Billet invité
Angela Merkel a été « extraordinairement impressionnée » par la manière dont le premier ministre portugais a mis à genoux son pays, lequel s’est de son côté félicité que « les temps difficiles {soient} derrière nous », bien qu’il ne soit pas certain que ses électeurs le féliciterons. La veille, la chancelière n’a été que « très impressionnée » par les projets italiens de Matteo Renzi, affectant « n’avoir aucune raison de douter » du respect des engagements de discipline budgétaire de son interlocuteur, comme si elle pouvait ignorer que son intention est précisément de les bousculer…
Les dirigeants politiques sont à l’école des banquiers centraux et semblent croire que les évènements dépendent des mots qu’ils vont prononcer… à moins que leurs propos n’aient de valeur que pour la galerie. António José Seguro (dirigeant du parti socialiste dans l’opposition) reconnaît ainsi qu’il y a « un large consensus » avec le premier ministre portugais sur la nécessité pour le pays de rééquilibrer ses finances publiques, mais constate une « divergence insurmontable en ce qui concerne la stratégie budgétaire », sans toutefois énoncer la sienne. Une histoire à suivre au lendemain des élections.
En Grèce, le ministre des finances Yannis Stournaras annonce avoir conclu six mois de négociations « très dures » avec la Troïka, tandis que la Commission européenne informe d’« un accord sur les principaux points ». On croit comprendre que deux importants points de désaccord portant sur l’assouplissement des modalités de licenciement et les mises en disponibilité dans la fonction publique ont été gelés, faute de pouvoir être avalisés par un Parlement où la majorité ne dispose plus que de 153 députés sur 300. Deux sujets cruciaux ont par ailleurs été laissés de côté : une éventuelle restructuration de la dette ainsi qu’un troisième plan de sauvetage, dont la discussion a été remise à après les élections européennes et municipales, dont les résultats pourraient confirmer la grande fragilité de la coalition gouvernementale. Ce n’est pas la peine d’en rajouter.
Jürgen Fitschen, le président de la fédération des banques allemandes (et dirigeant de la Deutsche Bank), prend ses distances avec les tests des bilans bancaires par la BCE, estimant qu’il y aura des banques qui passeront ces tests et « n’auront pas d’avenir » pour autant, car « la recherche d’un modèle d’activité prometteur constitue un défi en raison des faiblesses des taux d’intérêt ainsi que du poids des nouvelles réglementations et taxes ». En conséquence, « le résultat des tests n’est pas une garantie que les banques aient des ressources sûres à long terme ». Le propos est intéressé, car Jürgen Fitschen ne cache pas qu’il s’attend à de nouvelles consolidations dans le secteur, mais il n’en vaut pas moins désaveu des tests de la BCE avant même qu’ils ne soient effectués. Cela fait désordre.
Le décryptage de l’actualité est tardivement découvert comme étant une activité journalistique à part entière, pour laquelle une forte demande se manifesterait, et l’on peut comprendre pourquoi.
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