Billet invité.
Il y avait Calais, il y a désormais Budapest, en attendant d’autres points de fixation. Mais il va falloir se rendre à l’évidence : s’il est toujours possible de bloquer ponctuellement les réfugiés, on ne peut arrêter un exode en marche. Antonio Guterres, le haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR), a d’ailleurs appelé à répartir 200.000 demandeurs d’asile, dépassant déjà les objectifs de répartition des réfugiés sur lesquels un accord européen ne s’est pas encore fait. En attendant, une course poursuite est engagée avec la construction du mur à la frontière hongroise : hier, 5.600 réfugiés sont entrés en Macédoine venant de Grèce, d’après le HCR. Et les sauvetages se poursuivent toujours en Méditerranée. Les flux ne tarissent pas.
Les manifestations de solidarité ne sont pas limitées à la distribution d’aides sur le parcours des réfugiés. Elles sont venues du Portugal ou bien d’Islande, où des milliers de vocations à l’accueil se sont spontanément déclarées. Les États ont des moyens mais la société civile prend les devants, manifestant à la fois son empathie et son réalisme, sachant qu’il ne faut pas trop attendre d’eux. Ayant déjà dû avancer sous la pression de leur opinion publique, les autorités européennes n’en ont pourtant pas fini. Une initiative est ainsi en train de prendre corps en Autriche, où se prépare un long convoi d’automobilistes ayant l’intention d’aller chercher dimanche les milliers de réfugiés bloqués en Hongrie. Un millier d’entre eux quittent déjà à pied la capitale pour rallier la frontière autrichienne, faute d’autres moyens. 300 réfugiés se sont évadés d’un camp de transit qui en regroupe 1.500 près de la frontière serbe. 500 autres réfugiés occupant un train bloqué et refusent toujours de le quitter pour rejoindre un autre camp.
Sans faire parler de lui, sinon parmi les réfugiés, un réseau international intitulé « Watch the Med » (surveille la Méditerranée) a été mis en place depuis trois ans afin de venir en aide aux réfugiés en détresse qui traversent la Méditerranée. Il aide à localiser ceux-ci et alerte les sauveteurs en mer, son numéro d’appel distribué dans les lieux de départ et aux frontières.
L’exode se poursuit selon deux grandes routes qui traversent la Méditerranée et les Balkans. Les réfugiés restent encore souvent tributaires des passeurs, mais ils s’organisent de plus en plus via les réseaux sociaux, où ils bénéficient des expériences et des enseignements de ceux qui les ont précédés. Les GPS de leur téléphone leur servent à s’orienter, et Facebook a échanger les informations pratiques et à communiquer avec les organisations qui leur prodiguent de l’aide, ainsi qu’avec leurs familles. Leur smartphone est leur principal soutien et leur bien le plus précieux, ce que le HCR a pris en compte en distribuant par milliers en Jordanie, début de leur périple, des cartes SIM et des chargeurs solaires. Également présents sur les réseaux sociaux, les passeurs y décrivent leurs services et leurs tarifs, comme de véritables agences de voyage. Mais, signe des progrès d’auto-organisation des réfugiés et de leur moindre dépendance à leur égard, leurs tarifs ont déjà baissé de moitié.
Au nom de l’ONU, Antonio Guterres a rappelé les États à leurs devoirs. Les réfugiés reconnus « doivent ensuite bénéficier d’un programme de réinstallation de masse », car il y a accueil et accueil, et il s’agit dans ce cas de favoriser une véritable insertion. Mais dans l’immédiat il faut faire taire les récriminations réciproques, proclament les responsables européens, et engager la réalisation des « hot spots » en Italie, en Grèce et en Hongrie, qui auront pour mission de faire le tri entre les demandeurs d’asile. Le gouvernement français en fait un préalable à l’acceptation de tout programme de répartition des réfugiés, avec l’espoir d’en restreindre le flux autant que possible, après s’être tardivement rallié à un tel programme.
PJ : « Un lecteur d’aujourd’hui de mon livre Principes des systèmes intelligents » Je pense que c’est le commentateur Colignon David*…