Billet invité.
Un coup de vent plus violent que les autres, est-ce une surprise dans un pays familier des ouragans en cette saison ? Cela ne devrait pas, et pourtant cela a été le cas sur le chantier nucléaire de la centrale de Fukushima. Un petit trou initial de 30 centimètres de côté avait été percé dans sa couverture qui, depuis octobre 2011, vise à isoler de l’atmosphère le réacteur n°1, car il serait sinon à ciel ouvert. Mais, sous l’effet d’une rafale, la grue a fait un mouvement malencontreux, créant une ouverture d’un mètre sur deux dans la toiture.
Ces travaux devant s’échelonner sur des mois ont débuté afin de démonter le toit provisoire du réacteur et d’installer ensuite des moyens de levage destinés à extraire les quelques 500 assemblages de combustible usés de la piscine, ainsi que des débris hautement contaminés dispersés au sein de son enceinte dévastée par une explosion d’hydrogène. Fort d’une expérience précédente malheureuse sur le réacteur n°3, qui avait généré en août 2013 une lointaine contamination de rizières, reconnue bien après l’incident, l’opérateur Tepco a entrepris d’injecter dans le réacteur une substance fixant les poussières radioactives en suspension afin d’éviter sa réédition, d’où l’orifice initialement aménagé. Le démontage du toit devrait commencer en mars 2015, l’enlèvement des débris est pour l’instant prévu en 2016.
Ce simple aléa illustre l’immensité de la tâche de démantèlement de la centrale à accomplir, ainsi que ses périls constants, chaque intervention risquant toujours de créer de nouveaux problèmes, car tout doit être improvisé. Tour d’horizon : une nouvelle installation de décontamination de l’eau a été installée, les précédentes tombant continuellement en panne, mais ce sont des centaines de milliers de tonnes d’eau contaminées qu’il faudrait traiter ; un nouveau robot spécialement résistant aux niveaux élevés de radiation devrait prochainement poursuivre l’exploration de l’intérieur du réacteur n°2, mais pourra-t-il se déplacer comme espéré dans son environnement chaotique, en dépit des moyens dont il est pourvu ? Tepco s’est finalement décidé à contracter avec une entreprise étrangère, la britannique Sellafield, afin de bénéficier de son expertise dans le démantèlement des installations nucléaires, mais celle-ci attend beaucoup de ce qu’elle va apprendre, donnant à attelage l’allure d’un aveugle soutenant un paralytique !
Tout ce qui est entrepris ne relève encore que des préliminaires et vise à accréditer la faisabilité hasardeuse du démantèlement de la centrale. Une question pourtant déterminante n’est pas évoquée et encore moins solutionnée : que faire des trois coriums hautement radioactifs et toujours à très haute température, qui se sont répandus quelque part sous les cuves en acier percées des réacteurs, et qui peuvent même avoir traversé le radier, cette épaisse semelle en béton qui représente l’ultime enveloppe de confinement ?
Combien de temps va-t-il falloir vivre suspendu aux nouvelles du chantier à haut risque de Fukushima ?
Forcément, à partir du moment où une doctrine d’utilisation est définie – mais cela reste du « secret défense » pour permettre…