Laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain, Université Paris-Diderot, Le genre humain est-il un problème soluble ? le 6 décembre 2016

Un résumé de l’exposé que je ferai au LIED, dans l’après-midi du 6 décembre.

Le genre humain est-il un problème soluble ?

    Au sein de notre propre culture, nous réagissons à la menace d’extinction avec mollesse, à la limite du déni pur et simple, en imposant une exigence embarrassante par son infantilisme : que toute tentative de solution doive, pour être envisagée, assurer qu’elle dégagera un profit.

   La seule candidate à constituer une véritable alternative à notre culture gréco-romaine est la culture chinoise. À l’instar de la quasi totalité des sinologues, je considère qu’elle représente par rapport à nous une véritable altérité.

   La Chine réagit-elle différemment de nous à la menace d’extinction. Et, si non, existe-t-il quelque signe que son attitude puisse changer, et si oui, dans quelle direction ?

   À l’analyse, ni la solution « millénaire », chinoise, ni notre propre solution millénaire, ne semblent proposer des éléments de réponse simples et évidents quant à ce qu’il faudrait faire maintenant. Il ne nous reste alors que deux options : la première consiste en certaines ressources en idées dont nous disposons déjà mais dont nous n’avons encore fait aucun usage systématique et cohérent, la seconde, en idées neuves, adaptées à la situation, dont il est impératif qu’elles nous viennent maintenant rapidement et en quantités.

   Si rien de tout cela ne nous apparaissait d’une grande utilité en les circonstances, il faudrait qu’en désespoir de cause nous prenions en considération sérieusement le dernier cas de figure envisageable : que les problèmes auxquels nous devons maintenant faire face soient en réalité insolubles. Une éventualité qui n’est hélas pas à exclure.

   Une espèce comme la nôtre est – dans les termes du biologiste – colonisatrice, opportuniste et sociale. Colonisatrice, elle envahit son environnement, le dévaste, et finit par le détruire en combinant la négligence à la gloutonnerie. Opportuniste, elle est versatile, capable de changer très rapidement de stratégie lorsqu’elle se trouve confrontée à des difficultés insurmontables. Cette résilience majeure est à l’origine de la multitude de technologies que nous avons mises au point, y compris les plus meurtrières d’entre elles, au premier rang desquelles, la bombe atomique. Enfin, elle est une espèce sociale. Ce trait compense dans une certaine mesure par l’exercice de l’entraide, les deux autres caractéristiques d’un comportement colonisateur et opportuniste.

   Mais il est possible que ce soit dans notre espèce le premier trait, d’être colonisatrice, qui constitue l’élément déterminant, et qu’en l’absence d’un nouvel environnement à coloniser – ce qui est notre cas alors que nous occupons sur terre la totalité de l’environnement qui ne nous est pas en excès – notre conquête des étoiles étant insuffisamment avancée, ni notre génie opportuniste qui nous a fourni au fil des siècles les extraordinaires réalisations de la découverte empirique et de la science appliquée, ni non plus les solidarités qu’autorise notre nature sociale, ne soient en mesure de stopper dans sa progression la menace d’extinction.

   Nous découvrirons peut-être dans les mois, dans les années, qui viennent, qu’assurer la survie de notre espèce est en réalité une tâche irréalisable en tant que telle. Mais on ne peut en préjuger : il faut aller voir, il faut explorer la question pouce par pouce, offrir sa chance à la moindre opportunité de démenti. Si ce devait hélas être le cas, il faut que la démonstration qu’il en est bien ainsi soit absolument irréfutable.

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