Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Les quinze derniers jours ont été épuisants. La question que j’essayais de résoudre était : comment mettre un point final à un ouvrage sur la crise alors que la crise bat son plein ?
Le manuscrit de L’implosion a été déposé le 31 mars. Début juillet, les Parisiens partent en vacances et les messages qu’ils vous envoient dans les jours qui précédent disent tous la même chose : « comme vous le savez, la terre s’arrête de tourner jusqu’au 1er septembre… ».
La chose avait été démentie durant l’été 2007 bien entendu. Si pour le monde de la finance, la crise des subprimes avait débuté le 22 février avec la chute brutale des indices ABX, indiquant une soudaine dépréciation des Asset–Backed Securities adossées à des prêts hypothécaires américains du segment subprime, pour le commun des mortels, la crise avait débuté le 10 août, quand la BNP annonçait qu’il lui était impossible de valoriser ces mêmes Asset–Backed Securities au sein de son portefeuille, ce « pas de prix » interdisant désormais de savoir qui avait perdu quelles sommes et représentait quel risque pour ses contreparties, provoquant un tarissement immédiat du crédit.
Donc dans les tout premiers jours de juillet, j’expliquais à Claude Durand, le patron des éditions Fayard que l’été 2008 serait très chaud, pas à la plage, mais en raison de la chute probable de Fannie Mae et Freddie Mac, et le 15 me parvenait un feu vert : « Allons-y ! Et visons un manuscrit terminé le 15 septembre ! »
Arrivé au 1er septembre, il était parfaitement clair que si le couteau était bien tombé de la table, il n’avait pas encore atteint le sol. Alors que faire ? Eh bien : commencer à tirer les épreuves, tout en continuant d’écrire.
Et c’est là que je voulais en venir : parce qu’il s’agit alors d’un exercice passionnant même s’il est absolument épuisant : comment proposer un instantané qui ait un sens d’un processus en train de se dérouler ? Il faut définir des sous-processus et déterminer quels sont ceux qui ont abouti et que l’on peut alors rapporter, et quels sont ceux qui sont toujours en cours et qu’il faut alors délaisser. Mais comme l’on sait qu’on est cependant bien en train de boucler, on est obligé de faire dans le provisoire et le prévisionnel, avec moult points de suspension, voire, comme dans le chapitre consacré à l’éventualité d’un krach, à l’instar de ce qu’il existe dans certains romans ou certains films : l’esquisse de deux fins alternatives.
Les premières épreuves de « La crise » furent tirées à partir du manuscrit déposé le 15 septembre. Hier, 30 septembre, à la clôture de la bourse de New York, j’ai mis un point final. Mon texte de corrections et d’additions aux premières épreuves fait 72 pages, écrites durant les deux semaines qui séparent ces deux dates. Merci à Mesdames et Messieurs les membres du Congrès américain qui, en rejetant le plan de sauvetage du secteur bancaire de Mr. Paulson, ont créé le petit temps d’arrêt dont j’avais besoin : celui qui m’a permis de lancer la fléchette allant marquer un point final.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
24 réponses à “Le point final”
@ Paul Jorion
Tout d’abord, merci d’avoir été aussi présent sur votre blog alors que vous étiez engagé dans une course infernale contre la montre.
Ensuite, tous mes vœux pour que cet ouvrage fasse un malheur dans les ventes des librairies ! Dans un invers saturé de pseudo-informatio, on a vraiment besoin d’explications claires, franches et sans détours !
Je termine par une question. Sur le site « Les mots sont imoprtants », je viens de tomber sur un texte de Laurent Lévy intitulé « Une privatisation des fonds publics ». Je me permets d’en citer ici les deux dernniers paragraphes, qui résument assez bien le propos :
« Les opérations en cours dans divers pays capitalistes n’ont rien à voir avec ce que l’on pourrait appeler des nationalisations : non seulement il n’est pas question de remettre à la collectivité les pôles les plus forts de l’économie, mais bien au contraire, on demande à la collectivité de mettre la main au portefeuille pour fournir des béquilles à un système bancaire et financier affaibli par la logique même de leur fonctionnement naturel ; de lui donner, en somme, un souffle nouveau pour pouvoir reprendre le cours de son règne sans partage sur le monde et sur la vie des plus humbles.
Loin de donner à un secteur public développé les moyens sur lesquels le capital assoit sa domination, il s’agit de donner au capital les moyens de la poursuivre. Ce n’est pas à la nationalisation des banques que l’on assiste, mais à la privatisation des fonds publics. »
Êtes-vous d’accord avec cette analyse ? Comme vous pouvez l’imaginer, la question posée par L. Lévy n’est pas sans générer une considérable angoisse…
Paul Jorion,
Vos articles sont toujours passionnants et ce d’autant plus qu’ils recèlent d’indéniables qualités littéraires.
Si tous les économistes et autres chercheurs avaient votre talent, la vulgarisation scientifique ferait des progrès immenses.
A quand l’édition de vos oeuvres complètes (provisoirement) dans la Pléiade ?!
Je pense sincèrement que dans quelques décades on lira encore votre prose.
@hopfrog
sans contreparties adequates (prise de participation, garantie sur les bénéfices futurs, droit de decisions sur les renumerations et les dividendes), l’argent investi par l’Etat n’est effectivement pas une privatisation partielle ou totale ; avec des contreparties, si. C’est apparemment la grande difference entre Paulson A et Paulson B.
Est ce le cas dans toutes les opérations financières de renflouement ? la, c’est beaucoup moins clair.
Reprise de Bear Stearns, Wachovia avec garantie de l’Etat mais sans conditions ?
Pour AIG, il semble y avoir des conditions mais la terminologie laisse un peu de flou. Prise de participation à 80% + pret avec un fort taux remboursable sur 2 ans… est ce à dire que l’Etat se prete à lui même ? Doit il redonner (sans plus value ou rénumération de son action plus que les taux d’interets du pret) sa participation dans les 24 mois si AIG a remboursé ?
Le mot nationalisation etant tabou, il est peu employé par ceux qui refusent son sens.
Dans l’esprit, on entend bcp que les nationalisations sont à durée limitée mais qu’est ce que cela signifie t-il ? Qui decide de cette durée ?
Pourquoi rendre au secteur privé une entreprise rendue à nouveau profitable ? Il s’agit ici d’ideologie de voir l’Etat intervenir partiellement ou totalement dans certaines parties de l’economie. La pression sur l’ouverture des monopoles publics fait partie de ce débat. Est ce que tous les marchés (education, transport, eau,…) doivent à terme être livrés à la concurrence privée ? Les exemples sur l’eau (france) et les transports (GB) voire l’alimentation (monde) semble montrer que non.
Accepter une nationalisation au long terme serait revenir sur la victoire ideologique qui a fait accepter aux gens que des secteurs d’activités (energie, transport ferroviaire, poste) se doivent d’etre dans le domaine privé y compris dans un pays comme la France.
Posseder un secteur d’activité est un moyen pour l’Etat de ne pas dire qu’il ne peut rien faire, qu’il est en position de faiblesse par rapport à des multinationnales qui dictent leurs regles et leurs prix en s’entendant regulierement entre elles.
La bataille actuelle est celle du role de l’Etat et du secteur privé. L’Etat doit il intervenir pour aider les entreprises privées selon les desirs de celles-ci ou tenir un role d’interet général en exigeant que toute aide soit conditionnée par une juste répartition sociale.
L’exemple théorique du salaire maximum évoqué au USA fait partie de ces choix. Cette proposition symbolique revele l’injustice sociale de la repartition des salaires au sein d’une meme entreprise et contredit des années de justifications de ces indécents revenus (etablis sur fond de « moderation » salariale ou de licenciement des personnes hierarchiquement inférieures)
Oui, il y a privatisation des fonds publics si l’Etat ne fixe pas des regles sociales aux entreprises qui sont aidées, que ce soit pour cette crise ou en temps normal (allegements sociaux ou autres aides)
À Hopfrog,
« Est ce le cas dans toutes les opérations financières de renflouement ? la, c’est beaucoup moins clair » remarque justement Bizz après vous, et dont je salue la perspicacité du propos et des interrogations.
Je ne dis pas autre chose que ce que dit Laurent Lévy (que je ne connais pas d’ailleurs). Dans cette « crise » financière et ses « traitements », c’est le domaine du Privé qui instrumente le domaine du Public. C’est ce prisme: Privé–>Public qui est le bon, et non le prisme: Public–>Privé, ou alors, il faudrait l’écrire ainsi: Public<–Privé, c’est sans doute plus juste.
Il y a là toute l’ – ambigüité – de l’actualité financière et de l’histoire des États-Unis depuis leur fondation. Mais c’est surtout l’histoire du monde occidental depuis la formation de la Banque D’Angleterre (1694), devenue depuis modèle bancaire et monétaire mondial (car mondialiste…) et qui « bat la mesure ». L’histoire du Dollar ET l’histoire des États-Unis sont confondues ensemble, l’une ne va pas sans l’autre. L’actualité parle d’elle-même ai-je l’habitude de dire.
Il faut voir (lien ici) ce petit film de 45 minutes pour bien se rafraichir, ou s’enrichir la mémoire, il y a aussi d’autres documentations. L’important dans ce qui est dit ici, c’est l’impact réel sur l’histoire ET l’acualité. C’est cet impact très réel dans l’actualité historique et l’actualité tout court d’ailleurs, qui donne tout l’intérêt de ce genre de documentation.
Vous avez bien fait de poser la question au vu des extraits d’articles de Laurent Lévy
Hommage de Jacques Attali … d’accord c’est un peu tard mais ça doit vous faire plaisir :
Avec Paul Jorion aux Etats-Unis et Michel Aglietta en France …
Utiliser les livrets A ?!!
« Parmi les pistes à l’étude à l’Élysée, la plus spectaculaire consisterait à utiliser une partie des fonds du livret A pour assurer le bon financement de l’économie. Le livret A ayant joué le rôle de valeur refuge ces derniers mois, il a bénéficié d’un afflux de liquidités. (…) Bercy étudie donc la possibilité de faire profiter les banques d’une partie de ce surplus pour soulager leurs problèmes de liquidité et leur permettre de continuer à financer les entreprises. Le mécanisme précis n’est pas encore arrêté. L’idée générale consisterait à investir une partie des fonds du livret A disponibles dans des emprunts – type certificats de dépôts – qui seraient émis par les banques pour une durée limitée. Les établissements financiers bénéficieraient ainsi de ressources stables sur moyen terme leur permettant de continuer à financer l’économie. Une manière de rétablir la confiance. »
Vous en pensez quoi ?
PS
@ Rumbo: Une vidéo que je trouve pertinente, à mettre en liens avec celle proposée.
@ Hopfrog:
« Ce n’est pas à la nationalisation des banques que l’on assiste, mais à la privatisation des fonds publics. »
Êtes-vous d’accord avec cette analyse ? Comme vous pouvez l’imaginer, la question posée par L. Lévy n’est pas sans générer une considérable angoisse… »
Cf les vidéos proposées, certaines inquiétudes me paraissent légitimes…
Paul,
J’étais un peu inquiet de votre silence alors que tant de choses se passaient. Mais c’était donc pour la bonne cause… littéraire.
Mais je m’inquiète de l’activisme de certains : Larouche lance ce soir, par une conférence de presse, une croisade pour un « nouveau Bretton Woods ». Ayant lu ce que dit son complice Français Jacques Cheminade, j’ai l’impression que les grandes manœuvres sont lancées, non pas pour mettre fin aux dérives capitalistes mais pour changer le groupe dirigeant à la manœuvre. Les derniers héritiers de la finance anglaise ne seraient-ils pas aux abois face à une nouvelle élite ? (On a parfois l’impression d’assister à une tentative de changement de famille dominante dans une maffia d’origine italienne 😉 ).
Sachez aussi que grâce à votre blog et aux liens multiples qu’il m’a permis de consulter, je me sens prêt pour influencer « dans le bon sens » mes corréligionnaires politiques. J’espère qu’ils auront eux aussi quelqu’influence car, comme le dit Lordon, cette crise majeure (systémique ?) « ouvre une exceptionnelle fenêtre d’opportunité par laquelle, à la faveur su spectacle de l’effondrement, il devient possible de dire ce qui était jusque là réputé ’indicible’ ».
Alain,
je suis bien d’accord avec vous.
Cheminade est un scientiste et un eurorusse qui veut substituer une oligarchie à une autre. La propagande pour « la guerre des étoiles » dans les années 80, c’est lui. En pleine Reanganie, on pouvait voir ses stands sur le pavé parisien qui vantaient les mérites de « la guerre des étoiles », l’étalon or, le nucléraire, la fusion, des projets de transports transcontinentaux pharaoniques (un train sous l’atlantique, rien de moins !). Au nom du keynésianisme on ne peut pas suivre n’importe qui. Le système monétaire international doit être refondu mais pas sous la forme d’une technocratie autoritaire.
le bon sens existe encore :
Aux USA les manifs continuent et une greve rampante des impots a commençé :
http://bailoutmainstreet.com/
Bonjour Paul,
Merci pour tes excellentes analyses sur ton blog.
Jacques ATTALI était interviewé sur la radio France Inter ce matin de 7h30 à 8h00.
Lors de son interview, il a cité ton nom lors de son analyse de la crise financière.
Tu commences à avoir une certaine notoriété qui est tout à fait justifiée par la qualité de tes analyses.
En espérant que tu trouves un nouveau travail en France et que tu puisses participer à la réforme de ce système financier qui était devenu de plus en plus virtuel parce qu’il était déconnecté de la réalité économique et surtout de la vrai création de richesse.
(voir l’article de Loic Abadie sur ce dernier point :
« Cette crise sera, espérons le, l’occasion d’en finir avec les politiques économiques néo-keynésiennes et autres avatars du monétarisme qui sévissent dans nos pays occidentaux…Elles ont fait oublier quelques fondamentaux essentiels : La croissance d’un pays s’obtient par le travail, l’innovation technique et scientifique et la formation des citoyens.
Elle ne se décrète pas à coup de « plans de relance », de « plans de soutien à la consommation », de bulles spéculatives, de gadgets financiers, de baisses (ou hausses) de taux ou tout autre type de « décret » d’une quelconque banque centrale !
Nos amis chinois le savent…beaucoup de pays occidentaux l’avaient oublié. »
Cordialement.
À Guillaume qui écrit:
« »Parmi les pistes à l’étude à l’Élysée, la plus spectaculaire consisterait à utiliser une partie des fonds du livret A pour assurer le bon financement de l’économie. Le livret A ayant joué le rôle de valeur refuge ces derniers mois, il a bénéficié d’un afflux de liquidités. (…) Bercy étudie donc la possibilité de faire profiter les banques d’une partie de ce surplus pour soulager leurs problèmes de liquidité et leur permettre de continuer à financer les entreprises. Le mécanisme précis n’est pas encore arrêté. L’idée générale consisterait à investir une partie des fonds du livret A disponibles dans des emprunts – type certificats de dépôts – qui seraient émis par les banques pour une durée limitée. Les établissements financiers bénéficieraient ainsi de ressources stables sur moyen terme leur permettant de continuer à financer l’économie. Une manière de rétablir la confiance.” »
Quelque soit le gouvernement qui le fasse ou une autre instance appropriée, s’il s’agit donc que les banques commerciales ne prêtent QUE l’argent de leurs déposants et rien d’autre. De même qu’un organisme national (ou d’un espace économique donné) soit le seul HABILITÉ à émettre la monnaie. Une monnaie étalonnée sur la seule PRODUCTION des biens et des services du pays ou de l’espace donné. Ce serait déjà l’accomplissement de la première exigence que nous formulons à l’ADED, lien ci-dessous (je l’ai déjà mis plusieur fois sur ce blog)
http://assoc.pagespro-orange.fr/aded/
C’est pour cela que la raison de cette mesure verrait sa pleine application, car elle maintiendrait une couverture monétaire (au moins M1) de 100%, et nonps comme à présent de environ 15% seulement, les environ 85% restant dépendant du « bon vouloir » des banquiers, comprenez la seule stratégie des actionnaires des banques. Cette couverture de 100%-monnaie serait la « garantie naturelle » contre l’inflation. Et les banquiers, cette fois mis en situation d’être assainis « naturelement » par les chiffres de – contreparties réelles -, ne feraient plus que leur vrai métier de gardiens et de gestionnaires de l’épargne.
Le problème de fond, ici que Paul, qui nous rend tant de services par ailleurs, nous entende, est le problème de la
– création monétaire – alias: politique du crédit, terme abscons s’il en est! qui veut tout dire et son contraire, qui fatigue inutilement notre entendement pour la « liberté » des milieux bancaires de mal faire. Tandis qu’à présent, nous voilà tous à rembourser, SANS FIN, des dettes (dettes publiques et souvent d’entreprises et individuelles) dans une combinatoire banques-États ou seule une coterie et ses affidés gagnent gros, et plus encore sur les grands nombres.
@Dominique Larchey-Wendling
A propos de l’ancien président de la commission commandée par notre président français destiné à relancer la croissance…………. ouf………… que vous citez avec considération (n’oubliez pas que les querelles de chapelles sont déconseillées ici !)
Décision fondamentale 20
Réduire les dépenses publiques, à hauteur de 1% de PIB par an à partir de 2009, soit 20 milliards d’euros de réduction par rapport à la tendance par an pendant 5 ans
S’inspirant de cela notre président va-t-il aussi s’interdire d’aider les banques en difficulté ?
@emmanuel
Je n’ai pas de considération particulière pour Jacques Attali … qui cherche à exister en utilisant les médias, un peu comme BHL. Mais puisqu’il a l’oreille des princes, il est intéressant de noter qu’il cite Paul Jorion. Il n’est pas encore désespéré au point de citer Frédéric Lordon.
Rumbo , je vois que nous accordons la même importance centrale à la question de la création monétaire; je suis donc surpris par votre analyse:
» il s’agit donc que les banques commerciales ne prêtent QUE l’argent de leurs déposants et rien d’autre. (…) Ce serait déjà l’accomplissement de la première exigence que nous formulons à l’ADED »
Oui, bien sur, mais là on parle du livret A, pas des comptes de dépôts en général.
– Le livret A:
« Les motivations de sa création par Louis XVIII étaient de solder la crise financière léguée par les guerres napoléoniennes. Pendant cette période, l’État a en effet dilapidé l’épargne de ses citoyens, la considérant comme la sienne propre. »
« Historiquement, l’État a toujours souhaité que la collecte du Livret A soit sécurisée, c’est-à-dire à l’abri des crises financières. Sans cette sécurisation, il aurait été possible d’assister à la faillite de nombreux épargnants, si par exemple la banque – ou l’État français – à qui était confié l’argent du Livret A venait à faire banqueroute. »
« La Caisse des Dépôts utilise ces fonds pour financer des missions d’intérêt général, et particulièrement le logement social (HLM) »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Livret_A
– Actualité de juin:
« L’Assemblée nationale a adopté, mercredi 11 juin, la généralisation de la distribution du Livret A à toutes les banques. Décidée dans le cadre du projet de loi de modernisation de l’économie, cette libéralisation répond à une demande de la Commission européenne, qui estimait que la situation de monopole du Livret A était une entrave à la libre concurrence. Selon un rapport de la commission des finances de l’Assemblée, le Livret A, créé en 1818, demeure le produit d’épargne préféré des Français du fait de ses nombreux attraits (défiscalisation, hauteur du plafond de dépôt, etc.). »
– Puis:
« Fin juillet, les fonds déposés sur le livret A étaient en hausse de 9,8 % sur un an.
La collecte a fortement augmenté ces derniers mois, conséquence de la hausse du taux de rémunération du Livret (porté à 4 % en août) et de la chute des marchés boursiers. « Cet afflux, un peu exceptionnel, dépasse largement les besoins du logement social » (remarque personnelle:Ile-de-France,300.000 familles en demande de logement social)
http://info.france2.fr/france/47029736-fr.php
– Enfin, je cite l’article:
« L’idée générale consisterait à investir une partie des fonds du livret A disponibles dans des emprunts – type certificats de dépôts – qui seraient émis par les banques pour une durée limitée. Les établissements financiers bénéficieraient ainsi de ressources stables sur moyen terme »
…
Le discours du président Sarközy de Nagy-Bocsa, se résume un peu à ça:
« les banques cocorico sont costaux, mais si elles venaient à mettre en péril votre épargne « Je » interviendrai et « Je » trouverai de l’argent pour nous sauver ». (discours de Toulon)
Quel argent? celui des livrets A?! C’est quand même un point important -d’où vient l’argent- quand il faut sauver les meubles! Aux Etats Unis, on a vu de tout…
Alors que les banques émettent des emprunts à partir des fonds des livrets A… OK, mais… pour relancer la « confiance »? ou pour jouer le rôle d’une éponge de l’épargne restant encore plus ou moins « sécurisée »?
Si quelqu’un peut m’expliquer de manière rationnelle que je m’en fais pour rien… mercis par avance 😉
Parmi les changements structurels qu’il préconise, Attali recommande de réserver exclusivement les opérations à terme à ceux qui ont une raison « économique » à le faire c.a.d. à ceux qui disposent vraiment de marchandises en collatéral. Est-ce une proposition crédible ou réaliste? Il faut savoir que la contrepartie d’un hedger est souvent un spéculateur pur. Si A vend du dollar à terme parce qu’ il attend d’être payé en dollars pour un bien qu’il a vendu et qu’il craint de voir le dollar se déprécier dans l’intervalle, sa contrepartie B qui achète ses dollars est souvent un spéculateur qui fait le pari inverse non pas pour se prémunir contre un risque de change mais pour réaliser un profit. Si on supprime B, A n’aura plus de contrepartie.
@ Mon vieux copain Michel
Il me semble que j’ai déjà répondu à cet argument dans Spéculation et liquidité. Le prix des matières premières (IV).
Pour le redire un peu autrement, le spéculateur n’apporte pas de la liquidité : il apporte du volume, mais ce volume n’a qu’un seul effet et il est négatif, c’est la volatilité du prix. Le seul intervenant qui soit capable d’apporter de la liquidité, c’est celui qui a vraiment une marchandise à livrer et celui qui veut vraiment en prendre livraison. Que sur certains marchés à terme la « livraison » soit réglée en espèces plutôt qu’en marchandise réelle ne change rien à cette logique.
Le spéculateur est un parasite sur les marchés à terme comme sur les autres. La liquidité est une excuse inventée par ceux qui tiennent ces marchés parce qu’ils y sont eux-mêmes spéculateurs, mais elle ne tient pas à l’analyse.
L’article de P.Jorion sur » Spéculation et liquidité » est lumineux car il met le doigt sur un comportement insoutenable de la spéculation quand on pense aux conséquences sur la vie de millions de gens. Il faut réglementer séverement les marchés à terme et casser la position du versant unique du bateau. Le prochain coté du bateau qui va pencher sera le domaine des énergies alternatives au pétrole : le nucléaire, l’éolien, le solaire…. Warren Buffett prend position chez GE qui fait des belles éoliennes et de belles centrales…. Les Chinois aussi fabriquent des éoliennes pas cher… En Europe,V estas un danois, Gamesa un espagnol….Et les francais, ils s’entassent coté Livret A !
À Guillaume et Rumbo à propos du livret A
Attention, on perd de vue une chose. L’utilisation de l’argent du livret A pour financer les entreprises risque de se révèler une catastrophe. Le livret A est le seul dépôt bancaire garanti à 100 % par l’Etat car centralisé à la CDC. L’utiliser pour financer l’économie, expose cette épargne à la crise. Les épargnants ne seront pas dupes et de nombreux observateurs ne manqueront pas de leur dire, ce qui dans la période actuelle risque bien de dégonfler les stocks. C’est une très mauvaise idée.
Oublions un instant les spéculateurs purs et considérons un autre exemple fictif. La filiale française d’un groupe américain doit rapporter ses résultats à la maison-mère dans 2 mois. Elle a réalisé des bénéfices en euros mais craint une dépréciation de l’euro face au dollar. Pour sauvegarder ses bénéfices, elle cherche donc à couvrir le risque de change en achetant du dollar à 2 mois. Au nom de quoi l’en empêcherait-on ? N’est-ce pas un motif « économique » qui la pousse à agir ainsi ?
@ Sounion,
« L’utiliser pour financer l’économie, expose cette épargne à la crise » on est bien d’accord…
@Sounion et Guillaume
Rémunérer une épargne qui n’a pas d’utilité est également un non sens, non ?
qui a dit que le supplément du livret A n’avait pas d’utilité ? Ceux évidemment qui veulent se servir du supplément…
Si le supplément devait servir à lancer de nouveaux programmes de logements sociaux, cet argent ne sera plus disponible pour le faire. L’utilité ce n’est pas seulement dans l’instantanée mais dans la disponibilité… et ca se rémunère bien entendu.
@Bizz
Si on ne finance pas l’économie productive (qui peut être une économie productive d’économies ) il faudra bientôt ne construire QUE des logements sociaux.
@A-J Holbecq
vous divergez dans votre argumentaire, l’argent en question a bien une utilité et le rénumérer aussi.
Effectivement, construire uniquement des logements sociaux n’est sans doute pas viable mais si c’etait pour une fois la priorité ca ne ferait que rattrapper le retard… ce d’autant plus que le gouvernement a annoncé le soutien de l’immobilier « non social ». Meme sans reprendre la celebre phrase sur le batiment, la construction entraine une activité importante et n’est pas pas deconnectée de l’economie productive. Il s’agit de choix, de priorités, de pondération. Aider les PME/PMI c’est tres bien mais il ne faudra pas dire dans 2/3 ans que le logement social a accumulé du retard du fait de la crise… J’aurai aimé et j’aimerais à l’avenir que l’urgence de la crise du logement social ait la meme reponse que l’urgence de la crise bancaire…
Il faut trouver des equilibres et le faire de maniere transparente et non ideologique.