Retranscription de Le temps qu’il fait le 27 mai 2016. Merci à Marianne Oppitz !
Bonjour, nous sommes le vendredi 27 mai 2016 et je vais commencer ma petite réflexion, ce matin, par une question. Y a-t-il un rapport entre la campagne triomphale de Monsieur Donald Trump aux États-Unis, qui a déclaré hier qu’il dénoncerait tout accord de type environnemental, et en particulier sur le climat, parce que toutes ces choses là, eh bien, ça gêne le commerce et le travail, la campagne pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne, campagne dite « Brexit », où tout le monde et son frère se retrouve réuni pour des raisons qui n’ont aucun rapport les unes avec les autres pour une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, et ce qui se passe en France en ce moment – et en Belgique d’une certaine manière – contre les Lois travail qui sont le stade ultime de l’ultra-libéralisme, mais – appelons les choses par leur nom – davantage je dirais, un symptôme d’une crise généralisée sur l’emploi et le travail, et avec, en particulier, le blocage de l’accès à des points de ravitaillement en carburants divers, et grève… (là je me pose quand même un peu des questions), grève dans les centrales nucléaires – non pas que je remettrais en question le droit de grève, bien entendu – tout au contraire – mais enfin, quand j’entends quand même les mots « centrale nucléaire » et « grève » réunis, moi qui ne suis déjà pas très rassuré en temps normal sur le fonctionnement de ces machins là, je me pose quand même des questions.
Alors, y a-t-il un rapport entre ces différents éléments ? Ou bien faut-il continuer à faire comme on le fait dans la presse et les gens que j’entends bavarder autour de moi, de parler de ça comme des événements isolés ? Ou bien, y a-t-il un rapport entre les trois ? On m’a posé la question hier, à l’Agence Tous Geeks – deux heures de réflexion autour du Dernier qui s’en va, éteint la lumière – et j’ai dit ce que je dis en général ces jours-ci : « Non, tout cela ce sont les signes du même effondrement généralisé ! »
Je ne sais plus quand c’était, mais c’est quand même il y a quelques années [le 6 novembre 2014], quand j’ai repris cette idée du soliton, qui était centrale à mon livre Misère de la pensée économique, en disant… – j’avais fait un billet sur le blog – en disant : Le soliton est désormais indécomposable : on ne peut pas essayer de résoudre un des trois aspects de la question : catastrophe environnementale, système économique et financier dont nous savons la manière de le réparer, mais veto des milieux financiers pour tentative de réparation quelconque et, troisième élément : la complexité, sous la forme de la robotique, des logiciels, de la gestion de sociétés aussi complexes que les nôtres.
C’est indécomposable. Et en particulier, je m’oppose à des tentatives d’essayer de résoudre un des aspects du problème, sans résoudre les autres. Comme par exemple, d’utiliser des instruments financiers dérivés parmi les plus pourris – dont on sait que cela ne marche pas depuis 2008 – pour essayer de résoudre des problèmes environnementaux par des moyens indirects, et nous sommes maintenant dans une logique très « trumpienne » en tout cas, en mettant au centre du problème, comme celui auquel il ne faut certainement pas toucher, la liberté du commerce et la possibilité de faire du profit.
Combien de temps va-t-on continuer à répéter qu’on veut essayer de sauver non pas la planète, parce qu’elle s’en sortira bien d’une manière ou d’une autre, même s’il faut des millions d’années maintenant pour réparer ce que nous avons détruit, mais cette idée, eh bien, qu’on va pouvoir arranger tout ça en s’en mettant encore plein les poches. Alors, il y en a beaucoup parmi vous qui sont des anti-Trump, moi j’en suis un en particulier, voilà, appelons les choses par leur nom : est-ce qu’il y a moyen d’être aussi con que Donald Trump ? Non, je ne crois pas que ce soit possible.
Alors j’ai fait allusion à cette émission, hier soir, vous étiez quand même quelques centaines à regarder ça en live. Mon passage précédent, en 2011, à cette émission, ça a donné lieu – on a regardé hier -à 10.000 téléchargements, ce qui n’est pas mal. Deux heures consacrées à un ouvrage et, cerise sur le gâteau, à la fin de l’émission, eh bien, on passe en revue la littérature qui parle de ce genre de problèmes, et ça nous a permis, hier soir, de terminer l’émission en faisant un beau tour, eh bien, de la science fiction ou des écrits en général de type « apocalyptique » et « post-apocalyptique ». Tout cela fait de l’excellente littérature, des choses qu’il faut lire et relire.
Voilà, Agence Tous Geeks : deux heures de discussion, vraiment à bâtons rompus, on dit vraiment ce qui nous passe par la tête. C’est peut-être la forme idéale, je dirais, idéale d’émission. On ne sait pas combien de temps cela va durer au départ mais en tout cas on présente différents points de vue et on discute ça jusqu’au bout. Du coup, une liberté de ton tout à fait remarquable. J’ai réécouté, l’autre jour, l’émission de 2011, par curiosité, parce que je suis comme tout le monde : j’oublie ce qui s’est passé exactement, et c’est une émission que je vous ai même conseillé de réécouter parce que tout ça n’est pas inintéressant. Et, ce qui a été dit hier, cela me paraît très intéressant, en particulier.
Alors vous étiez quelques centaines devant le live. Ça va être monté et il y aura un podcast en particulier qui sera vraiment très, très au point, mais j’ai demandé aussi qu’on ait accès, sur le blog, à la vidéo du live. Alors, du point de vue du geek, ce ne sera pas parfait parfait, parce que, bon, parfois il y a un petit délai entre le moment où une caméra se met en marche et puis une autre, il y a parfois des toutes petites coupures de son, etc. Mais moi, cela me paraît important que vous ayez accès à la vidéo aussi. Vous allez pouvoir voir ça dans les jours qui viennent.
Voilà, deux heures de réflexion à mon avis, sur Le dernier qui s’en va éteint la lumière, c’est un bon exercice et puis, bien entendu, moi j’évoque déjà les questions auxquelles je pense à ce moment et qui trouveront leur place dans Qui étions-nous ?, le volume suivant. Avec la question, la question qui se pose à nous : une espèce animale, colonisatrice, « opportuniste » au sens de versatile, d’avoir la possibilité de changer de stratégie, et sociale, est-ce que c’est une combinaison qui conduit à des problèmes solubles, oui ou non ? Parce que ce sera, quand même, une question qu’il faudra résoudre, malgré tous les Messieurs Trump, tous les… voilà, tous les gens qui s’affrontent maintenant en Grande-Bretagne autour de la question du « Brexit ».
Une question qui se pose quand même, c’est : « Est-ce que c’est un problème de mauvaise volonté ou bien est-ce que ces problèmes sont insolubles ? ». Insolubles parce qu’on s’y prend beaucoup trop tard ou bien – même sur le papier – que depuis le départ, cette histoire du genre humain, avec les dispositions qui sont les nôtres, ça constitue peut-être, à terme, un problème insoluble.
Voilà, eh bien, on va en discuter, ça mérite au moins qu’on en discute entre nous et dans la société en général, dans les jours, les semaines et les mois qui viennent.
Voilà, à bientôt ! Au revoir !
J’ai récupéré un vieux pétrin que conservait la mère d’une amie. Aujourd’hui, on lui a fait un petit toilettage (…