« La question du travail doit être entièrement remise à plat »
« Nous nous alarmons des études récentes qui prédisent que près de 50 % des tâches pourraient disparaître d’ici à 20 ans du fait de l’automation et de l’informatisation. Pourtant ce chiffre risque d’être inférieur à la réalité. Le calcul qui y préside est trop conservateur, tenant compte des avancées actuelles mais ignorant les progrès considérables qui continueront d’être engrangés à un rythme s’accélérant. Une destruction bien plus importante des emplois aura lieu, due dans la plupart des cas non à des robots mais à des logiciels.
Contrairement à la thèse de la destruction créatrice, supposant que des emplois perdus seront remplacés par d’autres en plus grand nombre, la raréfaction du travail rémunéré va être massive. La révolution du marché de la main d’œuvre à laquelle nous assistons est sans rapport avec les précédentes. Dans les années 1960, les salariés de l’industrie qui se reconvertissaient à un métier dans les services n’avaient besoin que d’une formation de quelques semaines, de quelques mois tout au plus. Ceux qui vont perdre leur travail dans les services auront besoin de plusieurs années de formation pour se reconvertir dans la programmation ou la maintenance informatique.
En outre, de nombreux métiers, très qualifiés et très bien rémunérés, vont disparaître à jamais. Nous imaginons volontiers que les tâches manuelles sont faciles à mécaniser et non celles qui demandent de la réflexion, or ce raisonnement repose sur une mauvaise compréhension de l’informatique. Ainsi une personne qui nettoie les bords d’une rivière est difficilement remplaçable par un robot en raison de la multiplicité des tâches à effectuer et des ordres très différents de décisions à prendre. En revanche, des raisonnements emboîtés complexes sont eux aisément réalisables au sein d’un algorithme.
Par ailleurs, automatiser des tâches très complexes mais hautement rémunérées constitue un excellent retour sur investissement malgré le financement coûteux de la recherche et du développement. On a pu l’observer avec les courtiers en Bourse remplacés par des logiciels dans le trading à haute fréquence.
Dans le cadre qui est le nôtre, les emplois disparaîtront massivement. La question du travail doit donc être entièrement remise à plat et ceci dans la perspective d’un monde renouvelable et durable. Notre mode de vie épuise chaque année bien plus de ressources que la planète ne peut produire ou renouveler. Une transition, créatrice de nombreux emplois, doit être opérée rapidement pour assurer un retour à l’équilibre. Il est naïf de croire que nous pourrons assurer la survie du genre humain sans remettre en question la logique du profit à tout crin qui nous a conduits dans l’impasse présente. La gratuité de l’indispensable est l’une des voies que nous devons explorer. »
Une question tout de même par rapport au titre : En finir avec l’orgueil du genre humain. En a-t-on véritablement…