L’ANNÉE COMMENCE MAL : DAVOS EN ÉTAT DE SIÈGE ! par François Leclerc

Billet invité.

Une fois encore, les participants au Forum de Davos se sont emparés du thème des inégalités, décidément devenu porteur. Mais cette année, ils semblent tétanisés par certains épisodes électoraux, comme s’ils se sentaient en danger d’être assiégés.

« Comment renouer avec les classes moyennes » était le titre d’un débat phare, mettant en évidence par son intitulé que la ligne avec les classes inférieures est irrémédiablement coupée, mais que l’on s’en accommodait. Là n’était plus la question. À cette occasion, Christine Lagarde s’est étonnée : « si les politiciens n’ont pas capté le message maintenant, je me demande quand ils le feront », tout en détaillant les grands sujets de préoccupation sur lesquels, a-t-elle précisé, le FMI travaille. Tous les espoirs sont permis, car voici les trois titres de leurs œuvres à venir : « la corruption, la transparence et le besoin de rendre des comptes ».

Mais l’on redescendait vite sur terre, Christine Lagarde préconisait qu’un « filet de sécurité » limite les dégâts. Pourquoi en effet s’échiner à chercher les causes quand on peut agir sur les effets,  a-t-elle appris à l’école des régulateurs financiers.

Faut-il s’étonner à sa suite du peu d’échos des appels qui ont été lancés à propos des inégalités ? Non, si l’on observe qu’ils consistent à demander aux incendiaires d’éteindre le feu ! Un message aurait toutefois atteint les universités, où les futurs chômeurs diplômés auront compris que l’éducation est la clé du problème. C’est Larry Summers, professeur à Harvard et artisan de la précédente dérégulation financière, sous Clinton (Bill), qui l’a lancé.

Le ministre brésilien Henri Mereilles, qui gère les finances un pays où les gardiens de prison n’osent plus entrer dans celles-ci et y laissent les gangs y mener leurs tueries, a découvert que relancer la croissance serait le remède, à condition de « moderniser l’économie ».

Enfin, Pier Paolo Padoan, ministre italien des finances et fin tacticien, cherchant à séparer le bon grain de l’ivraie chez les populistes, car « tous ceux qui votent pour des idées populistes ne sont pas tous mauvais », s’est alarmé  : « le temps passe et peut-être n’en avons nous plus beaucoup aujourd’hui ».

Pas de souci ! Christine Lagarde était là pour rappeler l’importance des « réformes structurelles et fiscales » ainsi que les bienfaits de la politique monétaire, concédant que cela doit être fait « d’une manière originale ». Nous n’en saurons pas plus cette année…

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