Mauvaise journée pour les banques américaines

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Alors que la bourse américaine se passionnait pour le nouveau destin des Government-Sponsored Entities, Fannie Mae et Freddie Mac, dans le nouveau contexte de leur soutien cette fois explicite par l’Etat américain, un autre drame se déroulait en arrière-plan, conséquence celui-ci de la chute d’IndyMac dont j’ai rendu compte dans IndyMac (1985-2008) : l’inquiétude gagnait la public, tout un chacun ayant fait comme moi le rapide calcul que si 15 % des réserves étaient mobilisées pour tirer d’affaire les clients du 9e organisme de crédit immobilier américain, celles-ci seraient rapidement épuisées. Voici le résultat des courses en clôture de la journée du 14 juillet et alors que les flonflons de la fête se dissipent dans la nuit.

* Bank of America, No 1 des banques commerciales : – 7 %
* Citigroup, No 2 : – 6 %
* J.P. Morgan Chase, No 3 : – 4,9 %
* Wachovia, No 4 : – 14,6 %
* Goldman Sachs, No 1 des banques d’investissement : – 2,3 %
* Merrill Lynch, No 2 des banques d’investissement : – 6,3 %
* Morgan Stanley, No 3 des banques d’investissement : – 5,1 %
* Lehman Brothers, No 4 des banques d’investissement : – 12,2 %
* Washington Mutual, No 1 des caisses d’épargne : – 35 %
* Zions Bancorp, banque régionale, appartenant à l’église mormone : – 23,2 %
* First Horizon National, banque régionale, principale banque du Tennessee : – 25,2 %
* National City, banque régionale, principale banque de l’Ohio : – 14,7 %
* M&T Bank, banque régionale, basée à Buffalo, état de New York : – 15,6 %

Affaire à suivre demain !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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11 réponses à “Mauvaise journée pour les banques américaines”

  1. Avatar de Benoit
    Benoit

    Un grand merci, Paul, pour vos commentaires qui suivent l’actualite « au talon ».
    Tres sincèrement…

  2. Avatar de S.LB
    S.LB

    Oui, merci, Paul. Rarement vu un blog d’une telle qualité.

  3. Avatar de Marie
    Marie

    Mon fils est revenu des Etats-Unis, il y a quelques jours. Il était en Oregon. Ce qu’il m’a raconté me préoccupe. Je lui avais demandé de parler avec sa famille américaine de la crise financière et de me rapporter leur degré d’inquiétude.

    A la maison, mon fils entend depuis un an parler de la crise tous les soirs, ça et le réchauffement climatique, la nécessité d’une plus grande efficacité énergétique comme on dit. Eh bien, il est revenu très surpris et enthousiasmé : sa famille ne lui a jamais parlé ni de la crise financière – comme si cela n’existait pas là où il était -, ni du réchauffement climatique. D’ailleurs, pour cette famille de quatre, ils avaient quatre voitures dont deux 4×4 et il n’a jamais fait plus de 50 m à pied sauf peut-être quand ils sont allés jouer au golf.

    Ce qui me fait penser à cela c’est qu’en avril dernier, un de mes contacts économiste dans une banque tenait pour acquis la nationalisation de Freddy Mac et Fanny Mae. Or, ensuite, les actionnaires de ces institutions ont semblé ne pas avoir réalisé qu’on se dirigeait tout droit vers cette solution. Les Etats-Unis me donnent l’impression de flotter dans un bain d’optimisme au formol, entretenus par les autorités qui leurs parlent comme à des enfants.

    Le discours de Paulson qui a répondu à une question au Congrès quelque chose du genre  » L’Amérique ne peut pas ne pas s’en sortir, même si personne ne sait comment » reflète bien cet état d’esprit. Le capitalisme serait-il devenu une sorte de religion…

  4. Avatar de TL
    TL

    @ Marie

    Tout à fait d’accord, les autorités politiques et financières infantilisent leur auditoire. Les annonces de politique monétaire et financière en sont l’exemple le plus abouti, et par là même le plus risible.

    Maintenant, quand Paulson dit que les USA vont s’en sortir, bien que personne ne sache vraiment comment, je ne suis pas sûr qu’il faille s’inquiéter autant que ça. J’en profite pour répondre à Paul concernant la remarque sur les 15% de réserves du FDIC mobilisées pour sauver le 9e organisme de crédit immobilier : dans le pire des cas ce sera la Fed, directement ou en prêtant de l’argent au FDIC, qui va intervenir, si la situation financière devient critique.

    De toute façon, ils n’ont pas le choix : l’effondrement avec fracas d’un gros acteur du secteur bancaire entraînera une réaction en chaîne de type 1929. Mieux vaut encore créer de la monnaie pour renflouer des coquilles à moitié vides, que laisser tout couler. Bernanke le sait, la Grande Dépression est son sujet de prédilection.

  5. Avatar de A-J Holbecq

    Je pense que la FED ferait le bon choix en refinançant ces acteurs : c’est équivalent à une création monétaire de monnaie permanente injectée dans l’économie, et c’est tout bénef pour l’économie à condition de ne pas être utilisé pour de nouvelles spéculations mais pour de la création de richesses réelles…

    On en revient à l’idée de création monétaire centrale…

  6. Avatar de A-J Holbecq

    Je précise que, dans cette hypothèse, il me semble logique que la collectivité devienne co-propriétaire (actionnaire) à due concurrence du capital apporté par rapport aux fonds propres existants.

  7. Avatar de Bruno L
    Bruno L

    @Marie

    Effectivement j’ai eu la même expérience tout récemment.
    Un de mes amis vit au Tennessee et vient en vacance tout les été, il est là en ce moment.

    Je lui ai évidement parlé de la crise plusieurs fois, il a fini par me dire :

    « La personne qui me parle le plus de la crise c’est … toi »

    Comme je le vois une fois par an c’est vous dire si ils doivent en causer …

  8. Avatar de Paul Jorion

    @ Marie, Bruno L

    J’en avais fait la remarque dans « Vers la crise du capitalisme américain ? » (2007 : 240) : l’immigration opère une sélection positive des optimistes.

  9. Avatar de Karluss (hervé)
    Karluss (hervé)

    il faut être directement touché par la crise pour la concevoir comme une réalité, sinon c’est le karma économique qui opère, et elle semble méritée pour la population frappée de plein fouet. Les questions essentielles sont rarement abordées, on bifurque, on manipule, les pessimistes freinent la dynamique du monde marchand ; toujours plus loin sur la limite acceptable. L’obscurantisme marchand règne en maître. Bon…. j’ai l’impression d’être hors sujet… m’enfin !

  10. Avatar de Marie
    Marie

    @ Karluss, Paul

    La sélection positive des optimistes c’est une tentative d’explication qui me plait… ceux qui restent et n’immigrent pas seraient donc par défaut les pessimistes.

    Pour cette raison, peut-être, est-on au contraire extrêmement préoccupé par la crise en Europe alors que finalement, hormis sur la Bourse, la crise n’a pour l’instant qu’un effet réel limité sur les économies. Les prévisions économiques ne viennent-elles pas d’être revues à la hausse par le FMI ?

  11. […] 15 juillet avait été une très mauvaise journée pour les banques américaines, le 12 août en a été une autre. Voici le résultat des courses. Zions Bancorp, banque […]

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