Un nouveau tournant dans la crise, par Jean-Pierre Pagé

Billet invité.

Ce qui devait arriver arrive. Pour juguler les premiers assauts de la crise, les pays touchés ont dépensé l’argent public sans compter. Les déficits ont augmenté, faisant sauter en Europe les barrières du Traité de Maastricht. Aujourd’hui, c’est le retour du bâton. Les marchés financiers, constatant la montée de ces déficits, commencent à se manifester. Les taux d’intérêt demandés aux Etats emprunteurs réputés les moins solvables se tendent.

Confrontée à cette situation, la zone euro semble se révéler impuissante car elle ne dispose pas des institutions nécessaires pour y faire face. Quand tout allait bien, dans l’euphorie générale de la croissance mondialisée, sa gestion par la BCE paraissait suffire sous la férule de Jean-Claude Trichet.

Aujourd’hui, tel n’est plus le cas. Composée comme une collection d’Etats ayant adopté la même monnaie, mais en l’absence d’une institution chargée de coordonner véritablement les politiques budgétaires et de faire jouer des mécanismes de solidarité financière entre ces Etats, la zone euro se trouve frappée d’impuissance face aux marchés déchaînés. La première réponse que l’on ait trouvée – la vieille recette – est de préconiser l’abstinence, la réduction des dépenses. Mais l’on sait que si tous les pays mettaient cette mesure en pratique, adieu la croissance, sans compter les conséquences sociales inacceptables.

Ceci conduit à poser des questions de fond. Cette nouvelle phase de la crise met en évidence plusieurs des maux dont souffre le monde.

En premier lieu, plus que jamais, la spéculation. Tant qu’il sera loisible aux marchés financiers, avides de gains, en jouant avec les variables financières, de pousser un Etat dont la situation devient critique à l’hallali, il ne sera pas possible de la gérer convenablement. Ceci renvoie à la nécessité de changer un paradigme qui gouverne le monde et donne la priorité à la recherche individuelle du profit et la liberté d’utiliser les moyens pour ce faire. Il convient de s’atteler d’urgence et sans vergogne à la régulation et à la limitation des activités de spéculation financière. C’est, bien sûr, vouloir heurter un mur d’intérêts et de puissances qui défendront leurs privilèges avec becs et ongles. Mais nous n’avons pas le choix. Tant que l’on ne se donnera pas les instruments permettant de s’affranchir de la dictature des marchés financiers qui, en pariant sur la détérioration de la situation pour assouvir leur cupidité, jouent le rôle d’amplificateurs puissants de celle-ci, l’on ne parviendra pas à endiguer les phénomènes destructeurs qui assaillent actuellement le monde occidental. Il est d’ailleurs scandaleux d’entendre parler de mouvements de « panique » des marchés financiers, alors que l’on sait très bien qu’il s’agit souvent de comportements délibérés et rationnels visant à réaliser des profits en utilisant sciemment les moyens modernes de la spéculation. Et l’on ne peut pas invoquer l’impossibilité d’agir par méconnaissance du phénomène et de ses acteurs. On connaît aujourd’hui la chaîne qui passe par la création de CDS (credit defaults swaps), mécanismes d’assurance contre le risque de défauts de paiements, qui sont eux-mêmes objets d’une spéculation qui a des effets sur les rendements des obligations que les Etats endettés émettent. On sait aussi que les banques utilisent l’intermédiation de hedge funds auxquels elles prêtent de l’argent pour spéculer. C’est donc une question de volonté politique (Voir à ce sujet l’éditorial du Monde en date du 11 février et le livre qui y est cité de Michel Aglietta, Sabrina Khanniche et Sandra Rigot : Les Hedge Funds. Entrepreneurs ou requins de la Finance ? Perrin, janvier 2010).

En second lieu, cette nouvelle phase de la crise met l’Europe et les pays tentés par le « chacun pour soi » – au premier rang desquels l’Allemagne – au pied du mur. Tout d’abord, faut-il souligner qu’il revient à l’Europe elle-même – et non à d’autres – de trouver une solution. La solution n’est pas, non plus, comme on pourrait l’imaginer, la sortie des plus faibles de la zone euro. Cette sortie est impossible, comme l’expliquait d’ailleurs fort bien un analyste de Standard and Poors dans le Figaro. Elle équivaudrait à un suicide pour les pays concernés condamnés à des dévaluations en chaîne de leurs monnaies équivalant à une faillite larvée permanente. Dans le sens contraire, les pays qui n’en font pas partie, mais sont affectés par ces maux, n’aspirent qu’à y rentrer. En outre, le déclenchement des mécanismes de sortie de la zone euro dans les conditions actuelles s’apparenterait vite à une implosion en rase campagne ! L’Europe n’a donc pas d’alternative : il lui faut se doter d’urgence de mécanismes de coordination budgétaire et de solidarité financière avec la perspective de la mise en place d’un organe commun de gestion. Et ceci sans attendre une révision toujours hypothétique et aléatoire des traités européens. Ceci devrait incomber à l’Eurogroupe, à charge pour celui-ci de mettre en place des dispositions transitoires. La déclaration de soutien à la Grèce des chefs d’Etats et de Gouvernements de l’Union Européenne va dans le bon sens, mais faut-il encore passer des promesses aux actes et rien n’indique que les responsables de l’Union oseront mettre en place des mécanismes qui prouveront leur volonté de promouvoir une véritable solidarité européenne. C’est pourtant une condition sine qua non pour la sortie de la crise.

En troisième lieu, cette nouvelle phase de la crise oblige à réfléchir à la manière de lutter contre le creusement des déficits publics. La doxa, imposée notamment par le FMI jusqu’à récemment, selon laquelle ceci ne pourrait être fait principalement que par des réductions drastiques et « courageuses » des dépenses publiques résultant de réformes visant à économiser les dépenses tient encore moins la route qu’auparavant, surtout si elle est mise en application partout en même temps. Et, de fait, on entend préconiser partout des programmes de réduction et d’ajustement des dépenses, en Grèce bien sûr, maintenant en Espagne et au Portugal, demain peut-être en France…. ! Après la « course à la relance » par l’injection d’argent public, va-ton assister à une compétition dans l’effort de rigueur, mettant en concurrence les différents pays pour la réduction des dépenses publiques ? Ce serait une autre manière de vérifier l’adage selon lequel « on privatise les gains et collectivise les pertes » : après avoir déversé l’argent public pour sauver les banques et leur avoir ainsi permis de reconstituer, et au-delà, leurs profits, on prélèverait de quoi rembourser ces libéralités sur le nécessaire des plus démunis. Ceci ne pourrait que renforcer le phénomène de déflation à l’œuvre dans l’Occident et tuer dans l’œuf la timide reprise qui tente de s’y faire jour. Il faut aussi remarquer que, dans de nombreux cas, l’accent est mis, presqu’exclusivement, sur la diminution des dépenses et non sur l’augmentation des recettes.

Cela oblige donc à remettre en question un autre dogme, celui de la diminution (ou de la non augmentation) des impôts, qui a tant nui, et à dénoncer l’illusion selon laquelle le passage au « tout privé » suffirait pour résoudre le problème. Certes, il convient de remédier aux gaspillages de l’argent public et à la mauvaise gestion de certaines institutions, mais il ne faut pas écarter l’augmentation des impôts en vue de réaliser une plus juste répartition des ressources et des efforts qui, telle qu’elle est aujourd’hui, pénalise les plus démunis au profit des privilégiés. Seul un tel réajustement dans la répartition des ressources et des richesses qui pourrait être stimulant pour l’économie – et non la multiplication des plans d’économies pesant inévitablement sur les plus pauvres – peut faire accepter par tous les efforts que nécessite la très grave crise que nous traversons.

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105 réponses à “Un nouveau tournant dans la crise, par Jean-Pierre Pagé”

  1. Avatar de cedric7693
    cedric7693

    En 2011, cela fera 10 ans que nous sommes en guerre en Afghanistan, un pays de cailloux et de poussière, contre une poignée de talibans.
    Pendant ce temps, les marchés financiers terrorisent les États…

    La 3ème guerre mondiale a bel et bien commencé, mais comme elle ne ressemble en aucune façon aux deux guerres mondiales précédentes, nous ne la nommons pas.

  2. Avatar de Papimam
    Papimam

    Joseph Stiglitz est apparu un peu partout à l’occasion de la sortie de son dernier livre « Le triomphe de la cupidité » : Canal, F. Inter, … C’est presque un plan média. UMP compatible, écouté par les verts, ancien gourou de Clinton …….
    Ce samedi à partir de 9h30, retransmis en direct par le Monde, colloque avec Joseph Stiglitz, Edgar Morin, Pierre Larrouturou, Eva Joly.
    http://www.marcvasseur.info/stiglitz-morin-larrouturou-joly-le-13-fevrier/2010/02/10/
    Quel avenir vont ils nous proposer ?

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Joseph Stiglitz a l’immense mérite de dire un certain nombre de vérités qui étaient jusqu’ici occultées (sur le comportement des banques, l’ultalibéralisme, le caractère nocif du libre échange lorsqu’il est poussé trop loin) avec une visibilité que lui confère son titre de Prix Nobel, ses recherches d’économiste valeureux, sa connaussance concrète des mécanismes de l’économie. Et il ne se contente pas d’écrire. Il cherche des solutions en étant conscient que c’est compliqué, notamment parce que cela se heute à des résistances très fortes.

    2. Avatar de Papimam
      Papimam

      @JP Pagé
      J’ai suivi le débat en partie seulement pour cause de problèmes de logistique :
      Intro par Eva Joly : ça pose le décor
      Situation par Pierre Larroutouru : ça décoiffe même si on est initié, vacciné, document dispo chez kairos.
      Exposé de Joseph Stiglitz; un peu long mais que de vérités et d’expériences terrain (en accord avec votre commentaire).
      ……….
      La vidéo du colloque devrait être dispo ce lundi.
      Eva était ravie à la fin.

  3. Avatar de Le Yéti

    « En second lieu, cette nouvelle phase de la crise met l’Europe et les pays tentés par le « chacun pour soi » – au premier rang desquels l’Allemagne – au pied du mur. Tout d’abord, faut-il souligner qu’il revient à l’Europe elle-même – et non à d’autres – de trouver une solution. »

    C’est là que le bât blesse. Et dans la réalité des choses. Et dans le raisonnement un tantinet angélique 😉 de Jean-Pierre Pagé.

    Il n’y aura pas de solution collective à la crise. Ni Européenne. Encore moins mondiale. Il n’ y a jamais eu de solutions collectives au problèmes mondiaux. Imaginez cela est aussi illusoire et utopique que d’annoncer un prochain grand soir et la fin de l’histoire avec le triomphe du prolétariat.

    Ce qu’on appelle « solution collective » n’est bien souvent qu’un équilibre précaire qui consacre un rapport de force et la prédominance d’un plus fort (dernier exemple en date : les deux blocs à la fin de la Seconde guerre mondiale et ce qu’il en est advenu après la chute du mur de Berlin).

    Les solutions à la crise actuelle, si solution il y a, ne pourront être que locale, territorialement circonscrit. De nouvelles micro-organisations autonomes, pas forcément inconciliables entre elles, mais qui seules pourront couper les ponts avec les méfaits de la spéculation internationale. Appelez ça « repliement sur soi » si vous voulez (on peut toujours « rêver » du contraire), mais c’est la seule solution réaliste qui puisse faire échapper du bourbier ceux qui auront l’audace de prendre ces chemins.

    Je pense au système des AMAPS et à d’autres initiatives que les beaux esprits voudraient confiner à la marge. Je pense à la création de système monétaire locale pour pallier à la défaillance définitive du système financier mondialisé. Je me suis laissé dire que cela était déjà en expérimentation dans certaines régions allemandes, aux Etats-Unis…

    Les autres, ils parleront, théoriseront, abuseront du conditionnel et des incantations creuses, se réuniront en cérémonieux conclaves, en G7, G20, Gx… pendant que le délabrement, déjà bien en train, continuera son galop d’enfer. Jusqu’à ce qu’ils se rendent compte, mais un peu tard, que leur solution à eux, assez finale dans ses perspectives, passe par une épreuve incontournable : la guerre.

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Je ne pense pas être « angélique » quand je dis que nous ne nous en sortirons qu’ensemble, c’est à dire au niveau de l’Europe. Seuls (au niveau des nations composant l’Europe) nous ne sommes déjà plus grand chose et, dans l’avenir, nous « pèserons » encore moins face aux grands blocs que sont la Chine et l’Inde, par exemple. Ensemble, nous représentons beaucoup : de l’ordre de 500 millions d’habitants et un PIb qui est encore au premier rang . Nous sommes peut-être un « nain politique » à cause de nos divisions, mais encore un « géant économique ». Et si nous y ajoutons un partenariat serré et bénéfique avec la Russie, encore plus. Alors soyons réaliste : c’est notre seule chance. Et ne nous faisons pas d’illusions avec les micro organisations et les initiatives locales.

  4. Avatar de bionet
    bionet

    La crise économique à été organisée de A à Z avec la complicité des pouvoirs politiques dans le seul but de faire accepter les plans de rigueur qui allaient suivre ainsi que pour justifier la mise en œuvre du nouvel ordre mondial.

    L’économie réelle ne permettant plus de réaliser des profits à court terme les spéculateurs ont inventé l’économie virtuelle, une sorte de parasite de l’économie réelle qui vide celle-ci de son sang.

    On peut donc dire que l’économie virtuelle vampirise l’économie réelle, c’est une « pompe à profit » qui assèche les revenus du monde du travail.

    Sachez qu’aujourd’hui l’Allemagne ne va pas au secours de la Grèce mais pour sauver l’Euro.

    En effet il faut savoir que ce sont les fonds de pension (hedge funds) qui spéculent à l’initiative des grandes banques mondiales qui restent masquées.

    On peut dire que la burqa des banques ce sont les hedges funds.

    Qui sont les auteurs de cette attaque spéculative contre la Grèce ? Et comment opèrent-ils ?

    Les auteurs, ce sont les fonds d’investissements, et notamment les hedge funds, qui sont porteurs de liquidités considérables et dont le métier est de faire travailler ces liquidités pour en obtenir le profit maximum. Ces liquidités leur sont confiées par des banques qui ont des excédents, par ces Etats qui ont aussi des excédents comme les pays pétroliers ou les pays émergents. Ces fonds d’investissement choisissent un placement cible qu’ils considèrent fragile et s’abattent sur lui très rapidement.

    Ce sont donc les banques qui provoquent elle-même ces »tempêtes financières » dans le seul but semble-t-il est de faire passer des mesures politiques de rigueur économique et des projets de gouvernance mondiale.

    Des banques en effet donnent l’ordre de « charger » ce pays et de prendre un maximum de bénéfice en « prêtant de l’argent à plus de 6% de taux d’intérêt au lieu de 3.2 % pour l’Allemagne ».

    Mais l’Europe ne survivra pas à ce choc financier. Les régimes politiques ou les élites seront aussi reconnues coupables d’avoir soit menti, soit mal géré le secteur bancaire.

    Nous devons prévoir une crise longue d’environ 10 années ce qui est comparable à la période de 1929 qui aura abouti d’ailleurs à une résolution par la guerre. C’est la réaction à cette vraie crise qui est importante…les solutions amenées par une nouvelle élite. Aboutirons-nous à une économie durable ? Des liens européens à tisser sur des bases sociales, humaines et moins friables. Irons-nous à un clash frontal avec la Chine c’est une autre question ? En tout cas, non sans humour, Niño Becerra compare déjà le capitalisme à un cadavre.

    Comme Joseph Stiglitz, et d’autres économistes de renom l’expriment depuis longtemps, le système qui se met en place sur la planète entière privatise les bénéfices et socialise et met à la charge du contribuable les pertes…en gros la finance nous dit: « Pile je gagne, face tu perds… »

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Largement d’accord avec vous…sauf la première phrase. Je ne crois pas que l’on puisse dire que « la crise a été organisée de A à Z dans le seul but de faire accepter les plans de rigueur et justifier la mise en oeuvre du nouvel ordre mondial ».

      En premier lieu, la crise n’avait pas pour objet de faire accepter les plans de rigueur. Si ceux-ci sont apparus, c’est en raison des remèdes utilisés pour lutter contre la crise (les tombereaux d’argent public qui ont été déversés). Je ne pense pas que les milieux que vous incriminez ont été assez machiavelliques pour imaginer les moyens utilisés pour lutter contre la crise et ainsi rendre nécessaires les « plans de rigueur »… Quant à l’ordre mondial que vous évoquez, il y a longtemps qu’il a été mis en place ! C’est maintenant un « vieil » ordre mondial qu’il faut remplacer.

  5. Avatar de La vague ??
    La vague ??

    On peut se demander pourquoi les Européens ont si facilement adopté l’Union Européenne et le Traité de Maastricht (disparition des frontières, marché unique, libre circulation des personnes, des biens et des cultures). En effet, des changements culturels et identitaires profonds ont été nécessaires pour imposer et faire accepter le néolibéralisme, la mondialisation et le marché unique.
    Nous voyons actuellement de plus en plus de débats concernant l’identité dans les pays européens : c’est quoi être français, belge, britannique ?…
    Ce qui est étonnant, c’est que ce ne sont plus tellement les immigrés qui ont des problèmes « d’identité » mais les autochtones… En effet, dans plupart des pays occidentaux, ils ont pour base historique et culturelle commune le colonialisme, l’impérialisme, la suprématie des blancs, l’esclavage, la guerre de religions… Le monde politique les encourage donc à regarder leur Histoire en face et est prêt à s’excuser auprès des « enfants » des victimes du passé (Algérie, Rwanda, esclaves Africains…). Actuellement, il n’y a pratiquement plus aucun élément historique ou culturel auquel un « enfant » occidental pourrait se référer sans devoir se sentir honteux !… Ce sentiment de culpabilité est encouragé par les médias. Finalement, pour l’identité, il ne reste plus que la langue, qui ne suffit pas à donner une « identité » car elle peut être pratiquée dans d’autres pays et cultures. Les dirigeants des pays occidentaux poussent vers le multiculturalisme pour faire accepter aux Européens le néolibéralisme et la mondialisation: « une planète, un peuple, une culture (melting-pot), une pensée et un système économique uniques ».
    Mais ce qui n’a pas été pris en considération, c’est que les immigrants des pays occidentaux ont souvent conservé l’identité culturelle de leurs pays d’origine : d’ailleurs, dans ces pays « du sud », l’identité culturelle est souvent glorifiée. A moyen terme, nous allons sûrement assister à un changement de culture (religion) dans la plupart de nos villes et régions, et l’identité culturelle sera fonction du pays d’origine des immigrants ! A long terme, les « anciennes » cultures occidentales (mais aussi le néolibéralisme…..) seront vouées à disparaître. Ce « phénomène » a d’ailleurs été observé à plusieurs reprises dans l’histoire humaine. Par exemple , pour les Romains, le changement culturel et économique s’est imposé par la guerre : mais pour nous, Européens, ça aura été un « choix » fait par nos élites – choix dont certains diront qu’il n’est que justice et une façon de se faire pardonner (de faire pénitence) des peuples dont nous aurions abusé par le passé … A votre avis ?

  6. Avatar de Betov

    Jean-pierre, je ne vois pas pourquoi la sortie de l’union européenne (que tu nomme scandaleusement « l’europe »…), « équivaudrait à un suicide pour les pays concernés ». Nous étions morts, avant l’Union Européenne ?

    Personnellement, je vote, à toutes les élections, pour n’importe quel parti politique (y compris le FN lorsqu’il n’y a que lui -bien que je me situe loin à gauche de l’extrême gauche-), qui propose une sortie de l’Union Européenne. La dictature n’est jamais une solution à rien, et cette dictature tombera d’elle-même, lorsqu’elle en aura terminé avec ses ravages.

    Proposer de réformer une dictature, serait accepter de *participer* à cette dictature. Proposer, en plus, de lui donner des pouvoirs « de coordination budgétaire et de solidarité financière », serait vraiment criminel, comme l’est toute destruction des identités des peuples, et donc de leurs différences.

    Bien sûr, on sait tous que « monsieur le marché » a un besoin impérieux à ce que tous les consommateurs du monde soient gris. Malheureusement pour « monsieur le marché », l’arbre de nature en a décidé autrement, en faisant qu’à chaque ramification et embranchement, la vie se construit sur des divergences.

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Regarde ma réponse au « Yéti » plus haut. Je ne la répéterai pas. Tu abuses en parlant de « dictature » à propos de l’Europe ! Je parlerais plutôt de quelque chose de « mou ». Une « grande Suisse » disait Hubert Védrine. L’Europe a bien des défauts (notamment de manquer de personnalité et de volonté), mais pas celui-là !

  7. Avatar de BA
    BA

    Obama promulgue la loi relevant le plafonnement de la dette des USA.

    Le président Barack Obama a promulgué vendredi 12 février la loi relevant le plafond de la dette des Etats-Unis, afin de permettre au gouvernement fédéral d’emprunter jusqu’à 14.300 milliards de dollars (environ 10.503 milliards d’euros), contre 12.400 milliards jusque-là.

    (Dépêche Associated Press)

    D’après le Fonds Monétaire International, en 2014, quelle sera la dette publique par rapport au PIB ?

    La dette publique de l’Allemagne sera de 91,4 % du PIB.

    La dette publique de la France sera de 95,5 % du PIB.

    La dette publique du Royaume-Uni sera de 99,7 % du PIB.

    La dette publique de la Belgique sera de 111,1 % du PIB.

    La dette publique des Etats-Unis sera de 112 % du PIB.

    La dette publique de l’Italie sera de 132,2 % du PIB.

    La dette publique de la Grèce sera de 133,7 % du PIB.

    La dette publique de l’Islande sera de 134,1 % du PIB.

    La dette publique du Japon sera de 239,2 % du PIB.

    C’est à la page 30 :

    Fonds Monétaire International

    1. Avatar de rvrigo
      rvrigo

      Quid le somme dette publique+dette privée ?

  8. Avatar de Fab
    Fab

    Jean-Pierre Pagé,

    (Merci à vous de ne pas vous être offusqué de cette caricature 🙂 !)

    « Oui, il faut changer de valeurs et de paradigme. Redonner la place qu’il n’aurait jamais du perdre à l’homme travesti en « robot economicus », substituer au paradigme de la « recherche individuelle du profit » la « recherche d’une juste répartition des ressources et des richesses ». »

    Comment faire ? Comment envisagez-vous la chose ? Et tout ça en restant dans le cadre économique, chapeau ! La « recherche d’une juste répartition des ressources et des richesses » est-elle compatible avec le cadre dans lequel « nous » évoluons : un système de compétition qui sans cette compétition et les inégalités qu’elle engendre n’a aucune chance de survie, par définition pourrait-on presque dire ? Comment alors envisager une stabilité sociale ? Comment envisager que « juste répartition » aura encore un sens, une utilité : quand les ressources et les richesses seront réparties justement, le moteur qui permet au système d’assurer la consommation ou l’utilisation de ces richesses -à savoir l’inégalité devant l’accès aux richesses qui implique l’asservissement au travail et donc aussi la garantie de la production de « biens » dont le désir de possession et les inégalités face à ce désir vont ré-alimenter le système ! -, pourra-t-il encore fonctionner ?

    Sincèrement je ne comprends pas (demandez à Pierre-Yves D. :)).

    Surtout que vous semblez avoir conscience de cette contradiction…à l’insu de votre plein gré probablement, quand vous écrivez : « Tant que l’on ne se donnera pas les instruments permettant de s’affranchir de la dictature des marchés financiers qui, en pariant sur la détérioration de la situation pour assouvir leur cupidité, jouent le rôle d’amplificateurs puissants de celle-ci, l’on ne parviendra pas à endiguer les phénomènes destructeurs qui assaillent actuellement le monde occidental. » ! Cela ne signifie-t-il pas que vous considérez cette dictature de la finance comme un moteur du système, une cause de son fonctionnement et pas simplement une dérive malsaine ? D’où leur vient cette richesse qu’ils ponctionnent afin, je vous cite, d’assouvir leur cupidité, si ce n’est de l’économie réelle ? Et cette économie réelle, pensez-vous qu’elle se donnerait la peine de produire tant de richesse le plus souvent insensée si elle n’y était obligée ? La remarque est valable pour les impôts et autres dettes…

    Il manquera à « votre » système une carotte, un moteur : il faut en tenir compte.

    Un jeu sans but c’est un peu comme une cocotte-minute sans soupape. (Fab)

    Bien à vous.

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Merci pour cette réponse. Il s’agit d’une révolution dans les comportements. Les chantres de l’ultralibéramisme interprétant et biaisant la pensée des économistes classiques ont fait croire que la recherche individuelle du profit dans un univers de concurrence et d’information supposées parfaites conduirait à réaliser l’optimum collectif, c’est à dire le bonheur pour tous. C’est le modèle « néo classique » (on parle encore de « théorie de l’équilibre général »). Ceci est faux et ressemble à une imposture. L’univers de concurrence et d’information parfaites n’existent que sur le papier. Le paradigme de la recherche individuelle du profit ne conduit qu’à creuser les inégalités et enrichir les riches. Il faut 1) en prendre conscience (presque tous nos gouvernants croient que le monde fonctionne selon le principe du modèle néo-classique) 2) chercher un autre système de fonctionnement de l’économie. On n’en était pas très loin après la Seconde Guerre Mondiale en France et en Allemagne où prévalait un capitalisme « régulé » (le « capitalisme « rhénan » en Allemagne). Mais tout cela a été perverti, dévié sous l’influence des ultra libéraux et la conduite de R.Reagan et M.Thatcher. En outre, la finance, au lieu de servir l’économie réelle s’est progressivement déconnectée de celle-ci grâce aux innovations technologiques pour fonctionner en vase clos. Les montants brassés par l’économie financière sont maintenant sans commune mesure (ils sont infiniment supérieurs) avec ce qu’ils sont dans l’économie réelle. Il est aujourd’hui infiniment plus rapide de gagner de l’argent en spéculant dans la sphère financière que dans l’économie réelle. « L’argent crée l’argent ».

    2. Avatar de Fab
      Fab

      Jean-Pierre Pagé,

      Vu, lu et approuvé :).

      Suite ou réponse je ne sais pas : là.

  9. Avatar de laurence
    laurence

    Bonjour à tous;

    écoutez, moi je suis perdue…

    Si plutôt que de disserter à l’infini au conditionnel et de souligner tout ce qui ne peut pas fonctionner, on mettait l’accent sur ce que chacun peux (au p r é s e n t ) faire dans son quotidien pour… pour quoi au fait ??

    Nous voulons quoi exactement ?

    Si on arrivait à définir clairement et simplement ce que nous souhaitons, peut-être (p e u t-ê t r e) verrions nous plus clairement comment y arriver. Non??

    Tant pis si cette remarque paraît stupide…

    1. Avatar de astrorock
      astrorock

      Ca commence toujours comme cela, on cause, on jase, cela parait infructueux, mais c’est un prealable.

      Et je pense que tous autant que nous soyons, nous modifions nos comportement face aux realites. La somme des ces changements apparait sur les ecrans radar a un moment ou un autre.

      Le temps democratique est long, incertains, mais indispensable; d’ailleurs regardez la tentation totalitaire chez certains ecologistes pret a mettre a bas la liberte au nom de l’urgence environnementale, meme chose dans d’autre domaines.

  10. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/02/12/en-2009-la-france-a-connu-la-pire-recession-depuis-1945_1304613_3234.html

    Les problèmes ne datent pas d’hier. Regardez la charte, le PIB diminue depuis 1960.

    http://www.lemonde.fr/image/2010/02/12/300x285_1446305_0_38dd_ill-1304641-6ef1-pib.gif

    C’est donc insuffisant de s’attaquer aux banques, spéculateurs, et aux causes immédiates de la crise actuelle. Et même aux excès récents de la délocalisation. Il y a autre chose, ce que prouve cette charte.

    En tout cas on peut être sûr que penser à l’intérieur du capitalisme libéral, nous amène droit à la perte du système qui souffre de maux bien plus anciens que ce que l’on nous dit.

  11. Avatar de laurence
    laurence

    Peu à peu mes pensées ;D se précisent…
    Nous sommes tout le temps dans la r é a c t i o n face aux évènements s u b i s (ou craints).

    Dans la réaction, les idées, les émotions, les actes partent un peu dans tous les sens, sont dispersés et sont donc alors innéficaces. Et on en rajoute des couches et des couches tjs aussi inéficaces. Stagnation. Irritation. Perte d’énergie. Pire : résignation.

    Peut-être que si on prend un peu de t e m p s pour réfléchir e n s e m b l e à un vrai p r o j e t, à nos r é e l l e s attentes et besoins et envies, l’esprit ouvert, c-à-dire sans se référer forcément à ce que l’on connaît déjà, sans l’exlcure non plus, peut-être que nos énergies se conjugueront et que nous pourrons alors agir avec détermination pour que ce projet vive.

    Mais le clarifier est la première étape. Je crois.

    Qu’en dites-vous??

    1. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ Laurence
      Puisque dans votre précédent message vous écriviez « à tous », je me permets de vous répondre.
      Votre enthousiasme fait plaisir à voir. On comprend bien votre impatience. Astrorock a cependant raison de nous rappeler que le temps démocratique est long.

      Ce site me semble être un poste d’observation, plus qu’un poste de commandement. C’est aussi un lieu où peuvent s’accorder certains violons, mais la musique se jouera ailleurs.

      Vous dites « je suis perdue ». Je ne crois pas.
      Le temps de la réflexion et celui de l’action sont deux temps différents. Ils peuvent se mener ensemble mais sur deux chemins différents. Sinon c’est la panique à bord.
      Je vous lis:
      « débattons, débattons »;
      Plus loin:
      « plutôt que de disserter » / mettre « l’accent sur ce que chacun peut faire » / « nous voulons quoi? » / « définir clairement »;
      Plus loin encore:
      « (si)Nous sommes dans la réaction (…) les actes (…) sont alors inefficaces » / « si on prend un peu de temps pour réfléchir (…) nous pourrons alors agir »

      Vous sautez sans cesse du temps de la réflexion à celui de l’action, ne sachant lequel est le plus urgent.
      Un pompier vous dirait: « Les deux ensemble, mais sans les mélanger ».

      Avez-vous vu agir un pompier face au feu? Un médecin du SAMU sur une urgence? On apprend beaucoup à leur contact. Le va-et-vient entre réflexion et action est parallèle. Concomitant.
      C’est ainsi qu’on réfléchit. Et c’est ainsi qu’on avance.

      Il n’y a pas de « première étape » à proprement parler. Tout en réfléchissant, nous pouvons déjà nous conduire en « honnête homme », et c’est déjà un bon début d’action.

      A vous de me dire ce que vous en pensez.

  12. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    http://matterhornassetmanagement.com/2010/02/11/sovereign-alchemy-will-fail/

    Intéressant article du Matterhorn Asset Management, mais ils commettent une erreur :

    Dans l’ensemble je souscris à l’analyse, mais en ce qui concerne la dépression hyper-inflationniste je pense qu’ils commettent l’erreur monétariste à savoir que puisqu’on imprime de l’argent, alors il y aura de l’inflation. Eh bien non. Je peux imprimer 10 Trilllions ici, s’ils ne sortent pas de la pièce, aucune conséquence.

    Par conséquent imprimer de l’argent ne crée pas, ipso facto de l’inflation.

    C’est le dépenser qui crée de l’inflation. Mais alors, on sort de la dépression ! CQFD.

    1. Avatar de zébu
      zébu

      Excellent !
      Je me demande si on ne devrait pas remercier les banquiers et investisseurs de nous avoir épargné l’hyper-inflation en évitant de répandre la création monétaire dans l’économie réelle par des crédits aux particuliers et aux entreprises 🙂

  13. Avatar de perreau
    perreau

    Courage, courage, des livres sortent, des débats s’installent dans certains médias populaires … témoin « rue des entrepreneurs » de France inter de ce matin qui n’est pourtant pas reconnue comme « contestataire » essentielle du système financier qui s’est développé, complexifié et pour cause depuis des années et des années et dont on subit ses effets dévastateurs sans comprendre……
    Je voudrai signaler le livre de Jean de Maillard « L’arnaque » la finance au-dessus des lois et règles…très interessant venant d’une personnalité de la magistrature mais attention, il faut vraiment être initié. il faut passer beaucoup de temps pour comprendre les démonstrations qui relèvent de la haute technicité . Personnellement, « n’étant pas de la partie », il m’a fallu 3 années de lectures spécialisées pour à peu près suivre sans me décourager.

  14. Avatar de laurence
    laurence

    Merci astrorock 😀

  15. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    à JP Pagé

    Tant que vous ne clarifierez pas la contradiction dans laquelle vous vous placez, il ne pourra émerger aucune solution concrète et praticable de vos analyses.

    Vous ne pouvez pas dénoncer l’égoïsme des pays européens, et particulièrement ceux de la zone euro, et ,à la fois, soutenir le traité de Lisbonne. Il faut choisir dans les arguments !

    L’article 123 du traité a été écrit expressément pour ce genre de situation,, prévisible en 2008 (la crise avait commencé depuis presque deux ans) : il ne fallait pas qu’un pays puisse aider, malgré les interdits de la BCE, un autre quelconque pays de l’UE. En effet cela ruinait la possibilité de limiter les déficits à 3 % en le contournant par une mutualisation avec un ou plusieurs pays.

    Le traité de Lisbonne interdit toute solidarité, toute assistance mutuelle, toute coopération au nom de la concurrence libre et non faussée. Il n’est pas possible de dénoncer, maintenant, des Etats égoïstes ils ne font qu’appliquer le traité qu’ils nous ont imposé.

    Rien ne pourra avancer en Europe tant que ce traité ne sera pas intégralement détruit et tant que les peuples d’Europe ne feront pas ensemble un espace de solidarité et de coopération avec les harmonisations fiscales et sociales basiques et indispensables. Il ne peut pas y avoir d’accommodements sur ce point : c’est le trait qui partage actuellement la gauche de la droite et ses alliés sociaux-libéraux. Ce trait est visible aujourd’hui dans les débats politiques en France au cours de la campagne des régionales. Il va apparaître de plus en plus clairement au fur et à mesure que la clarification se fera dans la crise.

    La Grèce et le comportement de l’UE, sans oublier celui de la droite libérale qui l’a conduite dans cette situation, vont être l’exemplification de la contradiction mortelle du traité de Lisbonne. Nous pouvons compter sur les médias pour la camoufler aussi longtemps que possible ou pour la retourner, comme cela est dit dans un commentaire précédent, afin d’effrayer ceux qui tenteraient de résister.

    Nous allons devoir choisir, sans se cacher derrière des faux-semblants ! J’ai choisi depuis longtemps, comme je l’ai déjà écrit sur ce blog.

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Il faut voir quand et comment ont été conçus la création de l’euro et le Traité de Lisbonne (il s’agit en fait du Traité Constitutionnel de 2004-2005). A l’époque nos responsables vivaient dans la fiction selon laquelle la croissance serait indéfinie, la prospérité dans le monde était acquise (un peu la « fin de l’Histoire » de Fukuyama). La crise actuelle était inconcevable. L’article 123 avait pour objet de faire accepter la monnaie unique par l’Allemagne qui avait peur de devoir payer pour tout le monde.
      Le Traité de Lisbonne et l’article 123 ne sont pas immuables. Il y a de fortes chances que, sous l’aiguillon de la crise, tout ceci soit modifié (on commence à y réfléchir en coulisse). On mettra nécessairement en place des mécanismes de solidarité. Ce sera l’effet bénéfique de la crise que d’avoir obligé l’Europe à bouger !

  16. Avatar de VB
    VB

    @ Jean-Pierre Pagé 16h17 :

    16h17 : vous dites :
    « Ce que j’écris est qu’il faut renverser ce mouvement en revalorisant la part des salaires et, à l’intérieur de celle-ci, en rééquilibrant la répartition des salaires au benéfice des plus faibles et des salaires moyens? C’est ce que j’appelle une « plus juste répartition des ressources ». »

    Réponse :
    Ne vous vient-il pas à l’idée que des salariés, il y en aura de moins en moins (les grandes entreprises ne pensent qu’à diminuer leur coût de main d’oeuvre et donc qu’à dégraisser) et que remonter le salaire des salariés n’en enrichira pas plus la communauté : vous donnerez de plus d’argent en plus à de moins en moins de gens pour finalement arriver à une assiette = 0. CQFD

    17h12 : vous dites :
    « Regarde ma réponse au « Yéti » plus haut. Je ne la répéterai pas. Tu abuses en parlant de « dictature » à propos de l’Europe ! »

    Réponse :
    Le Dictature à proprement parler n’est pas encore arrivée car sinon nous ne pourrions pas en discuter sur ce blog. Néanmoins, les éléments nécessaires à une dictature sont, peu à peu, en train de se mettre en place : des organes décisionnels non élus mais cooptés (par qui et selon quels critères ? Surement pas de critères appartenant au citoyen contribuable en tout cas), des normes prolifiques sur tout, absolument tout : vérifiez mes dires en consultant le JOUE (je vous en prie).
    Je vous laisse imaginer la suite : le pire ou le meilleur ?

    Cordialement,

  17. Avatar de laurence
    laurence

    @jean-Luc,

    la toute première chose que je tiens à vous dire c’est que je suis touchée.
    Touchée par le temps que vous prenez pour me répondre avec beaucoup de délicatesse…

    Vous mettez en lumière des aspects de mon fonctionnement (confusion des temps et des lieux ‘réflexion-action’…). Je vais prendre le temps d’y réfléchir soigneusement… Et d’observer davantage 😀

    J’ai aimé vos métaphores poétiques liées à la musique… Et aussi cette aptitude que vous avez à observer et vous soucier des autres.

    Bien sûr parmi vous tous je suis totalement ignorante et peu productive:(
    Cependant cela m’émeut beaucoup d’accompagner à ma manière (maladroite) tous ces échanges et toutes ces personnes tendues dans un effort commun de remettre les choses et surtout les gens, l’homme, à sa juste place au coeur de la dérive que nous connaissons (de mieux en mieux d’ailleurs, grâce à l’initiative merveilleuse de Monsieur Jorion).

    Merci à vous et… à tous ceux qui contribuent à enrichir cet espace de rencontres d’échanges et de découvertes

    Poste d’ observation… Mais pas seulement. On le sent et on a la ‘chair de poule’: avec vous le monde pourrait prendre une tournure nouvelle.

  18. Avatar de AAA+
    AAA+

    Il y a plusieurs année, alors que l’Euro n’existait pas encore, j’assistais à une conférence d’un avocats spécialiste de la chose européenne et de ses instances pour y avoir passé l’essentiel de sa vie. Je me souviens de son propos. L’Europe naitra dans le sang ou périra par le sang ! Depuis, L’Europe « fédérale » s’est dotée d’une monnaie commune, ce qui complique l’affaire, mais qui pourrait accélérer la réalisation de cette prophétie. A l’instar des États-Unis d’Amérique qui ont connu leur guerre de sécession, les États-Unis d’Europe pourraient bien se trouver dans cette situation de sécession. Si un pays des « PIGS » venait à vouloir s’affranchir de règles imposées par les États riches; que se passerait-il ? Il est toujours possible d’affirmer que cette éventualité serait plus catastrophique encore, mais si la situation intérieure de ce pays sécessionniste devenait telle que seule une sortie apaiserait le mécontentement populaire, que feraient ces pays riches, forts et puissants! et seuls militairement capables de faire rentrer dans le rang le récalcitrant? Refuser le recours à la force, (pas nécessairement militaire), et c’est la fin de l’Europe, et y recourir c’est aussi la fin de cette Europe.
    Situation pour le moins devenue problématique à bien des égards.
    Quant aux gaspillages de l’argent public si souvent invoqués pour justifier des politiques de désengagement des États, qui pourraient accepter que l’on gaspille l’argent public, à part les banques bien entendu.
    Permettre une éducation pour le plus grand nombre,…gaspillage!
    Aider les plus démunis,…..gaspillage!
    Permettre l’accès aux soins pour tous,…..gaspillage!
    Avoir permis au Portugal de rattraper son retard économique,….gaspillage!
    De même pour l’Irlande l’ingrate,….gaspillage!
    Les vraies difficultés sont là, les vapeurs de l’alcool se dissipent et il reste une méchante gueule de bois. La tolérance fait défaut, et les coups de gueule deviennent la norme en matière de réflexion.
    Les Grecs n’ont que ce qu’ils méritent, dixit la méritocratie, sauf que la fin qu’ils méritent, pourrait être la notre.

  19. Avatar de Jean-Pierre Pagé
    Jean-Pierre Pagé

    Je suis heureux que ce texte ait pu donner lieu à un débat qui a permis à de nombreux participants de s’exprimer. Je suis frappé par l’intensité de leur engagement et par le caractère très fourni de l’échange.
    En conclusion, j’en retiens quelques points saillants.

    1) Le malentendu concernant l’Union Européenne qui date du débat sur le Traité Constitutionnel et qui n’a pas été dissipé. L’Union Européenne, assimilée à la seule Commission Européenne (on parle de cooptation et ignore complètement le Parlement Européen qui est élu), est présentée comme une sorte de Moloch qui exercerait une dictature et tyranniserait les malheureux pays-membres. Les clichés ont la vie dure ! C’est ignorer les transformations survenues depuis lors : l’affaiblissement de la Commission, l’affirmation du Conseil des Etats et le renforcement du rôle du Parlement dans le cadre du Traité de Lisbonne. Ce dernier est présenté comme gravé dans le marbre, alors qu’il n’est nullement immuable et promis – dans les faits – à de nombreuses modifications.

    2) La tentation du « repli sur soi », alors que ce serait pour les pays-membres de l’Union Européenne, à commencer par la France, se condamner à un rôle minimal dans le monde.

    3) Aussi des contresens concernant l’euro. Ce ne serait dans l’intérêt d’aucun pays et de sa propre population de sortir de la zone euro et récupérer sa propre monnaie. Dans l’univers de spéculation où nous vivons, ce pays serait condamné à voir sa monnaie passer de dévaluation en dévaluation, sans résoudre son problème. Aussi, tous les pays membres de la zone euro veulent y rester, même et surtout les plus faibles, et ceux qui n’en font pas partie veulent y entrer pour bénéficier du bouclier de protection qu’elle constitue.

    4) Une prise de conscience encore insuffisante du mal que fait la spéculation financière et des transformations de ce que l’on appelle la finace qui s’est déconnectée de l’économie réelle. C’est là qu’il faut porter le fer. Les intentions manifestées au cours des réunions du G20 n’ont pas été suivies d’effets. La spéculation et les pratiques malsaines ont repris de plus belle, comme en témoigne le rebond de la crise avec l’attaque des Etats. Il faudra beaucoup de courage et de volonté politiques pour en venir à bout.

  20. Avatar de VB
    VB

    Bonjour,

    Je voudrai juste préciser certaines petites choses concernant l’UE (mettre les points sur les i) : le déficit démocratique n’est pas seulement lié à la nomination du président de la Commission (même si la nomination du président de ladite Commission, actuellement le sieur Baroso, est en soi l’objet de tractations qui échappent définitivement au citoyen européen).

    Le déficit démocratique au sein de l’Europe provient de plusieurs choses :

    1) la création de l’Europe, initialement conçue comme une Europe du Commerce (un marché européen, lequel a débuté par la CECA : communauté européenne du charbon et de l’acier) ; les populations européennes, alors douloureusement atteintes par les séquelles de la seconde Guerre Mondiale, n’ont jamais été interrogé sur l’opportunité d’une telle finalité attribuée à l’Europe ;

    2) les nominations des actuels président permanent du Conseil européen (Van Rompuy) et chef de la diplomatie européenne (Catherine Ashton) n’ont pas grand chose à envier, en termes d’opacité, à la nomination du président de la Commission ;

    3) la manie « réglementative » dont font montre les eurocrates : les peuples européens n’ont pas leur mots à dire sur la quantité de textes, quelqu’en soient la forme, émanant des sources européennes.

    A cela, je vous concède que le Parlement est aujourd’hui élu au suffrage universel direct, ce qui ne résout pas tout loin de là car jusqu’à une période très récente (le Traité de Lisbonne), ce même parlement n’avait que très peu de pouvoirs (rien à voir avec les compétence de nos parlement nationaux).
    Depuis le Traité de Lisbonne, il est vrai que le Parlement européen est sur un quasi pied d’égalité avec le Conseil de l’UE (de nombreuses décisions relevant du processus dit de codécision).
    Toutefois cela ne résout pas tout non plus. En effet, comme l’a très bien expliqué Madame Lepage, la majorité au sein du parlement européen est constituée de gens endoctrinés par la culture libérale (au mauvais sens que le terme a pris) et qu’une volonté de changement n’est donc pas inscrite sur le fronton de ce parlement ; selon les propres termes de Madame Lepage, le changement ne peut se faire qu’à la marge. Je vous renvoi à son dernier billet invité pour plus de détail.

    Il résulte de tout cela que l’UE ne peut pas vraiment être qualifié de « démocratique », ni dans ses objectifs, ni dans ses moyens.

    Cordialement,

    1. Avatar de Jean-Pierre Pagé
      Jean-Pierre Pagé

      Je vous accorde que la situation n’est pas parfaite et vous suis dans vos objections. En particulier, la manière avec laquelle le Traité de Lisbonne a été appliqué (la nomination du Président du Conseil et, surtout, du Haut Représentant pour les affaires extérieures, ne fait pas honneur à ceux qui y ont procédé) ajoute, actuellement, à la confusion. Et ce que vous dîtes concernant la « culture » de la plupart des députés européens est tout à fait exact (je partage entièrement le point de vue de Corinne Lepage). Mais on pourrait en dire malhereusement autant des députés de notre Parlement national, y compris à gauche ! Je garde néanmoins bon espoir et ce sera peut-être un aspect positif de la crise (qui est loin d’être terminée !) d’ouvrir les yeux à beaucoup.
      Merci pour votre commentaire.

  21. Avatar de VB
    VB

    Rebonjour,

    Oui, tout cela résulte d’un déficit démocratique qui n’en est pas moins présent dans notre régime politique national. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je n’ai pas, contrairement à vous, « bon espoir » d’un changement qui pourrait résulter de la crise. Au contraire, le risque me semble grand d’une crispation des « élites » actuelles sur leur pré carré et d’un basculement de la pseudo démocratie actuelle vers quelque chose de beaucoup moins réjouissant pour la collectivité.
    Par ailleurs, comme vous l’avez remarqué par « culture libérale » (au sens financier que ce mot à pris), il faut comprendre une déculturation (pardonnez le néologisme mais il me semble particulièrement expressif) humaniste.

    Cordialement,

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  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

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