Billet invité.
Juste à temps ! Angela Merkel et François Hollande participeront ce soir au débat du Parlement européen sur « la crise migratoire » retransmis par la télévision, et il leur fallait des biscuits pour paraître. C’est chose faite. Jean-Claude Juncker de la Commission et Donald Tusk du Conseil européen avaient été opportunément chargés lundi dernier d’arracher à Recep Tayyip Erdogan, le président turc, un accord de coopération dont ils vont pouvoir se prévaloir mais qui est une coquille vide…
Selon les autorités européennes – les Turcs gardant pour le moment le silence – un « plan d’action » a été dressé, dont chacune des propositions doit être approuvée par les deux parties. Voilà qui ressemble à une liste de désaccords à résorber ou l’on ne s’y connait pas !
Trois millions de réfugiés supplémentaires pourraient provenir de Syrie, s’est ému Donald Tusk, et il faut cette fois-ci prendre les devants : il n’y a rien d’autre à faire que de les arrêter. Il est donc demandé à la Turquie de créer six « centres de réception » des réfugiés, d’accroitre les patrouilles maritimes – présentées comme des « opérations de secours », mais visant à empêcher les réfugiés de rejoindre les îles grecques – et de récupérer les migrants économiques refoulés de la zone Schengen.
En contrepartie du service rendu, l’Union européenne envisage de mobiliser « jusqu’à un milliard d’euros » sur deux ans, et de verser 500 millions d’euros à un fonds de financement sanitaire et de scolarisation des réfugiés en Turquie. La porte de l’Europe est également entrebâillée pour les Turcs, la mise en œuvre du « plan d’action » allant contribuer à « accélérer le processus de libéralisation des visas », qui sont aujourd’hui obligatoires, selon le communiqué de Bruxelles.
Enfin, utilisant une formule ciselée, les dirigeants européens s’engagent à « soutenir » les projets de « réinstallation » de réfugiés au départ de la Turquie, sans autre précision car il s’agit du sujet hautement sensible de leur accueil et répartition au sein des pays de l’Union européenne à propos duquel rien ne filtre.
Par défaut, les hautes autorités européennes pratiquent un jeu de défausse et placent le sort de leur politique dans les mains d’un dirigeant turc pas spécialement fréquentable. On ne va plus beaucoup parler des droits de l’homme en Turquie, ce sont les Turcs qui vont payer le prix fort d’un accord et non pas les gouvernements européens.
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