LES ALGOS SE MÊLENT DE CONSEIL FINANCIER, par François Leclerc

Billet invité.

Quel est l’avenir des robo-advisors, ces plate-formes de conseil en investissement automatisées qui croient leur heure venue ? La disruption va-t-elle se manifester avec éclat dans ce secteur, ou les banques, fortes de leur puissance financière et de leur portefeuille de clients, vont-elles retomber sur leurs pieds ? À peine naissante, leur offre est déjà diversifiée, avec comme principal atout de proposer des tarifs d’intervention très bas, l’intervention humaine étant très réduite.

Les programmes que proposent à l’usage les robo-advisors ne sont pas en soi des nouveautés. Les professionnels de la finance en disposaient depuis des années, mais ils leurs étaient réservés. L’accès en est désormais élargi et l’ergonomie adaptée. Les robo-advisors utilisent des algorithmes qui intègrent de multiples données (secteur, zone géographique, performances passées, volatilité …) et associent quatre fonctionnalités : le profilage des utilisateurs, des propositions d’allocation de l’investissement et d’arbitrages ainsi qu’un reporting.

Les services de gestion de portefeuille automatisée représentent un marché en pleine expansion et déjà très concurrentiel : en 2016, on recensait aux États-Unis plus de 2.000 robo-advisors totalisant 140 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Cette offre va-t-elle seulement attirer de nouveaux investisseurs aux moyens limités, des novices se satisfaisant d’un contact humain réduit ou inexistant, ou également mordre sur une partie de la riche clientèle des services de gestion du patrimoine des établissements ayant pignon sur rue ? Betterment, la principale fintech qui s’est lancée aux États-Unis, ne fait pas mystère de son intention de concurrencer directement la gestion d’actifs classique sur les gros portefeuilles de clients. Le marché se cherche donc, mais il est notable que des établissements financiers des plus installés sur le marché s’y impliquent en mettant de l’argent sur la table, comme JPMorgan Chase, Vanguard Group., Merrill Lynch ou encore Charles Schwab Corp.

La banque d’affaires Goldman Sachs s’est particulièrement fait remarquer en lançant l’année passée GSBank, une banque en ligne de détail, des activités de prêt aux particuliers et une activité de robo-advisor. L’heure est à la réorientation stratégique dans le secteur bancaire, afin de ne pas risquer de rater le coche de l’introduction des technologies de l’Intelligence artificielle. Des secteurs autrefois florissants comme celui des fusions-acquisitions donnent des signes d’essoufflement, et des nouveaux venus comme Betterment ou Wealthfront se sont déjà fait une place, chacun revendiquant des dizaines de milliards d’actifs sous gestion.

La décision de Goldman Sachs est particulièrement significative, pour une banque dont l’accès à sa gestion de patrimoine était réservée aux détenteurs de plus de 50 millions de dollars. Elle cherche à diversifier son activité et à élargir son marché auprès des millenials (les 25-35 ans). Plus politique, un autre but est toutefois poursuivi par l’industrie financière : il est rêvé d’impliquer cette génération dans une activité financière afin qu’elle devienne solidaire d’un monde qu’elle ne mettra plus en cause, après avoir réussi à rendre la précédente tributaire de l’endettement…

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