Retranscription de Le temps qu’il fait le 2 juin 2017. Merci à Pascale Duclaud !
Bonjour, nous sommes le vendredi 2 juin 2017 et je ne vais pas faire très long parce que je rentre de voyage. Ce matin j’étais à Lille et ce soir je vous parle de Vannes où j’habite. C’était un voyage assez long parce qu’il y avait deux correspondances. Mais bon, dans le train, eh bien, j’écris !
Et en particulier, ce que j’écris aujourd’hui sur le trajet du retour, c’est une préface pour une nouvelle édition de ce livre qui s’appelle L’argent, mode d’emploi et qui va sortir en livre de poche. Alors, c’est intéressant d’écrire une préface pour ce livre parce que je peux récapituler en quelques mots l’histoire de ce bouquin. Et si vous étiez sur le blog déjà à l’époque, vous vous en souvenez : ça se passait au tout début de l’année 2008, et – comme s’il n’y avait pas encore assez de choses qui se passaient dans l’actualité ! – il y a eu un grand débat sur cette histoire de création monétaire ex nihilo par les banques commerciales. Une affaire qui n’est pas terminée.
On a fini – entre ceux qui discutaient de ça sur le blog – on a fini par en faire un livre et ce livre va pouvoir paraître maintenant en livre de poche. Alors j’en fais un petit peu l’historique : l’historique de cette affaire dont on parle toujours. Vous avez pu voir dans le film « Demain » qui est un film relativement récent, il y a toujours encore quelqu’un qui dit d’un air très mystérieux qu’on va révéler le mystère des banques commerciales qui est qu’elles peuvent créer de l’argent comme elles le veulent : à la demande !
Ça fait un peu rire, bien entendu ! Tous les gens qui travaillent dans des banques commerciales (rires) et qui savent que si c’était comme ça, on aurait la belle vie ! Non, c’est plus compliqué !
C’est plus compliqué ! Et comme je le disais à l’époque, et comme je le répète encore, il y a assez de scandales dans la finance pour qu’on n’en invente pas de toutes pièces !
Cette histoire-là est intéressante parce que ce sont finalement des banquiers eux-mêmes qui l’ont inventée ! Et on en fait l’historique dans ce livre qui s’appelle L’argent, mode d’emploi (2009) Et je suis revenu sur cette affaire dans mon bouquin sur Keynes : Penser tout haut l’économie avec Keynes, qui a été publié si j’ai bon souvenir en 2015, où j’explique que Keynes a cru à ce bobard à une époque ! Et puis… avec beaucoup de discrétion, il n’en a plus jamais parlé et n’a surtout pas dit qu’il y avait cru un jour, parce qu’il ne devait pas être très fier ! Mais enfin bon, voilà ! Donc entre 1930 et 1936, cette histoire disparaît des écrits de Keynes.
Alors, il y a encore pas mal de choses dans l’actualité. L’actualité d’aujourd’hui, c’est surtout M. Trump qui dénonce l’accord de Paris sur le climat. Mais toute mauvaise chose a son bon côté : rébellion ! Rébellion immédiate, hein ! L’État de New York, l’État de Californie, l’État de Washington, se sont rebellés, qui – nous dit la presse – représentent un cinquième, déjà à eux tous seuls, de l’économie des États-Unis. Des villes se rebellent. Boston se rebelle, qui n’est ni dans l’État de New York, ni en Californie, ni dans l’État de Washington puisque ça se trouve dans le bon Massachusetts ! Hum… Vous vous souvenez de la très belle chanson d’ailleurs, des Bee Gees : « Massachusetts ». Je vais la mettre en dessous [de la vidéo], tiens ! Voilà !
Et donc, ça n’aura peut-être pas beaucoup d’impact et surtout ça : une prise de conscience des gens ! Il ne suffit pas à Mr Trump de dire, de mettre un casque de chantier et de dire : « Je défends les gens de Pittsburgh », puisque aussitôt le maire de Pittsburgh lui répond en disant : « Pittsburgh Pennsylvania : je ne me reconnais pas dans vos propos et ici, nous on va continuer à essayer de défendre la Terre ! ».
Donc voilà ! Toute chose a ses bons côtés ! On pourrait dire la même chose, d’une certaine manière, à propos de l’affaire Ferrand en France puisque vous avez vu comment ça a démarré : tout ça, en fait, était légal et puis la discussion a avancé un petit peu et on a dit : « Oui c’était peut-être légal mais ça ne prouve pas que c’était éthique ! ». Et il y a peut-être des choses qu’on faisait à une époque et qu’on ne doit plus faire maintenant ! Et l’un d’entre nous, ici – des gens qui écrivent pour le blog – a employé ce très bon mot, ce mot qui est vraiment le mot qui s’applique : le mot d’« affairisme ».
Voilà : « l’affairisme » ! Qu’est-ce que c’est ? Eh bien, l’affairisme c’est de la malhonnêteté mais de la malhonnêteté qui est légale : on ne va pas en prison pour de l’affairisme. C’est malhonnête… C’est malhonnête mais on peut le faire. Et alors si on nous dit maintenant, comme le Premier ministre, que eh bien, maintenant on va quand même faire attention à ça, eh bien, ça ce n’est pas une mauvaise chose.
Alors, et je vais terminer par là, voilà : il est sorti ! (P.J. montre un livre à l’écran). Parce que quand je rentre de mes voyages, je l’ai là dans une caisse : Vers un nouveau monde de Paul Jorion. Et ce n’est pas mis en couverture mais c’est publié par Solidaris : le mouvement mutualiste en Belgique et c’est en deux parties : Le monde tel qu’il est et puis Le monde tel qu’il devrait être.
Et c’est plein de propositions : ce sont des propositions que vous pouvez trouver dans les premières pages de Se débarrasser du capitalisme est une question de survie, mais là développé sous forme de… (ça fait combien de pages ?) sous forme de 125 pages de discussion, d’un constat. D’abord un constat, et ensuite de dire ce qu’on pourrait changer. Et quand j’en avais déjà parlé, j’ai dit que ça va quand même beaucoup plus loin en termes de changement de société que ce qu’on a pu voir même récemment en France dans la campagne électorale : je demande des choses quand même radicalement différentes.
On aura l’occasion de revenir dessus. L’histoire du livre, tel qu’il est maintenant, est un peu inattendue parce que, voilà, ça va être présenté donc aux assises nationales de Solidaris où – je vous l’avais dit – un des invités qui fera un exposé sera M. Magnette que vous connaissez peut-être pour avoir porté le flambeau et le drapeau de la résistance wallonne à l’accord commercial CETA.
Le livre a été imprimé maintenant essentiellement pour en distribuer des exemplaires à ceux qui seront présents aux assises ; sinon ça sort en librairie en septembre/octobre. Je vous tiendrai au courant.
Voilà ! Un petit récapitulatif. Mais voilà : j’avais tenu à vous faire un petit point. Surtout que la semaine dernière j’avais capitulé : je m’étais mis devant ma machine et je m’étais dit : « Je viens de dire la même chose. Je viens de dire ce que je voudrais dire. Je viens de le dire sur Arte et ce n’est pas la peine ! ». Et alors là, merci ! Merci parce que vous continuez à regarder cette vidéo de l’émission sur Arte ! Le chiffre des ventes de mes livres reflète, je dirais – très amicalement pour moi – le fait que vous ayez regardé l’émission : vous avez envie d’acheter le livre. Et là je le dis comme je le dis toujours : ce n’est pas les deux euros que ça me rapporte, c’est le fait que ce soit lu et que ce soit discuté!
Voilà ! Allez, à la semaine prochaine !
Moi non plus. C’est une vision anglaise. « L’idée tordue de la paix de Trump – céder un quart du territoire…