Billet invité.
Qui a tiré le missile qui a descendu en vol l’avion de Malaysia Airlines ? Les autorités américaines et Barack Obama ont pointé le doigt sur les séparatistes ukrainiens de l’Est, évoquant la circonstance aggravante d’une aide technique russe pour opérer le système. Faisant contraste, Angela Merkel a préféré proposer conjointement avec Vladimir Poutine qu’une enquête soit confiée à l’Organisation de l’aviation civile internationale, l’OACI. François Hollande a immédiatement appuyé cette initiative, afin a-t-il fait valoir de disposer de « certitudes » et non plus « d’hypothèses », reléguant à ce niveau des déclarations du président américain qui ne s’y prêtent pas.
Confier la responsabilité d’une enquête sur un acte de guerre a une organisation civile sans moyens de la mener a tout du tour de passe-passe. Comment celle-ci pourrait-elle identifier les responsables du tir, les autorités américaines s’étant appuyées sur les données fournies par leurs moyens de détection afin d’établir la trajectoire du missile et donc son point de départ, qu’ils ont localisé dans la partie du territoire ukrainien sous contrôle des séparatistes ?
Comment par ailleurs retrouver d’éventuels débris du missile en question, les séparatistes ukrainiens suspectés d’avoir fait le ménage sur le site de l’impact, dont la situation est décrite comme chaotique, posant désormais des conditions à sa sécurisation ? Le maquillage de la scène du crime, y compris la disparition des boîtes noires de l’avion qui ont déclaré avoir été trouvées par les séparatistes avant que le contraire ne soit affirmé, a eu tout le temps d’être opéré. Selon Michael Bociurkiw, le porte-parole de la mission d’observation de l’OSCE qui a pu se rendre sur place, certains débris « semblent avoir été déplacés ». Enfin, les autorités de Kiev ont fait état – photographies et courte vidéo à l’appui – du déplacement dès vendredi dernier de trois batteries mobiles de missiles Bourk-M1 qui auraient rejoint la Russie au départ de la région d’où le tir serait parti, fournissant les horaires du passage de la frontière.
Mark Rutte, le Premier ministre des Pays-Bas, a déclaré que le président russe Vladimir Poutine devait « prendre ses responsabilités à l’égard des rebelles » soutenus par Moscou. Tandis que David Cameron, le premier ministre britannique a appelé l’Occident « à changer son approche à l’égard de Moscou », dans une critique implicite de l’initiative d’Angela Merkel et de son soutien par François Hollande. Barack Obama a considéré que ce qu’il a qualifié de « tragédie atroce » résonnait comme « un signal d’alarme » pour l’Europe dans ses relations avec la Russie.
Jusqu’où conduira le suivisme ambiant : est-il bien nécessaire de s’inscrire dans le cadre de la realpolitik impulsée par le gouvernement allemand ? L’action politique peut-elle se résumer à élever des écrans de fumée, passant aux profits et pertes les victimes de ce qui se trouve dissimulé derrière ? Il y a des postures de chef d’État qui ne sont que l’expression d’un profond conformisme de la pensée et d’une démission devant les responsabilités.
« Biden vient de soulever un peu la planche de son côté. » « L’élargir hors de l’Ukraine. Zelensky s’y est employé » Ah…