Billet invité.
« Revenu universel», « inconditionnel » ou « minimum d’existence », « social garanti », « citoyen » et « de vie », « allocation universelle», « dotation inconditionnelle d’autonomie » ou « dividende universel », ou enfin « salaire à vie », les intitulés ne manquent pas pour qualifier le revenu de base, renvoyant à des conceptions et des modalités qui varient. Pour porter autant de noms, cette idée n’est pas sans défenseurs et on la rencontre de plus en plus fréquemment.
Deux familles distinctes s’en revendiquent. L’une imagine la venue d’une société où l’humanité sera largement sortie du salariat. Les robots y assureront une part importante de la production et de la création des richesses, qui seront reversées aux citoyens sous la forme d’un « revenu socialisé universel ». L’autre prévoit la nécessité de créer un « filet de sécurité » – certains parlent de « capital de départ » – afin que les consommateurs contribuent malgré tout à faire tourner l’économie, qui sinon s’effondrera. Un concept, deux systèmes.
La même dichotomie se retrouve dans l’économie de la collaboration, où avoisinent aussi bien Uber, leboncoin et Airbnb que le covoiturage, le couchsurfing, les accorderies ou les repair cafés, tous ces derniers ne pratiquant pas d’échanges marchands. Moins visibles mais néanmoins vivaces, ces services affirment une autre exigence : celle de la gratuité, de l’échange et du troc en réaction à la marchandisation et à l’omniprésence de la propriété.
La brèche dans l’idéologie propriétaire créée par le développement des usages collectifs, payants ou gratuits, alimente une autre réflexion. Elle porte sur les « biens communs », également appelés « communs ». Ceux-ci combinent trois éléments : une ressource, une répartition des droits autour d’elle, et des règles de gouvernance. Dans ce cadre, les ressources ne sont gérées ni par les individus ni par l’État, esquissant une troisième voie historique. Par l’implication directe des acteurs qui sont concernés, le mouvement des communs s’inscrit dans la lignée du mouvement coopératif et de l’autogestion et l’approfondit. Au final, les communs définissent un système social et des relations entre des individus qui exploitent entre eux des ressources selon des règles d’usage et de partage. En germe, ils représentent un dépassement du système dans lequel nous vivons.
Les services immatériels sont un champ d’élection pour les communs, et l’on pense immédiatement à Wikipédia, aux logiciels libres et aux licences creative commons qui régissent les conditions de réutilisation et de distribution des œuvres de l’esprit. Mais une association de pêcheurs gérant la ressource en poissons d’un lac afin d’assurer sa pérennité en est aussi un exemple. Pour Wikipédia, la ressource diffère, voilà tout.
Sous le nom de blockchain (chaîne de blocs), une nouvelle technologie vient apporter de l’eau au moulin du partage et du commun. Le bitcoin en est l’application la plus connue, mais d’autres existent déjà ou sont en développement. Une fois encore, certaines seront disruptives tout en s’intégrant dans le système, tandis que d’autres esquisseront un nouveau paradigme. La raison en est que cette technologie réduit ou élimine le besoin des intermédiaires et favorise l’extension des relations pair à pair. Chaque application intègre ses propres règles de gouvernance, ce qui rend possible l’auto-organisation et rend superflu toute autorité centralisée.
« – C’est loin l’Amérique ? – Tais-toi et nage ! »
Salut Chabian, Bon ça y est, j’ai terminé le bouquin de Graeber/Wengrow, celui de Scott, et celui de Harari. Faut…