Billet invité.
Le débat pour la présidentielle en France se focalise sur l’attribution d’un revenu universel, prôné par Benoît Hamon pour la raison principale que beaucoup de nos emplois sont amenés à disparaître dans un délai assez court suite à l’impact sur notre vie de l’évolution du numérique.
La Finlande a lancé un projet d’enquête et d’expérimentation sur ce thème depuis le 1er janvier, en attribuant 560 € à 2000 personnes âgées de 25 à 58 ans. Ce revenu restera acquis inconditionnellement, quel que soit le montant du salaire perçu, et quelles que soient la couverture santé et l’allocation logement.
Selon le ministère finlandais, il s’agit essentiellement de promouvoir l’emploi. Dans l’ancien système en effet, les allocations de chômage étaient supprimées dès que le revenu du travail excédait 400 €, si bien que dans un tel contexte peu de personnes étaient motivées à rechercher un nouvel emploi. Il est évident que cette contradiction parle à beaucoup d’entre nous à l’heure où, dans leur plongée, les salaires de la classe moyenne tendent à rejoindre ceux des plus précarisés.
Quelle ingratitude que celle de notre système, quand, lui consacrant la majeure partie de nos forces vives et de notre temps, nous n’obtenons de lui guère plus que l’assurance de notre survie ? Qui oserait taxer de paresseux, de profiteur ou d’incompétent, celui qui tenterait alors d’ignorer le monde du travail pour rendre du sens à sa vie par le biais d’activités qualifiées de « non-productives » dans le cadre qu’autorisent les allocations de chômage ?
Le revenu universel permettrait que notre travail ait une autre finalité que de répondre à nos besoins primaires, assurés grâce à lui. Nous nous sentirions encouragés alors à rechercher un travail libéré de la contrainte de la survie, et devenu du coup véritable source d’épanouissement.
Le changement de société ainsi réalisé pourrait bien être le début de la reconnaissance de notre égalité à tous ainsi que celui d’une émancipation créatrice à l’égard du travail, mais ceci à deux conditions cependant. Nous devrions tout d’abord être rassurés quant à la protection de nos acquis sociaux par l’inscription dans la Constitution d’un État-Providence dont l’existence serait garantie quelle que soit la croissance économique. Laquelle devrait être remplacée à brève échéance par son contraire, sans quoi même un revenu de base deviendrait superflu, notre consommation abusive de la planète nous ayant anéantis.
Des singes sans bananes!