Billet invité
Sur le site de la centrale de Fukushima, toute l’attention est focalisée sur le déchargement des 1.533 assemblages du combustible de la piscine n°4, par lots de 22, prévu pour durer une année. Après un premier retrait de combustible neuf pour se faire la main, Tepco est ensuite entré dans le vif du sujet avec un deuxième lot d’assemblages de combustible usagé. La moitié des 1.331 assemblages de ce type sont extrêmement radioactifs.
L’opération pourrait être de routine, si les circonstances n’étaient pas très particulières, de nombreuses inconnues planant sur son bon déroulement, une fois de nouvelles installations de levage destinées à la permettre mises en place, celles d’origine ayant été détruites. Les assemblages de 4,5 mètres de haut sont dans un premier temps stockés dans un container de 5,5 mètres de haut sur 2 mètres de diamètre immergé par une grue dans la piscine, qui est ensuite fermé, hissé (il pèse alors 91 tonnes) décontaminé et installé sur un camion, afin d’être ensuite plongé dans une piscine commune aux 4 réacteurs, située à une centaine de mètres, avant d’être vidé de son chargement. Télécommandées en raison de la radioactivité ambiante, ces opérations se déroulent très lentement, dans la crainte de coincer des assemblages dans les paniers où ils sont rangés, qui peuvent avoir été faussés, des débris résultant de l’explosion initiale pouvant également faire obstacle à leur retrait, le tout sans savoir si l’eau salée les aura détériorés et fragilisés.
Avec cette opération pour laquelle aucune erreur n’est permise, et à laquelle il donne un grand retentissement, l’opérateur veut crédibiliser le démantèlement de la centrale, plus aucune mention n’étant faite des coriums qui représentent le plus important de ses enjeux, pour lesquels aucune indication n’est donnée, ni de leur localisation, ni des moyens qui pourront permettre de les évacuer.
Son démarrage coïncide avec la venue d’une délégation d’une vingtaine d’experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui vont durant une dizaine de jours inspecter les travaux et s’informer sur les mesures que Tepco entend prendre afin de gérer l’eau contaminée. En attendre des révélations serait optimiste. L’une des trois installations de décontamination, qui représentent la clé de voute du dispositif de gestion de l’eau contaminée, a de nouveau été arrêtée en raison d’une fuite, le lancement des deux autres qui étaient également à l’essai étant suspendu. Ces pannes à répétition, parmi d’autres, illustrent la précarité des installations mises en place pour stabiliser la situation, en attendant la prochaine mauvaise surprise.
Si l’on considère la contamination non plus de la centrale mais de la région où elle est implantée, une étude menée conjointement depuis novembre 2011 (huit mois après la catastrophe) par l’Université de Tsukuba et le laboratoire français des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) – une unité mixte du CEA, du CNRS et de l’Université de Versailles Saint-Quentin – met en évidence le déplacement de la contamination et ses dangers. Sous l’effet des typhons qui les lessivent, les césium 134 et 137 initialement rejeté par la centrale sur les zones montagneuses de la région migrent progressivement via les rivières vers les plaines côtières et agricoles, où vivent des populations entières, avant d’être rejetés à la mer. Signe que les montagnes sont encore très contaminées, le phénomène se poursuit.
C’est dans ce contexte que les autorités japonaises se préparent à assouplir les conditions du retour d’une partie des 160.000 habitants de la région qui ont été évacués, en s’appuyant sur les recommandations d’une précédente mission de l’AIEA qui a proposé de munir chaque individu d’un dosimètre et de ne plus s’en tenir au niveau mesuré dans l’atmosphère d’un endroit donné. L’objectif de ramener à moins de 1 millisievert par an (en plus de la radioactivité naturelle) la dose d’exposition admissible est désormais « à long terme » et devant prendre plusieurs décennies, selon l’autorité de régulation japonaise, appliquant les mêmes préconisations. Le retour des habitants pourrait être envisagé lorsque un niveau inférieur à 20 millisieverts par an, celui qui est adopté pour les travailleurs du nucléaire, sera atteint. Il sera possible au cas par cas, selon la localisation des villes et des villages, après analyse du type d’habitat, de l’état des infrastructures, de la disponibilité d’équipes médicales. On pressent dans quelles conditions la vie quotidienne pourra s’établir dans cette région désertée, destinée à devenir la vitrine de la normalisation et faciliter le redémarrage du parc des centrales nucléaires, qui est toujours à l’arrêt.
Sur le site de la centrale comme dans la région où elle a été implantée, deux démonstrations sont recherchées afin de minimiser les conséquences d’une catastrophe nucléaire et de passer à la suite…
Bonjour GMM, je me permets de faire un com. à v/écrit de ce jour adressé à Pascal et concernant :…