospitalisation,…) sur la base de son matricule, à savoir en France, le n° de sécurité sociale. Ces informations représentent une véritable mine d’or.

        Il faut savoir que les équipementiers des laboratoires d’analyse de biologie médicale (Siemens, Roche, Abbot, etc…) peuvent exploiter des systèmes mouchards sur les chaines d’automates d’analyse médicale. Derrière le postulat de la meilleure coordination médicale, la traçabilité issue de la robotisation (patients, diagnostic, pathologies) fonctionne telle une étude de marché en temps réel capable de maximiser sur la même échelle le profit. Mise à part la pharmaceutique, les statistiques tirées de ce processus intéressent également les groupes d’assurance mutualistes.

        Que ferions-nous face à l’augmentation de notre prime de risque si l’assureur savait anticiper à notre insu la nature de notre diagnostic médical ?

        C’est approximativement l’horizon proposé par la robotisation dans le domaine médical. En sortir par le haut ou par le bas dépend d’un rapport de force dans l’appréhension de l’outil au service de l’homme ou du business.

    • Le patient est il aussi propriétaire de l’ordonnance.
      Celle ci ne risque t’elle pas d’être transmise aux fournisseurs de médocs et alors on peut imaginer pas mal de travers ce qui me donne mal à la tête docteur..

  6. Agir à la racine, à l’école, pour que les citoyens ne soient pas pilotés par la technique, pour que la technique améliore leur bien être.

    France Culture mardi soir, émission « Du grain à moudre » :
    « Quel sens donner au numérique à l’école ? »
    Les intervenants étant au top sur ce sujet le contenu était très riche et devrait être entendu par tous les enseignants, jeunes et moins jeunes.

    http://www.franceculture.fr/emission-du-grain-a-moudre-quel-sens-donner-au-numerique-a-l-ecole-2013-03-12

    Invité(s) :
    Pierre Mœglin, professeur en sciences de l’information et de la communication de l’Université Paris 13
    Bernard Stiegler, philosophe, directeur de l’Institut de recherche et d’innovation (IRI)
    Marianne Baby, secrétaire générale adjointe du SNUipp

  7. J’ai lu avec intérêt votre article, mais il me semble nécessaire de mettre un peu d’eau dans votre vin.
    Pour l’instant les imprimantes 3D sont certes des objets passionnants, même pour le hobbyiste, mais les polymères utilisés, malgré quelques exemples spectaculaires ne permettent guère de mettre en place des objets de grandes consommations.
    C’est donc pour l’instant une technologie d’après demain.
    Par contre, la robotisation du monde résulte plus de l’extention du taylorisme. On peut parler de monde mis en kit, puisque c’est l’extension de la standardisation des procédures, de la création de gabaries communs pour les données et la mise en pièce détachés des activités intellectuels et des algorithmes qui s’avèrent la cause de la vague actuelle d’automatisation.
    Plus que tout c’est le triomphe des statistiques et des probabilités, qui sont renforcées par l’usage de ces techniques de standardisation.

    On le voit par exemple dans l’informatique, où le dévelopement maintenant ancien des la ngages objets et du pattern design a fini par débordé dans le monde physique de la production industrielle.

    Par ailleurs, cette mise en kit du monde intellectuel renforce paradoxalement le développement du travail coopératif et du hobbyisme. Il suffit d’être suffisamment rigoureux, mais aussi d’avoir du temps et de bonne base de comportement pour rentrer dans la boucle d’autoformation. C’est ainsi que le développement open source et libre commence à déborder dans le domaine matériel avec le développement de matériel libre comme on peut le voir dans le domaine des systèmes électroniques embarqués, dans celui des coeurs de processeur, dans la robotique ou même maintenant de la biologie synthétique. Ceci certes concerne une partie avancée d’étudiants, de techniciens, d’ingénieurs ou de chercheurs, mais cette proportion dans ce segment là de la population ne cessent de croître.

    A mon sens c’est la la vraie révolution, puisque l' »apprentissage en faisant » tends à se répendre et à toucher d’autres domaines grâce à cette idée du « monde en kit ».

    Derrière cette vague d’automatisation, c’est bien l’abandon progressive aux machines de certaines fonctions que l’on pensait impossible à automatiser qui se profilent, comme l’apprentissage automatique, le tri de donnée brute, la segmentarisation des marchés, la reconnaissance automatique de tendances statistiques. Ceci vient bouleverser l’économie des formations, puisque certains métiers de col blancs vont finir par disparaître, car leurs compétences nécessaires s’avèrent totalement automatisables. Par ailleurs, d’autres métiers, nettement plus manuels eux s’avèrent pour l’instant impossible à automatiser, car nécessitant plus d’autonomie et d’imagination.
    Il y a la les germes d’une nouvelle bascule, accentués par le déclassement symbolique des professions touchées.

    • L’engouement pour les imprimantes 3D et les discours qu’elles suscitent sont en soi intéressants : ils expriment « en creux » des aspirations. Mais il est clair que le « Big data », qui occasionne également certains fantasmes, aura plus d’impact. Comme j’ai tenté de le montrer avec mon billet sur Safecast, ce n’est toutefois plus une discussion théorique !

      • « L’engouement pour les imprimantes 3D et les discours qu’elles suscitent sont en soi intéressants : ils expriment « en creux » des aspirations »

        Il est clair que les imprimantes 3D sont l’arbre qui cache la forêt, mais de quelle forêt s’agit-il à l’heure de la déforestation sauvage qui contribue largement à la catastrophe dans laquelle nous sommes plongés ?

        Les aspirations auxquelles vous faites allusion me paraissent toutes liées à la fin du travail. Du côté de ceux qui le subissent pour ne plus avoir à le subir et du côté de ceux qui ont accumulé des fortunes en faisant travailler les autres, de tous ces autres dont eux, les propriétaires de l’économie, trouvent qu’ils coûtent encore trop cher.
        Tout cela est, encore une fois, un mauvais rêve.

      • Dans le monde de la grande distribution et des fournisseurs le BigData est opérationnel depuis plus de 10 ans.
        Au départ il analysait une dimension qui excluait le client/consommateur mais l’évolution des puissances doit permettre de descendre au plus fin, soit le ticket de caisse.
        Ensuite se pose la question : pour quels usages ?

      • Je me souviens avoir lu une déclaration d’un président de la CNIL française (la Commission nationale de l’informatique et des libertés), disant qu’il était déjà trop tard pour les préserver !

  8. La mise en adéquation de l’homme et du robot m’amène à penser que l’on cherche de plus en plus dans notre société moderne à formaliser les comportements humains. En effaçant consciencieusement singularité, originalité et « pensé différent » derrière un formalisme tout aussi catégorique qu’un processus intégré, la technologie semble envahir l’intimité de l’esprit en profondeur. Voudrait-on que sensibilité et émotion deviennent potentiellement programmables que de sa lointaine planète le robot curiosity ne nous rassurerait pas de l’innocuité d’une tempête solaire.

    Le travail du chorégraphe Klaus Obermeier sur le spectacle « Here and now… the concept of » est à ce titre particulièrement remarquable. Deux danseuses effectuent des mouvements de danse classique devant plusieurs caméras reliées à un ordinateur. Ce dernier en apprend les règles et les interprètent à sa manière sous forme de restitutions lumineuses et musicales. Les danseuses finissent par être absorbées et disparaissent dans le dispositif informatique :

    http://youtu.be/afbQQM6RTe8

  9. Pour échapper à cette nouvelle forme de dictature dont il sera impossible de s’extraire, il conviendrait que les citoyens se réapproprient très rapidement le champ politique. La consultation électorale est aujourd’hui « le canada dry » de la démocratie car quelque soit le résultat une même politique est suivie. Les citoyens en bien sûr conscience mais sans savoir comment réagir. Il convient que chacun d’entre nous éclaire, fasse comprendre ce qui se met en place pour le plus entendre des lieux communs du style « les chômeurs ne veulent pas travailler ».

    Une nouvelle génération de politique est nécessaire car la classe politique actuelle malgré la réticence de quelques uns semble accompagner le mouvement dans une forme d’autisme généralisée
    Il convient d’investir et d’éclairer à la fois dans le domaine économique, financier, mais aussi sociétal, culturel car les dégâts sont partout.
    Ce qui s’annonce est terrible et même Orwell n’avait pu imaginer d’aller jusque là.
    Ce que l’article ne précise pas c’est sous quelle échéance ce « progrès » pourrait être opérationnelle. Cela se fera par étapes bien sûr mais une génération a t elle encore le temps de réagir ou le laps de temps est-il bien plus court ?

  10. Autre exemple de technologie qui peut être aliénante ou émancipatrice : les énergies renouvelables.
    Avec le solaire, l’éolien, le géothermique, on a la possibilité d’une génération d’énergie locale, décentralisée. On peut imaginer des foyers indépendants énergétiquement, échangeant avec les foyers proches à travers une grille à l’image d’internet.
    On peut aussi imaginer des mégaprojets bien centralisés comme certains se sont empressés de le faire avec l’électricité solaire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Desertec

  11. Bonjour à tous,

    On en revient toujours à la mise en place du revenu universel : si les gains de productivité apportés par les machines sont tels qu’ils excluent de plus en plus de personnes du monde du travail, y compris des personnes qualifiées, il arrivera un moment où le taux de chômage sera tellement élevé que la question sera posée…

    En fait, il est probable que, dans un premier temps, l’on décide d’une réduction du temps de travail…mais si le processus de robotisation devait s’accélérer , de telle sorte qu’une diminution du temps de travail n’arrive pas à diminuer le chômage et que les tensions sociales devaient menacer les fondements des civilisations, les détenteurs de capitaux obtempéreront.

    Il y a un autre corollaire à la robotisation et au revenu universel : c’est le contrôle des naissances. Très certainement lorsque l’on maîtrisera l’ectogenèse (la gestation en dehors du corps de la femme), on fera tout pour la populariser, peut-être même des campagnes de stérilisation seront menées. Verra-t-on même une diminution drastique de la population mondiale, opérée en quelques générations par les pouvoirs publics et les organismes internationaux, pour rendre viable la politique du revenu universel aux yeux de ceux qui pourraient s’y opposer?

    Il me semble que toutes ces questions seront primordiales à l’horizon 2050 : des humanoïdes pourront réaliser presque toutes les tâches sauf certaines tâches d’ingénierie très poussées, la population mondiale atteindra son pic de 9 milliards d’habitants avant de connaître une lente mais certaine diminution, on maîtrisera l’ectogenèse.

    P.S : ça fait beaucoup de science-fiction tout cela…mais il me revient à l’esprit un livre sorti il y a une dizaine d’années qui affirmait que chaque décennie de ce siècle coïnciderait avec une avancée technologique marquante qui aboutira à la fin de ce siècle à une robotisation de l’homme même, c’est-à-dire à l’avènement de l’homme-cyborg. Les êtres humains qui n’auront pas su ou voulu s’adapter seront marginalisés.

    • « Les êtres humains qui n’auront pas su ou voulu s’adapter seront marginalisés. »

      C’est déjà réalisé. Plus de deux milliards d’humains n’ont pas accès à l’économie et leur nombre augmente vertigineusement. La France et l’Europe ne sont pas le monde.

  12. La robotique une sortie par l’absence ?

    François Leclerc souligne dans son billet la déconnection des prévisions du développement de la robotique avec ses conséquences sociales, la poursuite du modèle proposé nécessitant un pouvoir d’achat qui sera absent d’où l’apparition non pas de la robotique pour tous mais plutôt de la robotique pour quelques uns, ceux qui auront les moyens de la payer.

    Cette robotique verra t elle le jour ? On peut même en douter tant les prévisions technologiques fond fi à la fois du problème social déjà évoqué et de la crise énergétique à venir. Le pic pétrolier a été atteint en 2007, les spécialistes de la question pointe l’anomalie persistante d’une crise économique en cours avec une récession dans plusieurs pays et un prix du pétrole restant élevé (autour de 85 USD le baril), du jamais vu (cf « L’avenir du pétrole » d’Olivier Parks, édition Dangles). Comment en effet fabriquer des robots avec une énergie ultra-chère et au-delà de leur fabrication ? Comment financer l’énergie pour les faire fonctionner ? La question se pose aussi bien pour la robotique du monde réelle que celle du monde virtuel, le grand robot qu’est l’infrastructure du moteur de recherche Google dévore 260 MW en permanence (http://www.aubistrogeek.com/2011/09/la-consommation-electrique-de-google.html) avec une énergie toujours plus chère la question du financement se pose d’autant plus, et plus largement encore c’est l’existence même d’Internet gratuit qui peut être mise en question. Le paysage industriel même va se trouver bouleversé par cette crise de l’énergie, l’opposition de la Chine usine du monde contrebalancée par des usines robotisées en occident tout comme le concept de juste à temps reposent sur l’énergie à bon marché, c’est la logique même de la rentabilité du système qui est remise en cause par la crise de l’énergie.

    • Le développement d’unités de production de plus en plus robotisées est souvent présentée comme s’appuyant sur la production de gaz de schiste, elle même présentée comme ressource énergétique à bas prix et quasiment inépuisable. C’était exactement le discours vantant les mérites de l’électronucléaire, la pollution en moins ! La problématique d’une moindre consommation énergétique – et d’une manière en général de ressources – est à la base des réflexions sur « l’économie circulaire », qui fera l’objet de mon prochain débat…

      • Le probable et le possible.

        L’évaluation probabiliste des risques nucléaires

        « L’approche probabiliste de la sûreté nucléaire fut développée pour réduire les contraintes d’une conception strictement déterministe qui aurait exigé la prise en compte de tout événement physiquement possible pour le dimensionnement des installations. L’adoption d’une sûreté probabiliste permettait de réduire des exigences fort coûteuses, voire impossibles à satisfaire, tout en garantissant une protection suffisante. De toute façon certains événements particulièrement graves ne pouvaient être pris en compte, aucune parade n’existant pour les gérer correctement (ils sont dits « hors dimensionnement »). Leur probabilité d’occurrence fut calculée. Les accidents qui en résultaient étaient déclarés « très peu probables » et évacués des préoccupations des constructeurs. Le « peu probable » fut assez rapidement assimilé à « l’impossible » !
        La conception probabiliste fut étendue à un grand nombre d’accidents industriels et aux catastrophes naturelles. Dans l’échelle ainsi établie, l’énergie nucléaire apparaissait anodine et les frayeurs issues de l’irrationalité populaire injustifiées. De nombreuses critiques furent faites à la méthodologie de la sûreté probabiliste, mais les promoteurs nucléaires n’en tinrent pas compte et d’énormes moyens de propagande furent mis en œuvre pour vaincre la méfiance de la population. Le consensus n’a finalement été obtenu qu’au prix d’une importante campagne publicitaire à laquelle les institutions médicales ont apporte leur aide. »

        Ce texte est issu d’une brochure écrite en 1990 par le physicien Roger Belbéoch qui avait bien compris la nature de la société nucléaire, sa genèse et son développement exemplaire.

        Le texte entier est disponible sur Internet : http://infokiosques.net/lire.php?id_article=922

      • Interview hier dans Le Monde de Jacques Repussard, directeur général de l’INRS (Institut de protection et de sûreté radionucléaire) :

        « La leçon essentielle, c’est qu’en matière d’accident nucléaire grave la doctrine probabiliste qui a largement prévalu à la conception initiale des réacteurs n’est plus acceptable par la société, au regard de l’ampleur des conséquences pour les populations et les territoires. De facto, elle consistait à faire l’impasse sur des risques à très faible probabilité. Or, même très improbable, un accident grave est possible. Même si elle est plus chère, l’approche déterministe aujourd’hui dominante en Europe et en France doit prévaloir. »

        On attend les conséquences de cette nouvelle approche prometteuse !

      • à François Leclerc,

        « On attend les conséquences de cette nouvelle approche prometteuse ! »
        Un enragé (http://inventin.lautre.net/livres/Manifeste-des-Enrages.pdf) en déduirait que l’époque actuelle se décide de plus en plus à « cracher le morceau » et à dire la vérité, ou une part non négligeable de la vérité, maintenant qu’il n’est plus possible de revenir en arrière, ce qui est évident en ce qui concerne la nucléarisation du monde et probablement aussi toutes les autres catastrophes en cours et à venir.

      • EtEt si on commençait par fermer Fessenheim compte tenu des risques soulignés par un ex pro-nuc et aussi par respect envers nos voisins allemands et suisses compte tenu des vents dominants.

        http://www.lalsace.fr/actualite/2013/03/07/jean-louis-basdevant-pourquoi-il-faut-stopper-fessenheim
        Extrait
        « En étudiant la catastrophe de Fukushima en détail, je me suis aperçu que Fessenheim, comme beaucoup de centrales françaises, est dangereuse. J’ai accumulé les données, me suis renseigné dans la presse asiatique et anglo-saxonne. En France, on ne dit pas tout, loin de là. À ma grande stupéfaction, j’ai découvert que les ingénieurs du CEA (Commissariat à l’énergie atomique), d’Areva, de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sécurité nucléaire) considèrent qu’un accident grave est improbable en France.

        Et aussi, le même interviewé dans l’émission Terre à terre élargit son analyse et précise un peu plus les risques pour l’Alsace et ses voisins.

        http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-we-japon-fukushima-2013-03-09

        Avec : Jean-Louis Basdevant, ancien professeur à l’Ecole polytechnique, auteur de « Maîtriser le nucléaire : sortir du nucléaire après Fukushima » (Eyrolles, 2012) ; Michaël Ferrier, auteur de « Fukushima : récit d’un désastre » (Gallimard, 2012) et Christophe Elain, membre du collectif IndependentWHO (pour l’Indépendance de l’OMS)

  13. Bonjour,

    J’ai récemment discuté avec un professeur d’économie. Nous avons parlé de la disparition du travail due aux nouvelles technologies. Mais si nous étions d’accord pour parler de disparition du travail pour le secteur primaire et secondaire, il n’en était pas de même pour le tertiaire. Il m’a expliqué qu’il pouvait prouver qu’en cas de croissance, le secteur tertiaire était le seul qui pouvait être créateur d’emploi, en dépit des progrès techniques qui selon vous (et moi) font disparaître le travail. Je vous livre son raisonnement, il tient en quelques formules :
    Il part du principe où la productivité (P) se calcule à partir de la formule suivante :
    P=Q/L, c’est-à-dire Production/Quantité de travail (L).
    La production étant intimement liée à la demande, on peut réécrire la formule en ces termes :
    P=Demande/Quantité de L.
    Ce qui équivaut à : 1/Quantité de L=P/demande.
    En ce sens, Quantité de L=Demande/P.
    Par voie de conséquence, si la demande est supérieure à la productivité, la quantité de travail augmente automatiquement.
    (Cette formule étant uniquement valable pour le tertiaire, c’est-à-dire un secteur où il y aura toujours un nombre d’emplois incompressibles, que l’on ne pourra jamais supprimer : infirmières, bouchers, livreurs, médecins, taxis, enseignants, coiffeurs…)
    Les résultats de sa démonstration vont donc à l’encontre de certaines de vos positions. Je lui ai fait remarquer que sa formule me paraissait fausse dès le départ. Nous avons en effet P=Demande/Quantité de L ; or si le travail est effectué par une machine, tout le raisonnement s’écroule. Il m’a alors répondu qu’une machine entrait dans la catégorie K, c’est-à-dire le capital ; sa formule ne s’appliquant qu’au facteur humain. D’où sa volonté de spécifier qu’elle n’est valable que pour le tertiaire, secteur où les hommes n’ont pour l’instant pas été supplantés par les machines et où l’on aura toujours besoin des professions que j’ai énumérées dans la parenthèse. Que pensez-vous de ce raisonnement ?

    • Postuler que la demande équivaut à la production… en pleine crise de surproduction… Cet homme est bien économiste !

      • Bonjour,
        Je viens de lire dans un livre que j’ai cité plus haut (Solutions locales pour un désordre global) un petit texte de Jean-Claude Michéa qui mérite son pesant d’or :
        « [Comme disait George Bush] « la croissance n’est pas le problème, elle est la solution ». Il suffit dons de relancer la croissance et nous pourrons alors entrer dans le meilleur des mondes.
        Or la croissance est le problème !
        Quelque’un qui a fait un peu de philosophie aurait, en effet, envie de dire : la croissance de quoi ? Quelquefois, je m’amuse à poser à mes élèves la question : « Etes-vous pour l’augmentation ? » Et je laisse planer un silence. Au bout d’un moment, il y en a toujours un ou deux qui, timidement, demandent : « L’augmentation de quoi, monsieur ? » Je leur réponds : « Bonne question, dictée par le bon sens ! » L’augmentation ne peut pas, en effet, être un programme en soi ! »

    • A l’heure où les services à la collectivité (soins de santé, poste, enseignement, maisons de repos, transports en commun,…) sont privatisés ou en voie de l’être, les travailleurs ne doivent plus être remplacés par des machines; ils se déshumanisent et deviennent eux-mêmes ces machines. Quand il faut être rentable et productif, le facteur humain disparaît.

      • Il était un temps où les humains pensaient que l’Histoire c’est-à-dire leur histoire et celle du monde, était l’histoire de l’humanisation de la nature. En dehors de la prétention et de l’esprit colonialiste que cette attitude démontrait, il est tout à fait suprenant que la race humaine en vienne à devoir s’adapter au monde dément qu’elle a engendré.

    • J’ai effectué pas mal de recherches depuis cette conversation et j’ai trouvé pas mal d’exemples montrant que cette série d’équation se révélait inepte. Il y a en effet plus de 600000 secrétaires en France au début des années 1990. On passe ensuite à 521000 secrétaires en 2002-2003, puis 484000 en 2007-2009. On peut peut-être imputer cette diminution à la crise mais on peut également penser que l’amélioration de l’outil informatique a fait disparaître ces emplois. Autre exemple frappant : dans les agences bancaires, il n’y a désormais plus qu’une seule personne à l’accueil : la gestion des comptes se fait désormais par internet ou grâce aux distributeurs placés à l’intérieur des agences. Combien d’emplois ont-ils ainsi été supprimés ? Ce qui paraît invraisemblable, c’est que les partis de gauche ne s’emparent pas de cette question pour la mettre au centre du discours politique de façon à contrer les stupidités de la droite, le « travailler plus pour gagner plus » ou bien « le travail appelle le travail ».

      • « Ce qui paraît invraisemblable, c’est que les partis de gauche ne s’emparent pas de cette question pour la mettre au centre du discours politique (…) »

        à JT,

        Cela vous paraît invraisemblable parce que vous confondez la gauche (et l’extrême-gauche) avec le socialisme et le populisme tel que défini au XIXe siècle.
        Partout dans le monde, la gauche s’est rallié au libéralisme, en économie et en ce qui concerne les comportements individuels.

        A ce sujet, je vous conseille la lecture de Jean-Claude Michéa et par exemple de son ouvrage Impasse Adam Smith (Flammarion, collection Champs)

    • J’ai récemment lu un article dans libération montrant que le nombre de millionnaires a cru fortement au cours de ces derniers mois. Sachant que le travail disparait désormais à grande vitesse en raison des progrès techniques et de la crise, ne sommes-nous pas à la veille d’un nouveau krach dû à l’excès d’endettement des plus pauvres ?

  14. Bonjour François !

    Il me semble qu’il faudrait préciser le cadre du débat.

    Les commentaires ici déposés parlent du monde tel qu’il est et tel qu’il pourrait devenir, s’il perdure. C’est la perspective des labos industriels qui nous dessinent un avenir par extrapolation pour mille ans de leurs dernières semaines, peuplés de cols blancs le nez sur leurs écran de conception assistée par ordinateur. C’est Paris-Match des années soixante qui annonçait pour l’an 2000 que chaque famille aurait son hélicoptère. Sur le blog d’un auteur qui annonce l’agonie du capitalisme, la discussion me semble un peu surréaliste.

    L’autre perspective, c’est que le monde dans lequel nous vivons ne va pas se survivre à lui-même ou qu’il va à tout le moins devoir se modifier profondément pour répondre aux crises des ressources et du climat qui sont écrites dans le réel le plus physique, ainsi qu’à de probables crises de santé publique inédites, un effondrement financier mondial, un grippage économique majeur, et des convulsions sociales et politiques sans précédent.
    Quelle place restera-t-il pour les rêves bornés de nos concepteurs de machines « intelligentes » ?

    • Bonjour !

      Les discours sont toujours révélateurs et méritent à ce titre d’être connus et analysés ! Il n’en reste pas moins que les progrès scientifiques et technologiques existent et que l’évaluation de leur potentiel est intéressant : que pouvons-nous en tirer dans la perspective d’une « sortie du cadre » ?

  15. En lisant les nouvelles ce matin j’apprends qu’une nouvelle hypothèse se fait jour concernant la disparition de homme de Néanderthal. A cerveau égal, à la différence de l’homo Sapiens qui a su développer le lien social et donc des zones du cerveau dévolues à cette « fonction », le cerveau de Néanderthal aurait accaparé des zones du cerveau pour la vision et la mobilité, en attestent des orbites plus grandes dans le cas de ce dernier. En somme une trop grande spécialisation aurait réduit ses chances de survie. Le « génie » de l’Homo Sapiens c’est de compenser ses faiblesses physiques par l’intelligence collective.
    Aujourd’hui les robots et automates en tous genres démultiplient nos capacités productives, prolongent nos sens jusqu’au point que nous pouvons désormais agir à distance de façon instantanée, cela permettant de coordonner de façon très efficace nos actions.
    C’est le versant homo faber de l’intelligence collective, qui ne cesse de se développer. Mais alors au détriment du versant coopératif, et j’ajouterais, convivial, au sens où ce sont des gens qui partagent des moments de vie ensemble et s’en réjouissent, le convivial attestant alors d’un mode humanisé de coopération. Les capacités des individus d’une société peuvent interagir via des artéfacts de plus en plus nombreux et de plus en plus sophistiqués, mais cela n’implique pas nécessairement que ces interactions aillent réellement dans le sens de l’émancipation individuelle et collective. Les dites interactions ne sont le plus souvent que de l’ordre de l’action-réaction dans le cadre étriqué et contraint par les impératifs financiers propres au capitalisme.

    Bref, le danger c’est de croire qu’une société plus humaine est à portée de main pourvu que nous concevions les machines, les automatismes ad hoc, il y a toujours ce rêve chez certains de produire du bonheur comme un objet via des objets du monde, alors que nos vies vivantes d’abord essentiellement de notre capacité à nous interroger sur la nature des liens qui nous lient à nos semblables d’un point de vue philosophique bien entendu, de notre vision du monde, mais aussi, et c’est lié, d’un point de vue social, en tant que nous sommes impliqués dans des structures sociales qu’il nous est loisible de critiquer, en tant que nous sommes « voués » à humaniser la nature qui nous a été donnée à la naissance.

    • rectification dans le dernier paragraphe :
      « … alors que nos vies vivantes dépendent d’abord essentiellement… »

    • « …il y a toujours ce rêve chez certains de produire du bonheur comme un objet via des objets du monde… »

      Produire du bonheur est un rêve pour des ahuris mais est affirmé haut et fort par les industriels, les marchands et leurs publicitaires alors que la principale production de la marchandise est l’insatisfaction qui est elle-même productrice de nouvelles marchandises.

  16. Bonjour,

    Dans la mesure où la robotisation semble un phénomène historique très puissant, sans doute davantage que la « mondialisation », existe-t-il des travaux concernant la robotisation pour l’amélioration/réparation de notre environnement ?

    Je m’explique : si on part du postulat que la robotisation augmente la productivité, il est donc concevable d’augmenter la productivité de régénération / réparation des dommages causés à notre environnement. Dans ce cas, une véritable course à l’aubaine écologique pourrait être engagée.

    En clair, on robotise mais à des fins mortifèress. Pourquoi ne pas robotiser à des fins écologiques ?

    • Voir le succes des robots à FUKUSHIMA en se rappelant que le Japon est le leader incontesté de la robotique.
      Non, malgré toutes les imperfections de l’homme et le risques d’echec evident il vaut mieux compter sur la sagesse humaine que sur les robots pour réparer nos conneries et surtout ne pas les continuer (je suis bien d’accord , c’est pas gagné)

    • Un article du Financial Times rapportait ces jours derniers que le FBI était venu en renfort de la SEC afin de trouver la preuve d’une intervention humaine à l’origine d’un très grand nombre de transaction ayant des intentions frauduleuses, condition pour que des poursuites puissent être engagées : on ne traduit pas un algorithme devant les tribunaux !

  17. Pour compléter ma mention (plus haut, à 12h25) de Mauss et Castoriadis comme penseurs centraux pour penser le « fait » technique (et le fait « scientifique ») j’ai coutume de présenter les dispositifs techniques comme compréhensibles à partir d’une triple cristallisation : d’un « geste efficace », en rapport avec le « travailler » ou « l’agir » ; d’un rapport de force / rapport social ; de significations imaginaires (ou pour aller trop vite : des représentations). Les 3 domaines se croisant sur de nombreux points.

    Pour se réapproprier politiquement les questions des trajectoires techno-scientifique de nos sociétés, on pourrait tenter un inventaire critique des techniques / organisations actuelles à ces cribles :
    – quelle prise sur le monde permettent-ils ? mais aussi quels impacts matériels leur conception / production / utilisation / élimination entrainent-elles ?
    – quels mondes/classes/forces sociales servent-ils ? quel pouvoir de qui sur qui entraînent-ils ?
    – de quelles valeurs sont-ils in fine porteurs/actualisateurs ?

    Si on l’articule au domaine du travail, et aux concepts de la sociologie et psychopathologie du travail, ces questions peuvent se décliner « concrètement » ainsi :
    – quel « pouvoir d’agir » (Y. Clot, Ph. Davezies) permet ou entrave tel ou tel dispositif ?
    – de quelles augmentation de la « prescription » ou du contrôle de la hiérarchie se font-ils vecteurs ?

    (les postulats avec lesquels s’articule une telle démarche étant bien sûr la limitation drastique du temps de travail afin de permettre à tous de contribuer ; ainsi que la fin des différences de salaires (1 h de W = 1 h de W), pour la plupart sans justifications politiquement économiques ou philosophiques… autres que le maintien de l’ordre social actuel)

    Qu’en pensez-vous ?

    • Une analyse critique et comparative des potentiels négatifs et positifs des nouvelles technologie est effectivement très instructive. Quand à la méthodologie, je propose en premier lieu, afin de dégrossir, de faire de bêtes tableaux…

    • Pour aider à une sortie par le haut, Jacques Testard (scientifique de renon) se bat depuis des années au sein d’une association http://sciencescitoyennes.org/ qui a pour but de faire participer le maximum de citoyens aux choix scientifiques, si une action concrète sortait de l’initiative de François, une rencontre avec cette association serait probablement utile.

  18. Il me semble qu’il est possible d’analyser certains mécanismes en ayant recours à la notion de plaisir ou d’instinct : l’accumulation du capital n’a de sens qu’à partir du moment où elle provoque une sensation de vertige (qui correspond à l’un des instincts primaires selon Roger Caillois). Le plaisir éprouvé par le capitaliste découle alors de cette sensation de vertige (qui est intimement liée au jeu, notamment boursier). Il est alors intéressant de considérer le rapport aux nouvelles technologies sous cet angle : leur utilisation permet d’accroitre dans des proportions importantes le capital et par voie de conséquence le sentiment de vertige éprouvé par le capitaliste. Il appartient alors à ceux qui ne sont pas guidés par cet instinct de lutter contre les nouvelles technologies. Car c’est meilleur moyen de lutter contre les forces de l’argent.

  19. Je suis un peu à côté du sujet,
    mais je me demande si dans ce monde qui nous pousse à la robotisation, le travail ne pourrait pas devenir à terme, un loisir et le loisir, un travail. Les rapports travail / loisir seraient comme inversés. En disant cela, me vient en images le film de J. Boorman, « ZARDOZ ».
    Voyons-nous dans le travail une réponse à une angoisse existentielle, en voulant qu’il contribue à tout prix à une marche vers « Le progrès » ?
    Où dans cette civilisation des loisirs qui ne cesse de se développer et à laquelle nous aspirons tous (?) … peut-être, trouverions-nous normal un jour de …
    PAYER POUR TRAVAILLER !
    Or, le loisir a t-il un sens si le travail n’existe plus, dans une société qui tend à bannir l’image du travail comme celle de la mort, pour jouir plus de loisirs et de privilèges en tirant ses ressources de populations tenues dans la misère, ou d’ensembles mécanisés et robotisés, tous maintenus dans un état de grande dépendance et d’exploitation… en attendant demain, une prochaine révolution…
    Rêvons-nous donc que la vie « travaille » et que la mort nous amuse, encore ?
    Je croyais que c’était le contraire : que la vie s’amuse… pendant que la mort nous travaille, chaque jour un peu plus. De la vie ou de la mort, qui ne dormira jamais ?

  20. Bonjour mr Leclerc, bonjour à toutes et à tous,
    À la lecture de votre billet et de certains commentaires ci-dessus, me viennent quelques remarques :
    . Si ceux qui détiennent le capital, et sont donc susceptibles d’investir pour créer cet avenir robotique (s’exonérant ainsi des contraintes d’une rémunération du travail et par la même d’une gestion salariale complexe), s’imaginent qu’il ne seront pas, un jour, à leur tour, « retirés du jeu », alors ils se bercent d’illusions,
    . Si certains croient que le secteur tertiaire sera épargné par les mefaits de la robotique sur l’emploi, qu’ils observent les évolutions des metiers du trading, des centres d’appels téléphoniques et de la surveillance (d’ailleurs vite devenue télé-surveillance) pour stopper leurs illusions,
    . Si, fort d’une conclusion qui nous porte à constater que nul ne sera épargné et que l’être humain pourrait être broyé économiquement, socialement et humainement par ces évolutions, quel avenir souhaiter àcette race humaine qui forge si énergiquement les outils de sa propre perte ?
    . Je veux croire qu’une autre voie est possible et que libérant l’homme de sa condition actuelle « d’esclave moderne », elle ouvre la porte à une distribution plus juste de la valeur ajoutée entre capital et travail, permettant d’apprehender differement le travail et la vie, permettant a chacun de s’ouvrir sur les autres, à la notion de bien commun de se développer et à une responsabilité collective viv à vis du monde qui nous entoure, de naître …. On peut rêver non ?

  21. Bonjour à toutes et à tous. Avant de s’enthousiasmer pour les derniers gadgets à la mode qui nous détournent de penser l’humain, qui s’objective de plus en plus, quand les robots s’humanisent de plus en plus, par un transfert de substance significatif, on pourrait se demander si certains gestes répétitifs choisis n’ont pas une vertu socialisante et apaisante. Ces gestes-là sont, par exemple, ceux du ménage, de l’entretien commun d’un espace de vie. Il se trouvera bien peu de gens pour s’exalter à l’idée de faire la vaisselle ou de nettoyer un hall ou de laver un trottoir, mais l’aspect répétitif de ces tâches en atténue la pénibilité, à l’usage, et permet à l’esprit de celui qui les accomplit de muser ; leur partage, en outre, est une école de l’entraide qui enseigne aux plus jeunes et rappelle aux plus vieux que l’homme est un animal social. Laisser le soin à des robots de s’occuper des personnes frappées d’incapacités diverses est, selon moi, un énième cache-sexe du darwinisme social.

  22. Un dernier point que je souhaite évoquer avant que le débat ne s’achève : les nouvelles technologies ont parfois pour effet d’accroitre la charge de travail pour les emplois qui n’ont pas été détruits. Je suis enseignant et ma charge de travail a beaucoup augmenté depuis que l’informatique a fait son apparition dans les établissements : nous devons en effet valider chaque année des milliers d’items du socle commun de compétences et des évaluations académiques communes, nous devons faire vivre les sites des établissement, répondre à des enquêtes (notamment sur l’utilisation des nouvelles technologies). Je pense justement que la profession est malade de l’apparition ce nouveau mode de travail.

  23. Merci à toutes et à tous pour vos interventions. Le débat est terminé. Le prochain à propos de l’un de mes billets devrait être ouvert mercredi prochain et sera annoncé la veille. J’ai enregistré au cours de ce débat un intérêt plus particulier pour les applications du « Big data » dans le domaine de la santé.

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