Billlet invité.
Partiellement gelé, l’exode vers l’Europe des réfugiés est loin d’être une affaire réglée. Tout au long de la Route des Balkans, des milliers de réfugiés font face à des frontières qui sont pour eux fermées. D’autres, bien plus nombreux, sont coincés en Syrie dont ils ne peuvent pas sortir, amassés aux frontières avec la Jordanie et la Turquie. Ou bien bloqués en Grèce et en Italie, lorsqu’ils sont parvenus à traverser la mer à leurs risques et périls. Les derniers sont regroupés dans d’immenses camps, en Jordanie et au Liban, ou bien laissés à eux-mêmes pour une très grande partie d’entre eux en Turquie. Mais le statu quo n’est pas tenable.
Plus de 300.000 réfugiés ont traversé la Méditerranée depuis janvier dernier, dans des conditions qui ont empiré, l’année 2016 s’annonçant plus meurtrière que la précédente. Ceux qui malgré tout parviennent en Grèce sont à 90% originaires de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak, selon le HCR. Ceux qui atteignent l’Italie proviennent du Nigeria et d’Érythrée, mais également de la Gambie, de la Guinée, du Soudan et de la Côte d’Ivoire. Tous ces réservoirs où la guerre fait rage ou menace à nouveau sont loin d’être vides, conduisant hommes et femmes avec leurs enfants à tout abandonner de leur vie pour la sauver, dans l’espoir de rejoindre un havre qui se révèle hors de portée. Ils n’ont droit qu’à un entre-deux précaire, promis à végéter dans la misère, une peine prononcée sans appel et sans limitation de durée.
Pourvu d’un tel moteur, l’exode est irrésistible. Rien ne peut stopper les départs vers l’Italie d’une Libye plus que jamais en proie aux luttes intestines de pouvoir, alors que de nouveaux candidats au naufrage embarquent sur les côtes égyptiennes. La fragilité de l’accord passé entre l’Union européenne et la Turquie continue à faire craindre la relance de l’exode vers la Grèce dans les chancelleries. Et l’application des accords de relocalisation au sein d’une Union de plus en plus mal en point est pratiquement abandonnée.
Ce n’est pas sans de très mauvaises raisons. 57% des Français sont hostiles à l’accueil des « migrants », selon un sondage qui ne fait que confirmer la profonde vague de xénophobie qui submerge l’Europe, sur laquelle surfent à des fins électorales, des misérables, pour peser ses mots. À contre-courant, l’OCDE appelle les États à ouvrir des voies légales d’accès et à définir des politiques dont elle trace les grandes lignes. Sans susciter de leur part le moindre écho, car la seule ligne directrice de la politique européenne est au contraire de préserver l’Europe par tous les moyens de l’arrivée des réfugiés. L’objectif est de les fixer où qu’ils soient afin de ne pas l’atteindre. Les grands flux migratoires sont appelés à s’amplifier et la politique de l’autruche n’annonce rien de bon.
La réforme des accords de Dublin présentée par la Commission est une resucée des précédents, qui ont failli, et ne permettra pas d’affronter un rebondissement de la crise en cours. Elle prévoit qu’un « partage » des réfugiés n’interviendra que lorsque le flux dépassera 150% des capacités de leur pays d’entrée dans l’espace Schengen, notion qui n’est pas explicitée. En premier ligne, la Grèce et l’Italie garderont la charge du fardeau, on est revenu à la case départ.
Pour tenter de gérer dans l’immédiat une situation chaotique de plus, une réunion des pays de la Route des Balkans se tient aujourd’hui à Vienne, à l’initiative du gouvernement autrichien, avec la participation d’Angela Merkel et d’Alexis Tsipras. La Hongrie et la Bulgarie ayant créé des faits accomplis en clôturant avec des barbelés leurs frontières avec la Serbie et la Croatie pour l’une, avec la Turquie pour l’autre, que reste-t-il à décider de concret, sauf à se contenter que la route reste fermée ? Mais comment et où, les poches de réfugiés subsistantes vont-elles être évacuées ? Le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière, a pour sa part apporté sa réponse en souhaitant la prolongation de l’autorisation par la Commission, du contrôle des frontières du pays pour six mois.
Des hébergements sont recherchés en France, pour mettre fin à la honte de Calais, où une dizaine de milliers de réfugiés est entassée dans des conditions innommables. Ils relèveraient à 80% du droit d’asile, font valoir les autorités, ce qui implique de leur trouver une structure d’accueil. Les élus qui sont vent debout pour s’opposer à la venue chez eux de ces pestiférés, dénonçant haut et fort cette « invasion » de la France, ont perdu tout à fois la tête et l’honneur, cette vertu dont ils font pourtant si grand cas.
Anne Hidalgo et Manuela Carmena, les maires de Paris et de Madrid, préparent une initiative collective qui pourrait être annoncée lors de la rencontre avec le Pape, d’une trentaine de maires de villes européennes le 10 décembre prochain. Enfin, de l’air !
« Biden vient de soulever un peu la planche de son côté. » « L’élargir hors de l’Ukraine. Zelensky s’y est employé » Ah…