C’EST NOUS QUI DEVRONS SAUVER LES BANQUIERS ; ILS NE LE FERONT PAS D’EUX-MÊMES, par Don Cambridge (*)

Billet invité.

Les signaux qui nous parviennent suggèrent que les banquiers du monde entier ont le goût du suicide. Chaque nouveau développement les voit incapables d’adopter des remèdes suffisamment radicaux. La situation s’est à ce point dégradée aujourd’hui qu’il est devenu extraordinairement difficile d’imaginer un moyen quelconque de sortir de l’impasse.

Hélas pour nous, un « bon » banquier n’est pas un être capable de voir monter les périls et de les éviter, mais quelqu’un qui, une fois ruiné, l’est tout comme ses confrères d’une manière banale et orthodoxe, si bien que nul ne pourra véritablement le lui reprocher.

Un ingrédient indispensable du métier de banquier est de maintenir les apparences et de professer une respectabilité toute conventionnelle d’essence quasi surhumaine. Une tel modus operandi sur le cours d’une vie tout entière fait d’eux les hommes les plus romantiques et les moins réalistes que l’on puisse imaginer. Le fait que leur opinion ne puisse être remise en question constitue un élément à ce point fondamental de leur fonds-de-commerce qu’eux-mêmes ne le remettent jamais en question avant qu’il soit trop tard. Conformément à l’image des citoyens honnêtes qu’ils sont, lorsque les périls du monde retors au sein duquel ils vivent se matérialisent, ils éprouvent devant eux une très saine indignation ; mais ces périls, ils ne les prévoient pas. Il est dans la nature profonde des banques et les banquiers d’être aveugles. De ce qui s’annonçait, ils n’ont rien su voir.

Une conspiration de banquiers ? L’idée est absurde ! Si seulement il pouvait y en avoir une ! À mon sens, s’ils devaient être sauvés, ce sera à leur corps défendant.

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(*) « Don Cambridge » est un pseudonyme. « Don » est le titre que l’on accorde aux fellows et aux répétiteurs des collèges des grandes universités anglaises. Le texte ci-dessus est un montage de quelques paragraphes des trois dernières pages d’un article paru dans le numéro de janvier 1932 du magazine américain Vanity Fair. L’article avait pour titre : « The consequences to the banks of the collapse of money values », son auteur était John Maynard Keynes.

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