Billet invité.
« Une prison à ciel ouvert de confinement dans les maisons et sur les routes » : c’est par cette description peu engageante que Greenpeace décrit le projet de retour des évacués de la région autour de la centrale de Fukushima qui est mené à grand train, normalisation oblige.
Une armée de quelques 20.000 travailleurs décontamine onze localités où le niveau d’irradiation est compris entre 20 et 50 millisieverts par an, afin qu’il passe sous la valeur inférieure de cette fourchette déclarée inoffensive par les autorités japonaises. Le programme s’arrête en effet à 20 mètres des habitations et des bâtiments et inclut seulement les terres cultivées mais pas les forêts de cette région montagneuse. Ce qui fait craindre une contamination ultérieure à la faveur des pluies et des eaux de ruissellement, atteignant les villages où le retour des habitants est activement préparé.
La terre et la végétation contaminées sont enfermées dans d’énormes sacs en plastique, disséminés en plein air au gré des opérations. Ils font désormais partie du paysage en attendant d’être regroupés dans de futurs sites d’entreposage autour de la centrale, là où la contamination est supérieure à 50 millisieverts par an. Ils avoisineront les centaines de réservoirs de stockage de l’eau contaminée produite par les réacteurs sinistrés de la centrale, une solution elle aussi présentée comme provisoire mais sans autre alternative préconisée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) que… son déversement dans la mer.
Qui reviendra au pays des 70.000 évacués qui vivent dans des campements provisoires ? Les personnes âgées sont toutes désignées, attachées à la terre de leurs ancêtres et estimant ne pas avoir à craindre vu leur âge les effets mal connus d’une exposition à de faibles niveaux de radioactivité. Les jeunes, c’est beaucoup moins sûr, à moins qu’ils n’y soient conduits par la suppression des aides financières qu’ils reçoivent… Quel sera le destin de cette région de 25.000 hectares, une fois les vieux réinstallés pour le temps qu’il leur reste à vivre ?
Progressivement, le rêve d’un retour comme si rien ne s’était passé s’estompe : la vie ne sera plus jamais comme avant dans cette vitrine trompeuse qui s’inscrit dans la lignée des villages Potemkine. Les évacués de Fukushima vont faire les frais de la propagande gouvernementale qui cherche à relancer le parc nucléaire japonais.
Beau projet pour une « start-up » ! Elon Musk n’aurait pas 8 millions d »€ pour éliminer un concurrent encore plus radical…