Primaire à gauche : programmes et personnes

Ce que vous allez lire se trouve déjà ici mais comme la réponse que j’apportais là me semblait d’une portée plus générale qu’un simple commentaire dans une discussion, j’avais précisé : « P.S. Si vous me le permettez, je vais donner un peu plus de visibilité à ce que j’ai écrit ici, parce que cela me semble un commentaire d’ordre général au billet de François Fièvre, intitulé Mélenchon, Piketty et l’Europe, publié ici le 22 février. »

Si vous avez l’occasion de lire mon Le dernier qui s’en va éteint la lumière (et si vous lisez régulièrement le blog ici, vous savez déjà tout ce que j’ai à y dire), vous saurez ce que je pense d’un programme. Non pas qu’il s’agirait de quelque chose qui sert uniquement à se torcher, comme pourraient nous le faire penser certains, mais qu’il s’agit d’un texte de l’ordre de la « reconstruction après coup », même si c’est dans ce cas-ci plutôt de la « construction avant coup ». C’est-à-dire que – et ce que je dis là est très charitable comme vous allez le voir – un programme est quelque chose qu’une personne est capable ou non d’appliquer, autrement dit de s’y tenir. Pour mettre les points sur les « i » : il y a des gens qui sont capables d’appliquer un programme qu’ils se sont donnés et d’autres qui sont conçus d’une autre manière.

Ce qui veut dire que je mets ma confiance davantage en des personnes que dans des programmes, parce qu’il y a des personnes qui se reconnaissent à tout moment dans ce qu’elles font en disant : « Oui, c’est bien de moi qu’il s’agit ! » [Ce que j’ai appelé l’« adhésion » dans Principes des systèmes intelligents], et d’autres qui n’arrêtent pas de se dire « Merde ! J’ai encore gaffé ! » Et c’est pour cela que je voterais (si je n’étais pas Belge !) pour Thomas Piketty, sans avoir pourtant la moindre idée de ce qu’il pourrait bien faire à l’avenir, et tout en sachant qu’étant une personne humble et aux ambitions modestes, il n’en sait encore rien lui-même, plutôt que pour une personne qui me présentera un programme long de 15 km qui me ravirait par sa clairvoyance et sa sagacité mais dont je sais pertinemment qu’elle se mord les doigts toutes les cinq minutes pour s’être tiré dans le pied toutes les quatre minutes et demie.

Tout cela est bien allusif je le sais, mais comme vous me semblez une personne très perspicace, je suis pratiquement certain que vous m’aurez compris.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. @Hervey « Le principe est un concept philosophique polysémique qui désigne ou bien une source, un fondement, une vérité première d’idées…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta