Billet invité.
« Nous voulons tous que la Grèce réussisse ! », a assuré en fin de semaine Mario Draghi en donnant la clé d’un succès qui repose selon lui sur le gouvernement d’un peuple décidément paresseux : « il faut beaucoup plus de travail ». Mais ce qui fait encore obstacle après tant de semaines de négociations infructueuses reste un mystère.
Également présent à Washington en raison de la tenue des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, Pierre Moscovici a exprimé une vue sensiblement différente afin de se démarquer : « on travaille et on fait des progrès, mais ces progrès sont trop lents et à ce stade trop faibles ». Puis il a apporté cette précision éclairante : « il manque beaucoup de choses » dans la liste de réformes que la Grèce doit présenter à ses partenaires.
Heureusement, Mina Andreeva, l’une des porte-parole de la Commission, a apporté un éclairage appréciable : « le problème n’est pas qu’il n’y a pas assez de dialogue, mais pas assez de travail technique. Il manque des chiffres, des tableaux détaillés ». Klaus Regling, le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), a continué de tourner autour du pot tout en s’approchant du sujet : « ce que les Européens veulent, c’est une liste complète de réformes, qui soit suffisamment crédible pour garantir que la Grèce puisse ensuite revenir à une situation viable. » Ajoutant pour toute précision : « pour le moment, le compte n’y est pas ».
On a rarement connu une telle conjuration du silence ! Comme si le non-dit faisait office d’éléments de langage, il n’est pas question d’identifier les points de désaccord entre les négociateurs européens et le gouvernement grec. À croire qu’il est politiquement inconvenant d’identifier les lignes rouges que le gouvernement grec a clairement annoncé ne pas vouloir franchir, au risque de mettre ainsi en évidence une disproportion inassumable entre les mesures qui sont exigées et leurs conséquences.
Confrontés à leur propre échec, les hypocrites avancent masqués.
En fait personne n’a les moyens de ce genre d’ineptie sur Terre. L’Espèce vit à crédit depuis un peu trop…