Billet invité.
Ce qui me fait peur, c’est le temps :
- le temps qu’il m’a fallu pour comprendre,
- le temps qu’il m’a fallu avant de commencer à bouger,
- le temps qu’il reste, ou pas, avant que tout espoir soit interdit,
- le temps terrifiant que nous avons offert à ceux qui sont jeunes aujourd’hui.
Au lendemain des attentats du 13 novembre, ma fille de 12 ans nous a déclaré, à nous ses parents, qu’elle s’attendait à vivre une vie plus mouvementée que la nôtre. Même en invoquant les temps de la guerre froide, et le fait qu’elle nous enterrait peut-être un peu vite, je n’ai pas pu vraiment la contredire.
Il me revient aussi les mots, entendus au Mémorial du Vercors, à Vassieux, qui concluaient le récit d’une mamie à la voix douce, dont j’ai hélas oublié le nom. A l’été 1944, elle avait été une des infirmières de l’hôpital de fortune de la grotte de la Luire. Capturée, menacée d’exécution immédiate, elle avait finalement été déportée à Ravensbrück avec ses camarades. Elle terminait en disant simplement : « C’étaient les plus belles années de ma vie ! ».
C’est à la perplexité de ma fille aînée qu’il a alors fallu tenter de répondre…
Pas simple, ces temps-ci, de parler aux jeunes des grandes questions (la vie, la mort, l’avenir, l’engagement…), sans leur mentir, ni les désespérer.
Et moi, le singe nu, l’animal qui se croit sage, qu’est-ce que je fais de cette peur qui me vrille les entrailles ?
- La soumission ? Merci, j’ai assez donné !
- La fuite ? On n’est pas dans Interstellar !
- Le combat ? Pour une fois, je ne vois pas d’alternative…
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