Dépasser les classifications politiques imposées, par Jacques Seignan

Billet invité.

Dans l’émission 28 minutes d’Arte, on pouvait voir Natacha Polony et Jean Quatremer dans une discussion polémique. La première est souvent classifiée comme « souverainiste », qualificatif infamant à juste titre s’il se réfère à certains partis politiques d’extrême droite qui en font leur sale fonds de commerce ; le second est le correspondant à Bruxelles d’un journal fondé par J.-P. Sartre et qui dans les années 70 et 80 était un journal particulièrement libre, digne de son nom : Libération.

Or que peut-on constater à les écouter ?

Quatremer évoque comment la violence a été une des forces motrices pour constituer les nations [cf. à 31 mn53] ; il n’a pas tort, c’est malheureusement indéniable. Par contre si l’on se souvient d’un de ses tweets (« pour éviter l’effet de contagion, il faut que le départ soit douloureux »), on ne peut s’empêcher de lui attribuer un implicite regret – formulé sur le mode du déni, évidemment – quant à l’impossibilité d’employer de la coercition contre ces imbéciles peuples européens, pour qu’enfin tout rentre dans l’ordre. Bien sûr il voulait faire de l’humour noir, être au second degré, ironique… Mais en se souvenant de ce tweet fait à chaud, si déplaisant, et sur une même problématique (union et désunion), comment ne pas ressentir un certain malaise devant cette remarque ?

En face de lui, Natacha Polony était parfaite. Notamment pour ses mises en perspective. Le programme Erasmus est ainsi un merveilleux programme mais il ne peut rester l’arbre qui cache la forêt. Tout était à l’avenant pour le débat sur les points économiques. Quatremer certes semblait parler « à gauche » mais il suffit de l’écouter attentivement pour réaliser combien il était grimaçant et glaçant.

Comme je fais partie de ces personnes « archaïques » qui ont conservé l’approche gauche/droite, je dis qu’en les écoutant parler et développer leurs arguments, N. Polony était à gauche et J. Quatremer à droite : l’une du côté des opprimés, l’autre du côté des oppresseurs.

Elle est donc tout à fait claire la raison pour laquelle N. Polony a participé à la déclaration publiée sur le Figaro aux côtés de personnes telles que Paul Jorion : nous devons nous unir, tous par-delà de nos parcours forcément divers, tout simplement parce qu’ils ne nous ont pas laissé le choix.

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