Le Brexit : un échec de la religion féroce qui n’ouvre pas de perspectives, par Michel Leis

Billet invité.

Dans la religion féroce et le darwinisme social qui sert de boussole à nos gouvernants, la dimension sociale est inexistante, la composante territoriale ignorée, cette réflexion était déjà au cœur de l’un de mes précédents billets sur ce sujet.

L’examen des résultats du référendum par région est sans appel : seuls le Grand Londres, l’Écosse et l’Irlande du Nord ont voté pour le maintien dans l’UE. Pour ces trois régions qui ont voté pour le maintien, encore faut-il relativiser le résultat. L’hypertrophie de la région londonienne et le poids croissant de l’économie financière par rapport à l’économie réelle expliquent largement les « bons résultats » apparents de l’économie britannique. Londres était jusqu’à ce jour le grand vainqueur de la compétition économique, dans la droite ligne de la religion féroce, l’arbre qui cachait la forêt. Dans la réalité, il y a une fracture sociale énorme au Royaume-Uni dont la dimension territoriale est importante. Est-ce que pour autant cette dimension sociale a été un thème de campagne ? Pas du tout ! Les discours populistes ont montré leurs vrais visages : le recours aux boucs-émissaires qui seraient la seule cause des problèmes sociaux avec au centre l’immigration et la jungle réglementaire initiée par Bruxelles.

Pour les trois autres régions qui ont voté en faveur du maintien, il existe à la fois une dimension sociale, l’UE malgré tous ses travers est considérée comme plus sociale que le Royaume-Uni, très en pointe dans la déréglementation. Le degré d’ouverture à l’UE est supérieur dans ces régions dont certaines d’entre elles ont bénéficié des budgets de rééquilibrage européen.

La religion féroce et le darwinisme social aveuglent nos dirigeants. La question posée par le Brexit s’adresse tout autant à Merkel, Hollande et aux dirigeants européens. L’arbre qui cache la forêt n’est pas une spécificité du Royaume-Uni. L’Allemagne a surfé sur ses « bons » résultats apparents pour imposer une politique ordo-libérale au reste de l’Europe. Les dirigeants européens ont totalement négligé la dimension sociale et territoriale dans la construction européenne, leur seule approche dans le domaine étant ces budgets destinés à développer les infrastructures et des projets à seule composante économique. Enfin, la réflexion de tous les pays est limitée, ce qui serait valable pour la frange la plus avancée du capitalisme ne peut être qu’étendu à tout le territoire et à tous les individus : lourde erreur !

Ce qui est en route maintenant, c’est la désagrégation européenne dans un contexte où le nationalisme et les boucs-émissaires occupent le devant de la scène politique. C’est un contexte extrêmement dangereux dans le moyen terme. Plus que jamais, il est urgent de reconstruire des perspectives à gauche où le social reprenne toute sa place, et où la question du souverainisme économique, bien que centrale, ne doit pas être abordée avec des œillères.

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