Billet invité.
La voie est désormais toute tracée vers une suspension de l’autonomie catalane. Après s’être concerté hier avec le PSOE et Ciudadanos, Mariano Rajoy en propose aujourd’hui les modalités pratiques à un conseil des ministres extraordinaire. Le Sénat aura ensuite dix jours pour donner le feu vert. Un nouveau compte à rebours est lancé.
Mettant à profit cet ultime délai, reste-t-il quelque chose à négocier ? Une « marge » existe-t-elle pour trouver un compromis, comme un dirigeant du Parti populaire, Fernando Martinez-Maillo, l’a lancé ? En prenant l’engagement d’organiser des élections, Carles Puigdemont pourrait enrayer le processus, mais il s’y est jusqu’à maintenant opposé. Il ne lui reste plus grand chose d’autre à espérer.
Ses appels à un arbitrage ont résonné dans le vide, les autorités européennes réticentes à se désolidariser de l’un de leurs pairs et résolues à ne pas se salir les mains dans le cambouis, au risque de réveiller d’autres vocations, notamment en Italie. Le président du parlement européen a claqué la porte en prononçant un réquisitoire contre ceux qui « sèment la discorde et ignorent volontairement les lois ».
L’Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium Cultural, les deux associations indépendantistes, ont appelé à des « actions directes pacifiques » qui se sont traduites hier et aujourd’hui par un mouvement symbolique de retraits d’argent des distributeurs bancaires. Une manifestation est convoquée cet après-midi pour réclamer la libération des deux leaders indépendantistes inculpés de sédition et incarcérés. Mais comment pourrait-elle conduire les autorités de Madrid à remettre en question leur plan ?
Celui-ci se déroule en deux temps, la prise en main d’un certain nombre de leviers essentiels du pouvoir, présentée comme limitée et temporaire, puis la convocation d’élections catalanes dans de brefs délais – le PSOE parle de janvier prochain – afin que la suspension de l’autonomie soit la plus brève possible.
À Madrid ou à Bruxelles, c’est au nom d’un ordre constitutionnel intangible que les indépendantistes sont rejetés, sans se préoccuper que, comme les Écossais, les indépendantistes catalans s’inscrivent résolument dans une perspective européenne. Mais celle-ci repose sur une reconfiguration de l’Europe qu’ils n’ont pas appréhendée, dont les contours restent à inventer.
Une véritable Europe des régions gérées démocratiquement devrait reposer sur le droit d’autodétermination de leur statut, y compris celui de proclamer leur indépendance. Et de prévoir un cadre européen de fonctionnement à trois niveaux – régions, états, instances européennes – qui inclurait notamment le respect de normes sociales et fiscales, là où l’Union européenne s’est arrêtée, et adopterait un nouvel euro fonctionnant sur le mode du Bancor de Keynes afin de contribuer à résorber les déséquilibres.
J’ai lu que son job sera de fermer le ministère de l’éducation ; et de renvoyer ces compétences aux niveaux…