LE TEMPS QU’IL FAIT LE 1er SEPTEMBRE 2017 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 1er septembre 2017. Merci à Marianne Oppitz !

Bonjour, nous sommes le vendredi 1er septembre 2017 et aujourd’hui, je ferai un petit tour de l’actualité : France, États-Unis, Belgique. Et puis, un peu de mon actualité personnelle, en particulier là où je vais me rendre bientôt.

On commence par la France où, vous l’avez vu, il y a des choses qui se dessinent quant à la loi travail. Tout ce qui est dit là, tout ce qui se fait là, est malencontreux. Malencontreux, parce que ça montre une incompétence crasse. Ça montre une incompétence totale dans le domaine du travail. Et, pas seulement du côté du gouvernement. La méconnaissance, l’absence de compréhension de ce qui est en train de se passer sur le marché du travail, est aussi grande, me semble-t-il, du côté des syndicats que du gouvernement. Il n’y a personne, il n’y a personne qui sait de quoi il s’agit. Malgré le fait que beaucoup de ces gens ont passé du temps à réfléchir sur la question, personne ne se rend compte de ce qui est en train de se passer. Et pourtant, si tous ces gens lisaient les journaux, on en parle suffisamment de ces rapports qui sont bien faits. Il y en a qui sont faits à l’université d’Oxford, c’est pas si mal que ça. Il y en a qui sont faits au M I T (Massachusetts Institute of Technology) à Boston, ce n’est pas si mal fait que ça. Tout ça, c’est en fait sérieux, c’est fait aussi par des firmes, bon pas des firmes qu’on aime particulièrement comme la firme McKinsey, mais on dira ce qu’on voudra sur les inventeurs des stock options et de la lean corporation qui sont les grands malheurs de notre économie, mais ce cabinet, ce sont des gens très sérieux qui font leur travail correctement. Et quand tous ces gens là vous disent que certainement, à l’échéance de 100 ans, il n’y aura plus le moindre travail qui devra être fait par des êtres humains, et que la question de savoir si en 2050, c’est 30 % de telle activité ou 50 % de telle autre, etc., finalement c’est du détail puisque tout ça montre une disparition massive du travail.

Or, qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est ce qu’on fait quand on fait de nouvelles lois – que ce soit par ordonnance ou autrement – on ignore entièrement cela. On ne remet absolument pas à plat cette question du travail et de son évolution. Et quand je dis que c’est de l’incompétence ou de la méconnaissance, il doit y avoir, quand même aussi une dose de mauvaise foi. Parce que si on laisse entre parenthèses le fait que… si l’on ne parle pas du fait que cette évolution, eh bien ce qu’on va voir, bien entendu, c’est que la concurrence entre les salariés éventuels, entre les gens qui essayeront encore de gagner leur vie, cette concurrence ne va pas baisser, au contraire, elle va augmenter, bien entendu, puisqu’il y aura de moins en moins de postes et de plus en plus de gens – en nombre absolu parce qu’il y a de plus en plus de gens sur la planète, mais aussi en nombre relatif – il y aura de plus en plus de gens à se présenter pour un seul poste et du coup le rapport de force [leur sera de plus en plus défavorable] et ils devront se contenter de moins en moins d’argent.

Une petite incise : je lisais les toutes premières réflexions, les toutes premières réflexions sur le revenu universel de base dans les années 1980 et, euh… la faiblesse de ces études à ce moment là – et c’est la raison pour laquelle moi essentiellement je considère qu’il ne faut pas le faire, étant donné la prédation du monde commercial autour et de la finance en particulier : que tout ça serait absorbé par des gens qui ont déjà beaucoup d’argent et qui trouveraient là, un moyen d’en faire encore un peu plus. Ce qui est intéressant, voilà : il y a une espèce de naïveté dans ces études, ces réflexions qui ont eu lieu au départ sur le revenu universel de base, c’est qu’on est dans un monde où il n’y a pas de finance, où le secteur financier n’existe pas. Et ce n’est pas une tare propre à ces études là, c’est propre aux études économiques. Les études économiques et ça, je ne suis pas le premier à le faire remarquer, vous parlent d’un monde où il n’y a pas de financiers, dans lequel il n’y a pas de secteur bancaire, dans lequel il n’y a pas de banque centrale. Pourquoi ? C’est une vieille habitude chez les économistes. On fait comme si ça n’existait pas et bien entendu c’est une manière comme une autre de mettre les rapports de force entre parenthèses, parce que, vous le savez, les plus grandes entreprises au monde, en ce moment, dans les 50 premières – je crois qu’il y a 48 banques – parler d’économie sans parler des 48 grosses banques qui possèdent le monde, c’est quand même un petit peu léger ! M’enfin bon ! Une certaine naïveté qui fait qu’on vous dit au contraire, qu’avec un revenu universel de base, eh bien il faudra que les employeurs payent plus pour avoir plus d’ouvriers. Alors que moi je vous dis : non, dans un monde de la finance, pour avoir le plaisir de dire « moi, je suis un employé », on vous payera 1€ mensuel de plus que le revenu universel. Vous serez à 750 avec le revenu universel, ça vous fait une belle jambe ! Ou, allez on va dire 1,200, ça ne fait pas une très grande différence : la différence sera absorbée par des loyers en hausse ou par des prêts, des prêts bancaires ou autres. Non ! Non, moi j’ai vu ça dans la vraie économie, pas celle des livres d’économistes, on vous paiera 1€ en plus : votre salaire total… vos revenus totaux, vos rentrées totales seront de 751€ : 750 pour votre revenu universel et 1€ qu’on vous donnera pour avoir la gloire de dire : « Mais moi, Monsieur, je travaille ! » Voilà ! Et cela leur coûtera 1€. Regardez, c’est déjà là, dans le Turc mécanique de Amazon, dans l’ubérisation et ainsi de suite. Très, très grande naïveté dans ces réflexions sur le revenu universel de base.

Alors, voilà ! Il faut mettre la question du travail à plat. Si on ne le fait pas, c’est soit de la stupidité, soit de la mauvaise foi en sachant que si on ne fait rien, ou si on fait comme maintenant, c’est-à-dire comme si on ne faisait rien, ou pire, en aggravant délibérément encore les choses, le rapport de force entre les salariés et le monde des employeurs ne va pas cesser de se dégrader et ça les arrange bien, du coup, qu’on ne mette pas la situation à plat, qu’on ne mette pas toute cette question du travail et de l’emploi à plat pour en discuter véritablement. Messieurs des syndicats, Mesdames des syndicats, Messieurs, Mesdames dans les gouvernements qui avez eu une certaine éducation, qui êtes passés par l’ENA ou des machins comme ça ou par de grandes écoles, s’il vous plaît, ne faites pas les imbéciles, vous savez bien où on va. Il faut maintenant en parler, il faut en parler rapidement, sinon on va – et là, je cite Monsieur Peter Frase et il a raison, on va vers l’exterminisme, on va vers un monde où, un jour, les salariés qui n’ont plus rien à faire et qui ne seront pas contents de ça, on trouvera que ce sont des gêneurs et on demandera à des robocobs de se débarrasser des gêneurs. En dehors des caméras, en dehors des petits smartphones qui prennent des photos, etc. Discrètement, on se débarrassera de ceux dont on n’a plus besoin. Éventuellement, même, en masse, on ne saura même pas où est le cadavre parce qu’il y aura une machine qui vous descendra dans une ruelle et une autre machine qui vous ramassera. Faites attention à ce que je dis, j’ai déjà fait, personnellement, des prévisions qui se sont réalisées. J’en ai une qui est en train de courir, c’est celle sur le Brexit quand je dis que ça n’aura pas lieu (rires). Mais celle-là, je peux la faire aussi à la suite de Monsieur Peter Frase. Lisez son petit livre : « Four futures : Life after capitalism », voilà, c’est très intéressant.

Ça, c’est sur la situation en France. Et Messieurs des syndicats, allez au moins manifester ensemble, s’il vous plaît ! Ne faites pas l’andouille, en plus.

Aux États-Unis, Houston, c’est une ville où j’ai travaillé, pas très, très longtemps. C’était quoi ? J’y allais de temps en temps parce que je travaillais pour ce qu’on appelle aujourd’hui un « hedge fund », un fond spéculatif. La dénomination officielle de la firme Frontier, c’était CTA « Commodity Trading Advisor », conseiller pour le trading, euh… comment appelle-t-on ça ? les « opérations », les « transactions » sur les matières premières. Et j’ai eu de bonnes nouvelles de cela, puisque mon patron de l’époque est devenu un super-milliardaire avec ses îles dans le Pacifique, je l’ai déjà mentionné. Est-ce que c’est grâce à la méthode que j’avais mise au point ? La possibilité existe ! Qu’est-ce que j’avais fait ? Eh bien, j’avais mis au point une méthode où j’utilisais un modèle biologique pour faire des prévisions sur l’évolution des prix. C’était le modèle de Messieurs Lotka et Volterra, modèle plus connu sous le nom de « proies-prédateurs ».

Qu’est-ce que j’avais fait ? Eh bien je considérais que les acheteurs et les vendeurs, sur un marché boursier, étaient comme les proies et les prédateurs. Les deux populations dépendent l’une de l’autre mais où les interactions font qu’il y a des fluctuations : quand il y a beaucoup de poules, il y aura beaucoup de renards, mais quand les renards auront mangé toutes les poules, eh bien, il y aura beaucoup moins de renards, ce qui permettra aux poules de revenir en grand nombre, ce qui permettra aux renards de revenir en grand nombre. Des délais, des relations avec des délais, bien entendu, puisqu’il y a des adaptations, ce qui fait que les évolutions ne sont pas toujours très, très visibles au moment même, mais qui permettent de modéliser ça. Et c’est un modèle qui marchait très bien puisque, moi, j’ai eu l’occasion de le réutiliser, par ailleurs, pour une petite firme qui a malheureusement, comment dire ? n’a pas su gérer ça, n’a pas su gérer la réussite, le succès. Et, un jour, on m’a dit : « Ah Paul, ton modèle est bien meilleur que tu ne croyais ! On a doublé les positions ! » Alors, voilà, on a doublé les positions la nuit, ce qui voulait dire que toute perte serait double des gains qui venaient d’être faits. Et évidemment, ce n’est pas ça qu’il faut faire quand on monte en puissance dans des trucs comme ça. Voilà, si vous êtes dans le métier : il faut monter en puissance très, très lentement pour que les pertes éventuelles qui vont venir, ne soient pas démesurées par rapport aux gains que vous avez déjà faits. Cela paraît élémentaire quand on le dit mais dans le monde de la finance, je crois encore aujourd’hui, c’est une chose qu’on n’a pas comprise.

Alors, Houston ! Houston, bon, moi je n’irais pas vivre là-bas : j’ai vécu 12 ans en Californie, je ne serais pas aller vivre à Houston ! Très, très pollué, on travaille déjà à l’extraction du pétrole depuis très, très longtemps là-dedans [P.J. : 1901], ça s’est épuisé mais il y a toujours une… des raffineries en très grande quantité. Il y a une culture autour du pétrole, ce n’est pas Dallas, mais c’est Houston, c’est encore pire ! (rires) et c’est une immense ville, c’est la 4ème ville des États-Unis. Les pauvres gens de la Nouvelle Orléans, vous avez vu le désastre qu’était Katrina, mais là, on parle d’une autre échelle. On est dans une ville où il y a des millions d’habitants. Je crois que c’est 6 millions Houston, dans mon souvenir [P.J. : 6 millions pour l’agglomération, 2 millions pour le centre]. C’est une immense ville et elle est toute plate. Et il y a la plage devant, Galveston. Galveston, c’est un très grand désastre, déjà, autrefois. Galveston, dans les années 1900, si j’ai bon souvenir, que cette petite ville a été entièrement couverte d’eau [P.J. : en 1900 exactement] et je crois qu’il y a eu 8.000 morts [P.J. : correct].

On dit : « Catastrophe terrible au Texas », on dit : « la pire catastrophe du Texas », je ne crois pas, Galveston c’était difficile à égaler, heureusement. Mais alors, voilà, une ville de 6 millions d’habitants, couverte d’eau et vous l’avez vu, ce n’était pas 50 cm. Vous avez vu les photos avec l’eau au ras des panonceaux qui se trouvent au-dessus des autoroutes. Vous le savez, ça c’est quoi ? c’est à 4 m de haut, peut-être 5m de haut ? Ce n’est pas tout près, ce n’est pas au ras du sol, vous avez dû voir ça. Et maintenant que l’eau reflue très rapidement, tant mieux, mais ça montre toutes les saloperies qui se déversent quand tout est inondé. Il y a eu des explosions, vous l’avez vu, de produits chimiques. Vous avez… on parle maintenant de toutes les saloperies qui sont en train de se répandre dans l’eau, parce qu’on en stocke pas mal des saloperies, nous tous d’une manière ou d’une autre… les petites entreprises… Bon, je ne les vise pas en particulier mais il y a des tas de choses dans les coulisses qui sont toxiques et qui se répandent dans l’environnement. Ça va être une très grande catastrophe naturelle. Non seulement l’eau, mais après, tout ce qui se sera répandu en terme de pollution chimique et autres et comme je vous le dis, au départ, Houston c’est déjà pas non pollué parce que du fait de la présence de l’extraction de l’« oil » j’allais dire, du « pétrole », depuis des années et des années. Ça date du début du 20ème siècle, si j’ai bon souvenir, peut-être de la fin du 19ème [P.J. : 1901].

Dernière actualité, la Belgique. Et là, vous l’avez vu, j’ai eu la chance de me trouver dans un débat, à Namur, avec Madame Mahy qui représente les organisations de défense contre la pauvreté, un représentant de Osons causer et Monsieur Paul Magnette, ancien président de la région wallonne, la personne qui, si vous vous en souvenez, avait fait ce discours qui avait bloqué le CETA, le traité commercial avec le Canada. Et si vous avez écouté ce discours, vous avez été nombreux à me dire : « Ah, si on avait des politiciens quand même, qui parlent comme ça, plus nombreux, ce serait quand même pas mal ». Effectivement, effectivement ! Et comme c’est mon pays, je réfléchis de plus en plus, j’ai déjà fait pas mal de choses dans ma vie, mais là, je pourrais encore, peut-être, mettre un peu la main à la pâte, de ce côté là, pour voir ce que ça donne, hein. Moi, j’ai toujours été dans l’essai et erreur, de voir ce qu’on pouvait faire et ce qu’on ne pouvait pas faire. Est-ce qu’on pouvait avoir une influence dans le fonctionnement d’une banque ? Oui. Est-ce qu’on peut avoir une influence dans le fonctionnement d’un Comité pour l’avenir du secteur financier en Belgique ? À l’expérience, oui. Alors, pourquoi pas, c’est peut-être une manière de s’y prendre.

Mon actualité dans les jours qui viennent. Donc, j’étais à Namur, c’était dimanche. J’ai été à Waterloo dans une librairie, euh… On a refusé du monde ce qui est toujours une bonne chose. Waterloo, du point de vue résidentiel, pour vous donner une idée, les gens à qui le mot « Neuilly » dirait davantage que Waterloo, ce n’est pas un public dont je dirais qu’il m’est acquis d’avance, mais voilà ! Et ça c’est la bonne nouvelle que je rencontre systématiquement, c’est que les gens m’écoutent et ils m’écoutent avec intérêt, même à des endroits où on pourrait dire que leur intérêt immédiat ce serait de dire que je me trompe et que je dis des bêtises. Eh bien non ! on m’écoute avec beaucoup d’intérêt, on me pose des questions très intéressantes. Il y a, et ça, ça m’a frappé, cette librairie, ce n’est pas une salle de conférence, mais dans cette librairie, il y avait 85 sièges, il y avait au moins une quinzaine de personnes qui étaient assises sur des escaliers, sur des boîtes autour (rires). Et là, ça, ça fait très, très plaisir, personne, personne n’est sorti avant la fin. Parce que, voilà ! vous le savez bien : il y a des baby-sitters, des machins comme ça, il y a des gens qui ont autre chose à faire. Eh bien, voilà, il y avait une centaine de personne dans une librairie et personne ne s’est levé pour aller faire autre chose. Je n’ai pas vu de personnes bavarder entre elles, non plus. C’est encourageant.

Alors, dans les jours qui viennent, le 12, ce sont des écologistes qui m’invitent à Montpellier. Alors, si vous êtes à Montpellier, vous verrez l’annonce que j’ai déjà faite sur le blog mais je vais la remettre en tête de gondole. Le 13 au matin, alors là, vous pouvez venir mais je ne crois pas que vous le ferez (rires), c’est à la foire au dessins animés, on va essayer de vendre « La survie de l’espèce » en dessins animés. Pourquoi vous ne viendriez pas ? Parce que, bien que ce soit libre d’accès, le droit d’entrée est fixé à 900 € et je ne crois pas que ce soit le type de… le genre d’argent que vous soyez prêt à mettre pour aller m’entendre parler de dessins animés et vous avez bien raison (rires). Moi, non plus, je ne les aurais pas pour aller faire ça ! Mais voilà, on essaye de … Pourquoi ? Mais parce qu’il y a des producteurs du monde entier qui viennent et on va essayer de leur vendre notre produit, notre produit, le dessin animé de, plutôt le film d’animation en « stop motion ». Ce n’est ni de la 3D, ni de la 2D ni de la 2D ½, c’est de la stop motion. Et voilà, on va essayer de vendre ça. Il y a une équipe, il y a de très bons animateurs. Il y a Grégory Maklès que vous connaissez déjà comme scénariste du livre et surtout les dessins, il fait les deux. Moi je ne fais pas les dessins du tout, vous le savez, et je fais une partie du scénario. Je parlais des métiers que j’ai faits et, en voilà un nouveau. Et le soir même, le soir du 13, là vous pourrez – ce ne sont pas les écolos qui m’invitent comme à Montpellier, c’est à Auch, et là, ce sont les anars ! Voilà ! Ça me fait plaisir de parler aux anars ! C’est le cercle Louise Michel qui m’invite à parler du petit livre « Vers un nouveau monde » et de la question du travail, en particulier : salariat, travail, etc. etc. etc. de choses qui, vous l’avez compris, me semblent essentielles et il faut surtout les mettre sur le tapis et en parler sérieusement et pas de manière fantaisiste comme on le fait en ce moment en France au niveau du gouvernement et au niveau, malheureusement aussi, des syndicats. Voilà !

Allez, à bientôt

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