Les fanatiques et nous : le court et le long terme, par Roberto Boulant

Billet invité.

L’avantage de connaître les événements historiques, c’est qu’on en connait la fin. Aujourd’hui nous savons qu’il eut été préférable de mettre un coup d’arrêt aux prétentions territoriales de M. le Chancelier Hitler, non pas en septembre 39, ni même lors de l’invasion des Sudètes, mais dès mars 36, lorsque le IIIème Reich réoccupa la Rhénanie (et pour se faire mal, les archives nous apprennent que la Wehrmacht avait l’ordre de se retirer immédiatement en cas de mouvements des troupes françaises. En 36, l’emprise du NSDAP n’était pas encore totale et cela aurait été un sérieux revers pour l’image de ‘prophète’ que se construisait patiemment Hitler).

Je cite cet exemple, non pas pour le plaisir de l’uchronie, mai pour poser la question suivante : face à des adversaires fanatisés, vaut-il mieux être ferme sur ses valeurs dès le départ, ou bien au contraire, est-il préférable d’essayer de négocier en lâchant un peu de terrain ?

Partant du principe que les djihadistes se servent de la religion comme d’une arme politique (si je parle au nom de Dieu, ceux qui refusent de m’obéir, quels qu’ils soient et quelles que soit leur religion, sont des suppôts de Satan qu’il convient d’exterminer jusqu’au dernier), il me semble que les pays occidentaux ont tout intérêt à se montrer intraitables sur leurs valeurs… avant que leurs propres partis extrémistes n’entrent dans la danse macabre du clash des civilisations et de la montée aux extrêmes.

Ça n’est pas gagné d’avance car de un, nous avons consciencieusement salopé nous-même l’image de la démocratie (cf. l’Irak, et bien avant encore, le renversement de Mossadegh par la CIA au profit d’un autocrate, notre soutien sans faille aux Saoud, etc.) et surtout, de deux, il existe à présent d’énormes masses de populations pauvres et non éduquées qui sont un vivier inépuisable de chair à canon.

Action-Réaction, mais sur le temps long (celui-là même que nos systèmes politiques sont incapables de gérer parce que probablement, comme le suggère Paul Jorion, nous ne sommes tout simplement pas ‘équipés’ pour cela.

Bref, se montrer conciliant avec les extrémistes, c’est peut-être (mais ce n’est même pas sûr) se montrer malin sur le court terme, mais à mon humble avis, c’est proprement catastrophique sur le moyen-long terme.

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