Billet invité.
La crise des réfugiés prend le même chemin que les précédentes : elle s’installe et apporte sa contribution à une désagrégation progressive de l’Europe que rien ne semble arrêter. Après l’euro, un autre de ses symboles est en jeu, l’espace Schengen, car rien n’est réglé.
Le ballet des chefs d’État et de gouvernement se poursuit, leur donnant à chacune de leurs innombrables rencontres l’occasion d’afficher leur solidarité de façade et d’exprimer à mots couverts leurs divergences, ne parvenant à trouver des compromis boiteux qu’à l’arraché. Tout en n’osant pas ouvrir un débat qui cristalliserait des oppositions irréductibles. Sans pour autant parvenir à stopper une lente glissade qui ne va pas pouvoir se poursuivre indéfiniment.
L’ère des atermoiements et des faux-semblant est pourtant en passe de toucher à sa fin. Le referendum britannique, les nouvelles élections espagnoles et les négociations avec la Grèce vont ensemble représenter une lourde échéance au début de l’été. Vis à vis de l’Italie, en danger de devenir comme la Grèce un cul de sac pour les réfugiés, la chancelière rejette le plan de Matteo Renzi de financement de l’accueil des réfugiés dans les pays limitrophes à l’Europe, parce qu’il repose sur l’émission d’euro-obligations. A Rome, le président de la Banque d’Italie Ignazio Visco rue dans les brancards et demande une révision des règles du bail-in des banques, signe parmi d’autres de la crise montante. À Athènes tout va à nouveau mal, et le FMI menace de quitter les négociations si la discussion sur la restructuration de la dette ne débute pas, s’opposant ouvertement à la politique des dirigeants européens en préconisant une baisse de l’objectif d’excédent budgétaire primaire, l’actuel de 3,5% pour 2018 étant jugé « contreproductif ». Tandis que le gouvernement allemand, censeur permanent, est sur tous les fronts afin de stopper les velléités de revenir sur la politique européenne qu’il a initiée, et d’empêcher toutes les formes directes ou indirectes de mutualisation (tout en dissimulant l’état de ses propres banques).
Si la crise des réfugiés se révèle plus dévastatrice que prévu, c’est que la BCE ne peut intervenir et calmer le jeu comme elle continue à le faire dans tous les autres domaines. Afin de résoudre cette dernière, les dirigeants européens n’ont rien trouvé de mieux que de se mettre entre les mains d’un dirigeant autocrate et mégalomane, ce qui va souvent de pair. Ainsi, le président turc a ainsi cru pouvoir déclarer « quand je défie le monde entier – lorsque c’est nécessaire – je sais que j’ai la Turquie entière derrière moi », refusant catégoriquement de retoucher sa loi anti-terroriste, l’une des conditions requise par la Commission pour que les Turcs soient exemptés de visa pour leurs séjours touristiques.
Au sein de l’Union européenne, un vent de xénophobie et d’islamophobie s’est levé que la Commission voudrait contrer en imposant des amendes aux pays qui refuseraient d’accueillir des réfugiés. Aura-t-elle les moyens de l’imposer, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ayant rejeté son plan ? Sur cette question comme sur la poursuite des négociations avec les autorités turques, les chefs d’État et de gouvernement auront le dernier mot. Ce n’est pas la meilleure des nouvelles.
En parlant de ‘milliards de dollars’ … un trou de serrure indiscret avec vue sur l’intimité du clan TRUMP… C’était…