Billet invité.
Le premier tour des élections présidentielles grecques au Parlement a renforcé les incertitudes à propos du résultat à venir des deux prochains tours, les 23 et 29 décembre. Le candidat du gouvernement n’a recueilli que 160 voix sur les 200 nécessaires, moins qu’il n’espérait. Tout se jouera probablement au dernier tour, où seulement 180 voix pourront permettre au candidat unique Stavros Dimas de l’emporter, la chasse aux ralliements battant son plein et la stratégie de tension se poursuivant.
Les autorités européennes ont apporté leur plein soutien à Antonis Samaras, devant la crainte que Syriza ne remporte les élections législatives anticipées, faute d’élection du Président de la République. Mais elles ne peuvent s’en prendre qu’à elles-mêmes, n’ayant pas respecté leur promesse de restructuration de la dette grecque, sur la base de laquelle le premier ministre a basé sa stratégie de recherche à tout prix d’un excédent budgétaire primaire, sans finalement en recueillir le bénéfice. Il a dû ensuite changer son fusil d’épaule en affichant la perpective d’une sortie du plan de sauvetage et la fin symbolique du protectorat de fait instauré par la Troïka, qui ne lui a pas été accordée. Cherchant une issue, il a finalement joué le tout pour le tout en anticipant une élection présidentielle de tous les dangers. Au cas où son candidat à la présidence de la République ne serait pas élu par le Parlement, ne lui laissant comme perspective que de perdre les élections législatives, les hypothèses fleurissent. Elles portent en premier lieu sur l’ampleur de la victoire éventuelle de Syriza, qui pourrait se trouver dans l’obligation de former une coalition avec les indépendants et les restes du Pasok. Elles spéculent ensuite sur la nécessité dans laquelle le parti dirigé par Alexis Tsipras serait de mettre de l’eau dans son vin à propos de la question qui fâche : la restructuration de la dette. Car celle-ci est détenue à 90% par des intérêts publics et l’exemple qui serait donné en l’engageant pourrait susciter des vocations dans d’autres pays. Un coup d’arrêt est donc indispensable, d’autant qu’une victoire de Syriza représenterait un encouragement à ce qui n’est cessé d’être dénoncé dédaigneusement et non sans amalgames comme le danger populiste afin de faire repoussoir.
Les marges de manœuvre sont étroites pour toutes les parties et l’enjeu dépasse largement les frontières de la Grèce, qui est décidément destinée à jouer les premiers rôles. D’abord comme laboratoire d’une politique qui a lamentablement échouée, et aujourd’hui comme siège de la défaite électorale possible d’une coalition des partis de gouvernement, solution vers laquelle leurs homologues espagnols se dirigent afin de contrer Podemos.
Les dirigeants de ce dernier poursuivent à haute voix leurs réflexions sur leur programme, mettant l’accent sur la nécessité de soutenir les 5 millions d’Espagnols qui ne bénéficient d’aucune assistance sur les 13 millions qui sont au bord de l’exclusion sociale. Le coût du revenu universel initialement envisagé faisant l’objet de chiffrages dissuasifs exorbitants par ses opposants – notamment du parti socialiste (PSOE) – Podemos propose de concentrer dans l’immédiat l’aide sur cette tranche de la population en lui accordant un revenu moyen de 1.000 euros mensuels par famille, ce qui représenterait annuellement une dépense supplémentaire de 22 milliards d’euros par rapport aux programmes sociaux existants. Afin de contribuer au financement de ce programme, il est pour commencer relevé que le montant des impôts sur les sociétés a baissé de 26 à 15 milliards d’euros entre 2006 et 2012…
@ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?