Billet invité.
La famille s’est donné un répit en demandant hier vendredi que la holding luxembourgeoise du groupe Espirito Santo International (ESI) soit placée en l’équivalent du règlement judiciaire, ne pouvant honorer « une partie significative » de ses engagements. Ayant également leur siège social au Luxembourg, deux autres sous-holdings contrôlées par ESI-Rio Forte qui chapeaute les activités non financières du groupe, et Espirito Santo Financial Group, l’actionnaire de la banque BES – devraient toutes deux vite suivre le même chemin.
Le premier pas a été accompli, menant à une restructuration d’ESI dont le plan devra être approuvé par au moins la moitié des créanciers représentant au moins la moitié du passif, lorsque il sera présenté. Un tel processus mené pour trois structures liées entre elles par des liens capitalistiques, et pour certaines comprenant des partenaires, ne va pas être simple à mener et va fournir de nombreuses occasions de contestation et de litige.
Visant à mettre un terme aux incidents de paiement qui se sont multipliés ces derniers semaines, ce processus a aussi pour objectif de gagner du temps et de permettre de dégager des solutions financières évitant un pur et simple écroulement du groupe, afin de sauver ce qui peut l’être. Mais cela ne va pas être une partie de plaisir, en raison de conflits au sein d’une famille Espirito Santo qui est divisée en cinq branches sous la houlette de frères et de cousins ennemis. Des banques britanniques pourraient intervenir comme conseil, une fois démêlé l’écheveau des engagements au sein du groupe. Les prétendants au statut de victime commencent à être connus parmi les créanciers – Portugal Telecom, trois banques, un organisme financier, et deux grandes entreprises, tous portugais – mais la liste est loin d’être close.
Le sort qui va connaître la Banque du groupe – la BES – reste une autre grande inconnue. Que va-t-il l’emporter, d’une recapitalisation par des investisseurs entrant – à qui il est offert par la Banque du Portugal d’en devenir l’actionnaire de référence à moindre frais étant donné l’écroulement du titre en bourse – ou d’un sauvetage dont les actionnaires et les créanciers juniors moins protégés feraient les frais, incluant probablement un soutien de l’État ? Le trou financier de la BES n’est pas non plus établi, la revue des pertes acquises ou potentielles ainsi que des garanties accordées est en cours sous les auspices de sa nouvelle direction nommée par la Banque du Portugal, et il est question de réaliser un audit indépendant. Aucun investisseur ne se lancera dans l’opération sans garantie, et notamment sans clarté dans les comptes, pour ne pas avoir à éponger des pertes à peine rentré au capital. Les deux options – sauvetage et recapitalisation – pourraient d’ailleurs être combinées, la seconde pour un montant de deux milliards d’euros en actions préférentielles.
Parmi les inconnues figure enfin l’avenir de la filiale angolaise de la banque (BESA), qui en possède 55,71%, qui pourrait être recapitalisée par l’État angolais à la faveur de l’activation de sa garantie, qui s’avère avoir été signée de la main du Président angolais, José Eduardo dos Santos. Cela permettrait de ne pas avoir à dévoiler la liste des notables proches du pouvoir responsables de ses propres pertes et arrangerait tout le monde.
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