Préface par Paul Jorion (1ère partie)
Le « 2017 » dans le titre Programme sans candidat. 2017, est celui de l’élection présidentielle en France et le programme en question est celui d’un aspirant à la fonction présidentielle. Ce scrutin s’annonce à nous dans la perspective déprimante d’un choix entre deux candidats, l’un de droite démocrate, l’autre de droite autoritaire, complaisants au même degré vis-à-vis d’un capitalisme redevenu sauvage après quelques dizaines d’années seulement d’apprivoisement apparent.
Imaginons même que le candidat de droite ne soit ni Alain Juppé, ni Nicolas Sarkozy mais Emmanuel Macron ou, avec une probabilité bien moindre, le président sortant, la situation serait tout aussi tragique puisqu’elle signifierait de la même manière l’absence au second tour d’une candidate ou d’un candidat incarnant véritablement les valeurs de gauche.
Or la gauche pourrait très bien se rassembler autour d’un candidat consensuel comme l’est Thomas Piketty, homme rationnel et posé, capable de proposer une réforme profonde des institutions et peut-être surtout, de repenser la manière de diriger l’État, rompant avec le style monarchique déliquescent de ses récents prédécesseurs. Le capital au XXIe siècle (Le Seuil 2013) n’emporte sans doute pas l’adhésion de tous en raison de son cadre théorique marxiste, il s’agit cependant d’un chef-d’œuvre d’analyse débouchant sur des propositions concrètes[1], qui a su convaincre non seulement en France mais aussi au plan international, réussissant la gageure de se retrouver au rang des meilleures ventes aussi bien en Chine qu’aux États-Unis.
Au moment où j’écris, Piketty continue d’affirmer qu’« il n’a pas vocation d’être candidat à la présidentielle » et on lui sait gré de se situer ainsi au pôle opposé des courtisans sans envergure qui trustent désormais tous les postes au sommet, à notre grand désespoir et pour notre plus grand malheur. Gageons cependant que prenant conscience du désert actuel et du danger que constitue le vide existant, il se résoudra à se présenter à l’élection présidentielle, sinon par goût pour la fonction, du moins par sens du devoir, en raison des périls auxquels son refus de diriger la nation exposerait la France.
Keynes soulignait que si atteindre le consensus d’un peuple unanime représentait un objectif hors d’atteinte, réduire au maximum le ressentiment et ainsi les dissensions qui résultent de sa montée, était lui à la portée d’une femme ou d’un homme d’État digne de ce nom. Un tel souci a disparu de l’horizon de la classe politique, expliquant la progression du populisme d’extrême-droite constatée aujourd’hui. Il est grand temps qu’une considération de bon sens comme celle-là revienne au centre des préoccupations de la classe politique.
[1] Propositions d’ordre fiscal dont les simulations par Timiota sur Le Blog de Paul Jorion ont su mettre en évidence la validité en termes de restauration d’une stabilité économique.
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La pétition Thomas Piketty, présentez-vous aux présidentielles de 2017 ! peut être signée ici.
Les Éditions du Croquant publieront en septembre 2017 – Programme sans candidat de Michel Leis, avec une préface de Paul Jorion, au prix de 20 €.
Le livre sera cependant disponible en mai en prévente / souscription au prix de 15€. Pour votre achat, utilisez la fonction Faire un don dans la colonne de gauche en choisissant le montant 15 €. Précisez « Livre Michel Leis ».
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