Billet invité.
Il a fallu sept heures aux ministres membres de l’Eurogroupe pour se rendre à l’évidence qu’ils ne parviendront toujours pas à un accord à propos de la dette grecque. Ils remettront donc le couvert lors de la réunion de la dernière chance du 15 juin prochain. Donnant toute la mesure de sa flexibilité, Wolfgang Schäuble a une fois de plus bloqué la discussion, la renvoyant à la fin du plan de sauvetage en cours, en 2018.
Les débats ont également porté sur les taux de croissance et de surplus primaire budgétaire, sur la base desquels peut être jugé le caractère soutenable ou non de la dette, et donc de la nécessité de la réaménager, puisqu’il n’est plus question, en tout état de cause, de restructuration. Il est effarant de constater que les positions en présence s’appuient sur des projections qui mènent jusqu’à 2060, comme si de telles prévisions macro-économiques pouvaient avoir un quelconque sens ! Sauf d’imposer un carcan pour une très longue période, à la manière de ces peines incompressibles qui rendent vain tout espoir.
Emmanuel Macron s’est impliqué en téléphonant à Alexis Tsipras pour l’assurer de sa volonté de contribuer à un accord sur la dette ; il fait l’expérience de l’intransigeance de son principal partenaire, et pourra toujours dire demain qu’il a fait tout ce qu’il a pu. D’après la presse grecque, le ministre français Bruno Le Maire aurait déclaré que son homologue allemand avait été « constructif » pour de son côté tenter de l’être.
La Grèce est une tache indélébile sur le drapeau de l’Europe et l’Hymne à la joie est mis à toutes les sauces. L’appartenance à la zone euro est à la fois une punition et un bienfait, les Grecs sont bien placés pour en juger, eux qui y sont pris au piège. La Commission prétend que tous les pays de l’Union devraient la rejoindre, mais l’euro est devenu un véritable repoussoir après avoir répondu à une profonde aspiration. À qui la faute ?
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