Billet invité. À propos de Le temps qu’il fait le 3 avril 2015.
Que faut-il faire ?
Cette question que vous posent les personnes qui vous écoutent, Paul Jorion, et vous lisent, demeure entière. Nous tous, nous nous la posons en permanence sans jamais trouver la réponse depuis les premiers frémissements de la crise climatique ; car nous avons malheureusement le sentiment que tout ce qui pouvait l’être déjà, l’a été…
Les personnes sensibles à ces questions de société se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une main alors que les personnes qui ne tournent pas le dos aux médias de masse et aux informations sans aucun intérêt sont très largement majoritaires. Et les personnes qui s’ingénient à lobotomiser volontairement tous ces cerveaux s’attaquent même aujourd’hui, par la censure, à Internet où la désinformation est déjà bien en place. Mais est-ce pour autant surprenant ?
Non !
Tout est corrélé. Et ces crises des systèmes complexes observés, qu’elles soient énergétiques, climatiques, biologiques, démographiques, technologiques, économiques, stratégiques ou politiques, qui se sont agrégées en un seul et unique soliton comme vous le décrivez si bien à chacune de vos conférences, trouvent leur paroxysme dans la monomanie dont souffre aujourd’hui l’ensemble de l’humanité car à toutes ces crises s’ajoute une crise philosophique majeure par manque ou oubli d’éclectisme…
Mais alors, que faut-il faire ?
Seule une onde de choc suffisante pourrait détourner l’attention de l’humanité tout en l’éloignant de sa routine quotidienne et vorace dans laquelle elle s’est laissée aller. Il n’y a hélas pas d’autre solution devant l’ampleur de la tâche de réinformation qui nous attend.
Mais alors, comment s’y prendre ?
En visionnant cette scène impressionnante du film Interstellar : le soliton, mais qui résume assez bien à elle seule toute la gravité de notre situation, il y a peut-être ici un indice important à exploiter :
– Cooper est le premier à comprendre qu’il ne s’agit pas de montagnes mais d’une vague gigantesque qui s’éloigne
– Cooper est aussi le premier à se retourner et découvrir la vague suivante, toute aussi gigantesque, qui menace le Ranger et par là même l’ensemble de l’expédition
– Cooper donne aussitôt l’alerte au reste de l’équipage lui ordonnant de revenir immédiatement à bord
– mais le docteur Brand, aussi avisée soit-elle, ne l’entend pas de cette manière et s’entête à vouloir sauver des données devenues de facto inutiles
– dans sa précipitation, le docteur Brand met en péril le dernier espoir de l’espèce humaine en se prenant le pied dans les débris de l’épave de Miller
– Doyle qui est tout près du Ranger ordonne aussitôt au robot CASE de courir la chercher pour la ramener
– CASE s’exécute à la perfection et sauve le docteur Brand de son emprise tout en abandonnant les données
– Doyle demeure debout à côté du Ranger, attendant le retour de CASE
– CASE ne se fait pas prier et saute à bord du Ranger avec le docteur Brand
– pour une raison inexpliquée, Doyle tarde beaucoup trop à monter à bord
– Cooper n’hésite pas une seconde de plus à refermer l’écoutille
– Doyle est alors piégé dehors, emporté par le soliton, et avec lui le Ranger
– Doyle y laisse évidemment la vie
– une fois la vague passée, le Ranger est sauvé mais ses propulseurs sont noyés et Cooper devra patienter 45 mn avant de pouvoir redécoller
– mais 45 mn à attendre ici équivaut à des années de perdues sur Terre
– Cooper très en colère se lâche : « On n’a pas la préparation pour ça… Des intellos… Vous avez autant d’aptitude à la survie que des enfants de chœur ! »
– Brand réplique : « Oui eh bien nos cellules grises nous ont mené ici plus loin que tout autre être humain dans l’histoire… »
– Cooper s’énerve : « EH BIEN PAS ENCORE ASSEZ LOIN ! »
Tout est dit… Nous pourrions même estimer que nous en sommes là… Aussi poursuivons un peu :
– une nouvelle vague approche, toute aussi gigantesque que les précédentes
– Cooper n’a plus le temps d’attendre et décide contre l’avis de CASE un décollage de fortune
– Doyle y aura laissé la vie, 23 années sur Terre auront été perdues, les données de Miller auront été perdues elles aussi, mais l’expédition aura finalement été sauvée in extremis
Mais alors, pourquoi Cooper réagit-il plus vite que l’équipage ?
Sa fille, elle, est sur Terre… Sans sa fille, l’expédition aurait vraisemblablement été perdue elle aussi…
A méditer… même si je crois personnellement que c’est en imaginant le monde que nous voulons pour nos enfants que nous pouvons encore réagir, voire nous mettre en colère !
J’ai lu que son job sera de fermer le ministère de l’éducation ; et de renvoyer ces compétences aux niveaux…