Billet invité.
Angela Merkel ne dit plus rien et Mario Draghi se préparerait à en faire autant jeudi, Christine Lagarde s’avance et Alexis Tsipras réagit au quart de tour. De quoi s’agit-il ? Pas du nouveau programme de la BCE, mais du sujet qui est désormais bien installé dans l’actualité et ne va plus en sortir : la dette et comment s’en débarrasser ?
Faisant superbement fi des restructurations qui ont jalonné son histoire, la directrice générale du FMI proclame « une dette est une dette ! » afin de couper court à la proposition de Syriza de convoquer une conférence européenne à ce propos. Ce ne sont pas des questions que l’on soulève sur la place publique ! Faisant valoir que celle de la Grèce est tout simplement insoutenable, et qu’elle doit être « réajustée », Alexis Tsipras répond que cette proposition ne concerne pas seulement la Grèce mais aussi « de nombreux pays européens » qui font face à une dette excessive.
On s’attend à ce que Mario Draghi n’évoque pas publiquement un sujet délicat lors de sa présentation de jeudi du programme d’achat de titres de la BCE : des titres de la dette grecque en bénéficieront-ils ou non ? À trois jours des élections, la question est scabreuse. Les inclure dans les achats apporterait de l’eau au moulin de Syriza, les exclure représenterait une pression un peu trop voyante et mettrait la BCE en première ligne.
Mais que disent les autres, qui tous se taisent après s’être imprudemment avancés pour à mi-mots souhaiter la défaite de Syriza ? Ils savent que des marges de manœuvre financières existent pour gagner encore du temps, mais que la question est politique et se règlera comme telle. Un instrument du Mécanisme européen de stabilité pourrait être utilisé sous forme d’une ligne de crédit, une fois transformés ses fonds non utilisés destinés à la recapitalisation des banques grecques. Le FMI pourrait convertir en crédit de précaution ses versements encore à venir et suspendus. Les négociations avec la Troïka à propos de la conclusion du programme d’aide en cours pourraient être facilitées et faire disparaitre ainsi l’alliance du paysage. Des allongements du calendrier de la dette et des réductions de taux pourraient encore être consentis… Résultat de ce fin calcul, on gagnerait bien un an, le temps d’épuiser l’équipe de Syriza au pouvoir si elle ne veut pas aller à Canossa.
Les sondages continuent de la donner gagnante, l’hypothèse d’un gouvernement minoritaire se précise mais reste à confirmer. Elle permettrait d’éviter la convocation de nouvelles élections dans l’immédiat. Pablo Iglesias de Podemos va partager la tribune d’Alexis Tsirpas à Athènes lors d’un grand meeting de fin de campagne jeudi prochain : l’écho des élections grecques va particulièrement porter en Espagne et donner une nouvelle dimension à la crise politique européenne. En politique aussi, il y a un risque systémique.
Ruiz, ça va, encore un commentaire de ta part, dont la lecture laisse perplexe. « L’Europe n’a aucun intérêt dans cette…