APRÈS LA ZONE EURO, L’ESPACE SCHENGEN… , par François Leclerc

Billet invité.

Tout fout le camp ! la zone euro était hier menacée d’éclatement, aujourd’hui c’est l’espace Schengen qui est en passe de ne pas résister. L’Europe, décidément, ne se porte pas bien du tout. A qui la faute ? Dans les hautes sphères, la perte de repères et de sang-froid est manifeste.

L’illustrant, Donald Tusk, le président en titre du Conseil européen, a déclaré que « la priorité de l’Europe reste d’empêcher les migrants de perdre la vie en tentant de rejoindre l’Europe » tout en rejetant les actes racistes et xénophobes. Michel Cazeneuve, le ministre français de l’intérieur annonce pour toute mesure concrète que l’objectif est de « zéro passage » des clandestins à Calais. Vaclav Klaus, chef de l’Etat tchèque de 2003 à 2013 est plus explicite : « Si l’Europe veut commettre un suicide en recevant un nombre illimité de migrants, qu’elle le fasse, mais sans notre accord ». Il faut s’en remettre à Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol, pour entendre « Ce que nous vivons là, c’est le plus grand défi pour l’Europe pour les années à venir. Nous devons trouver une réponse face à ce grand défi ». Mais il ne la formule pas.

Il faudra attendre vendredi de cette semaine pour savoir ce que proposent les premiers ministres hongrois, polonais, slovaque et tchèque, qui vont se réunir à Prague. Et le 14 septembre, pour connaitre les décisions des ministres de l’intérieur de l’Union européenne, dont la réunion « en urgence » est imperturbablement annoncée pour cette date. À quoi bon se précipiter quand on ne sait pas quoi faire ?

Comment endiguer, sinon arrêter, un tel flux de réfugiés qui fuient la guerre, la dictature et l’insécurité en provenance d’une région entière du monde, qui va de l’Afghanistan aux marges du Maghreb ? Un chaos dont les Occidentaux portent une part indéniable de responsabilité avec leurs interventions, et dont nul ne sait quand et au profit de quoi il se stabilisera. Comment, dans ces conditions, séparer les réfugiés des migrants pour raison économique, comme les autorités européennes s’y raccrochent ? Comment aider, s’il leur en vient toutefois l’idée, les pays comme la Turquie, le Liban et la Jordanie qui, aux frontières de l’Europe, accueillent déjà la grande masse des réfugiés ? Les questions ne sont qu’à peine formulées.

Hélas, ce nouvel épisode de la crise européenne a de différent des précédents qu’il exige des solutions qui ne peuvent être repoussées à plus tard, comme l’habitude s’est installée ! Et pour une fois, la BCE ne peut être appelée à la rescousse. Les dirigeants européens s’en trouvent encore plus divisés, Angela Merkel appelant à cesser les mises en causes réciproques. L’Europe a les moyens de faire face, on ne peut en dire autant de ses responsables.

Dans l’immédiat, ceux-ci parent au plus pressé et tentent de ralentir l’exode sur la route de l’Allemagne, que ce soit sur le continent grec ou aux frontières italienne et hongroise avec l’Autriche. Cela ne fait pas une politique.

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