Billet invité.
Le 25 mai 2016 marque le 50ème anniversaire du premier » dazibao » de la « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne » ! C’est en effet le 25 mai qu’est donné le coup d’envoi de la GRCP par l’affichage à l’Université « Beida » de Pékin du premier « journal mural en gros caractères » contre trois dirigeants de l’Université accusés de ne pas appliquer avec suffisamment de zèle les directives contenues dans la « Circulaire du 16 mai » par laquelle le Comité Central désignait l’adversaire à combattre : « Les représentants de la bourgeoisie infiltrés dans le Parti et engagés dans la voie révisionniste contre-révolutionnaire ».
Mao, inspirateur de cette circulaire, y désigne comme cible principale « certains dirigeants du genre Khrouchtchev, formés pour être nos successeurs ». « Ils sont parmi nous », ajoute-t-il, montrant clairement du doigt Liu Shaoqi.
Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, respectivement président de la RPC et Secrétaire général du PCC, vont réagir à cette attaque en essayant, par la création de « groupes de travail », de s’emparer du mouvement pour leur propre compte et de contrôler (en fait museler autant que possible) le travail de critique qui ne demande à faire tache d’huile et se développe dans les villes autour des premières unités de « Gardes rouges » que Mao a lancées dans la bataille.
C’est en août 1966 que Mao effectue une spectaculaire démonstration de sa force en nageant dans le Yangzi et qu’il affiche, à son retour à Pékin, son propre « dazibao » sur la porte du Comité Central : « Bombarder les états-majors » (traduit aussi par « Feu sur le Quartier Général »).
Du 1er au 12 août se tient le XIe Plenum du Comité Central (qui ne s’est pas réuni depuis 1962). Son communiqué de clôture condamne les « groupes de travail » de Liu et Deng, appelle à consolider la dictature du prolétariat partout et adopte une « Charte en seize points » qui définit les objectifs de la Révolution Culturelle officiellement décrétée. C’est aussi dans cette Charte que l’on trouve énoncée pour la première fois sous cette forme, la contribution décisive de la « pensée de Mao Zedong » (en chinois, en un seul mot : « maozedongsixiang ») au marxisme-léninisme.
C’est le coup d’envoi de la « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne », expérience totalement inédite, invention absolue du marxisme à la chinoise selon Mao et véritable « aventure » dans laquelle toute la Chine, dans la diversité de ses territoires, de ses ethnies et de ses niveaux de développement, va être emportée, pour le meilleur et pour le pire, pendant près de 10 ans, sans toujours bien comprendre sans doute, malgré le bombardement incessant depuis le sommet de directives, mots d’ordre et grandes campagnes de mobilisation, quels sont les enjeux et pourquoi son Grand Timonier la met cul par dessus tête.
Ni une étude détaillée des événements qui ont précédé ce déclenchement en 1966 et peuvent l’éclairer utilement, ni non plus le récit des péripéties de ces dix années de convulsions ne sont notre propos aujourd’hui où nous voulons seulement signaler cet anniversaire marquant d’un demi-siècle. Ajoutons seulement que la Chine n’a procédé à aucun bilan de la période. Trop de cicatrices probablement, une volonté farouche de tourner la page et beaucoup de « fils de » dans les rouages actuels aux plus hauts niveaux laissent penser que personne n’y tient. Quant à l’évaluation du personnage de Mao Zedong et de son apport à la Chine, elle s’est calée dès les mois qui ont suivi sa mort (1976) sur le pourcentage 70/30 : 70% de bon, 30% de mauvais ! Et depuis rien n’a bougé. Statu quo.
@François M Ce n’est pas le sujet, les considérations morales, éthiques ou de préférence personelles, n’ont rien à voir avec…