Billet invité.
Les fronts se multiplient en Europe. À l’avenir incertain, une énième discussion se poursuit avec les Britanniques, tandis que le nouveau gouvernement polonais s’engage dans une dissidence autoritaire en formant un nouveau pôle avec la Hongrie. Le moment est choisi, alors que la crise des réfugiés entre dans une seconde phase délicate pour Angela Merkel, et que les pressions en faveur de l’assouplissement de la politique fiscale européenne s’accentuent.
Le contexte a cependant évolué : un nouvel axe politique est en train de se dessiner, depuis la Grèce jusqu’au Portugal, et de l’Espagne à l’Italie, chacun agissant de son côté mais étant animé par la même intention de desserrer le carcan existant. En réaction, de premiers signes de raidissement apparaissent sous les auspices de Jeroen Dijsselbloem qui préside l’Eurogroupe. Dans le même ordre d’idée, le commissaire Pierre Moscovici a déjà cru nécessaire de rappeler que la France ne pourra pas bénéficier d’un nouveau délai pour que son déficit passe sous la barre des 3% du PIB.
Les projets de budget espagnol et portugais vont subir un premier examen de passage. Le gouvernement socialiste portugais, qui a commencé à appliquer son programme, voudrait bénéficier de la mansuétude de Bruxelles afin que ne soit pas pris en compte dans le calcul du déficit l’aide versée à la Banif avant sa vente, qui le fait déraper. La banque est notoirement connue pour financer le parti de l’ancien premier ministre, le PSD.
Le budget espagnol est quant à lui tout aussi provisoire que le gouvernement intérimaire de Mariano Rajoy, qui l’a établi alors que le spectre d’un gouvernement « à la portugaise » ne peut pas être écarté en dépit de la singularité de la situation espagnole et de l’élection d’un président indépendantiste au Parlement catalan. Comment sinon interpréter la déclaration de Pablo Iglesias de Podemos appelant à rester « optimiste » en réponse aux ouvertures sous condition de Pedro Sanchez, le secrétaire général du PSOE ?
Ces derniers temps, la Commission avait un peu lâché la bride sur le cou – échéances électorales aidant – mais les gardiens du dogme n’entendent pas la poursuite de cette timide ouverture. Jeroen Dijsselbloem a fait coup double – visant l’Espagne et atteignant aussi l’Italie – en réfutant l’idée qu’était due à l’Espagne une quelconque flexibilité, et en affirmant que la priorité continuait d’être donnée à la réduction du déficit.
Les créanciers de la Grèce feront le point le 18 janvier prochain, afin d’évaluer les progrès accomplis ces six derniers mois par le gouvernement grec, ouvrant enfin ou non la discussion promise à propos de la dette grecque. Dans l’immédiat, le débat a d’abord porté sur la participation du FMI au troisième plan de sauvetage que le gouvernement grec voulait éviter en raison des contraintes dont il est porteur, avant d’obtempérer après que Pierre Moscovici a réaffirmé sa nécessité pour la même raison, se faisant le porte-parole du gouvernement allemand.
Jack Lew, le secrétaire d’État au Trésor américain, s’est une nouvelle fois invité dans le débat, après s’être entretenu avec Euclide Tsakalotos, le ministre grec des finances, qui a entrepris une tournée en Europe à ce sujet. Le responsable américain a souligné « l’importance pour la communauté internationale de tenir ses engagements de placer la dette grecque sur une trajectoire viable grâce à un allègement, à condition que la Grèce continue à entreprendre des réformes » …
Enfin, toutes les ressources réglementaires de flexibilité du calcul du déficit budgétaire ayant été épuisées, comment le gouvernement italien qui en a usé et abusé va-t-il désormais procéder ? D’autant que la situation du système bancaire italien continue de poser problème, les petites banques régionales italiennes s’engageant dans un processus de restructuration. Matteo Renzi rompt à nouveau des lances avec Angela Merkel, cette fois-ci sur le terrain très sensible du fonds de garantie européen des dépôts, pour lequel le gouvernement allemand s’oppose à la mutualisation de son financement, de peur d’en faire les frais. Ce qui a conduit Jeroen Dijsselbloem a utiliser la grosse ficelle de la création d’une commission pour étudier ce dossier, décision qui généralement prélude à un enterrement de première classe.
Moi non plus. C’est une vision anglaise. « L’idée tordue de la paix de Trump – céder un quart du territoire…