Billet invité.
Cher Monsieur,
En lisant tous les jours les articles de votre blog, je vois bien qu’en ce moment nous ne sommes pas ensemble alors que le seul moyen de gagner est de mettre nos pas ensemble pour une marche qui pourrait changer les choses car la fin de l’histoire est déjà sur tous les écrans. J’ai bien vu que cela vous navrait au plus haut point. Je me permets de vous adresser l’allocution que j’ai prononcée en juin 2016 à la mémoire de trois Résistants assassinés par les Allemands à l’Hôpital de la Croix Rousse. Eux ils étaient ensemble.
Cordiales salutations,
E. CHAPONIK
COMMÉMORATION
Georges LYVET – René ISRAEL – Noël JUMEAU
15 juin 2016
Nous sommes réunis en ce jour pour rappeler la mémoire de trois hommes de conviction aux parcours spécifiques mais totalement convergents au service de ce qu’ils estimaient tous être une Cause juste.
I – Des origines et des profils divers
a/ Georges LYVET dont le père est mécanicien dans une société de chemin de fer est né en 1906 dans l’Ain. Georges sera embauché dans une usine à Villeurbanne où il s’engagera rapidement dans l’action syndicale et mènera les grandes grèves de 1936. Il contribuera à l’émancipation de la classe laborieuse via la fondation d’une maison de la culture et d’un club de sport.
b/ René ISRAEL – Sa mère qui vivait dans la Lorraine annexée choisira de faire naître son fils sur le sol français en 1895 . À 19 ans, René s’engagera dans l’armée française le 22 septembre 1914. Du fait de ses qualités d’interprète, entre les deux guerres, tout en travaillant dans la banque et l’assurance, il continuera à servir l’armée dans le renseignement militaire.
c/ Noël JUMEAU – Cet intellectuel est né à Saint Étienne en 1903. Ses parents font partie de la bourgeoisie de Saint Genis Laval. Après ses études de pharmacie, il ouvre une officine à Cuisery dans l’Ain. Il s’y montre sérieux et serviable. Il reste cependant quelque peu distant vis à vis des habitants de cette petite commune. Ce n’est qu’à la défaite de 1940 qu’il fréquentera des cafés où il prendra des positions anti-allemandes et s’opposera de façon violente aux consommateurs
pétainistes.
II – Des idéaux et des convictions
On l’a donc vu, Georges LYVET est un humaniste épris de justice et de liberté. Un homme de conviction et d’action. René ISRAEL est un homme intègre et loyal qui croit en la légitimité de l’État et de ses institutions, tandis que Noël JUMEAU opte pour le refus de la capitulation et n’hésite pas à faire le sacrifice d’une vie privée aisée et confortable.
C’est donc tout naturellement que Georges LYVET qui s’est déjà battu pour de meilleures conditions de travail au sein de son entreprise, entrera dans la Résistance. Son courage et ses capacités d’organisation le mèneront aux plus hautes responsabilités dans les rangs des FTP où en septembre 1943 il sera nommé à la tête de la première subdivision de la zone sud avec le grade de lieutenant-colonel sous le nom de SAINT AVOLD.
René ISRAEL quant à lui ne va pas hésiter à tourner le dos à un État qui ne correspondait plus à ses conceptions, à franchir le pas de l’activité clandestine en faisant partie d’un réseau d’évasion de prisonniers de guerre, en réalisant des milliers de faux papiers puis à intégrer le BCRA le fameux centre de renseignements du Général de Gaulle.
Noël JUMEAU participera également à un réseau de renseignements militaires celui de Jade Fitzroy du sous-secteur de Tournus, réseau affilié à l’Intelligence service. Il deviendra l’adjoint du responsable de ce secteur et assurera des liaisons radio avec Londres.
Ces trois hommes courageux, valeureux, ces hommes justes, qui connaissaient les risques encourus de par leur engagement et leur action au quotidien, auront eu un réel pouvoir de nuisance contre l’occupation allemande et seront à ce titre pourchassés, dénoncés, torturés et finalement exécutés lâchement sur un lit d’hôpital.
Conformément à leurs idéaux, ces hommes ont fait un choix de vie qui tout en lui donnant un sens ne pouvait que mener à sa perte. Ils ont inscrit leur parcours dans l’Histoire de France et doivent demeurer dans nos mémoires car leur engagement, leur dignité et leur abnégation éclairent le chemin où doit marcher une humanité respectueuse de l’homme et de son devenir.
Si nous n’entendons plus ces justes qui ont choisi la lumière contre la nuit, la justice contre la haine, l’enthousiasme contre la peur, alors la prophétie du poète s’accomplira. Paul ÉLUARD nous l’avait dit en son temps : « Si l’écho de leur voix faiblit, alors nous périrons tous. »
Éliane CHAPONIK
Coprésidente ANACR Ville de Lyon
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