L’exposé de Jacques Attali mercredi matin au LH Forum m’a fait comprendre la différence fondamentale entre sa vision prospective et la mienne : nous combinons optimisme et pessimisme différemment.
Pour moi, nous négocierons oui ou non avec succès le Grand Tournant des crises environnementale, de la complexité et financière. Nous prendrons certainement conscience un jour ou l’autre de la gravité de la situation mais il sera alors encore temps ou bien trop tard. S’il est trop tard, c’est la survie même de l’espèce qui est alors remise en question. J’envisage que le processus se déroule tout au long dans le cadre de démocratie formelle que nous connaissons en ce moment.
Attali considère que nous prendrons conscience de la gravité de notre situation et qu’il sera encore temps. Sur ce plan là, il est plus optimiste que moi. La probabilité que nous puissions réagir dans un cadre encore démocratique lui paraît cependant très mince. Il arrivera, dit-il, que la consommation de viande soit interdite par décret, du jour au lendemain. Sur ce plan là il est plus pessimiste que moi.
La position d’Attali est sans doute plus réaliste que la mienne, j’en conviens volontiers. Elle suppose cependant au totalitarisme une certaine efficacité sur le moyen ou le long terme, alors qu’une telle efficacité n’a jamais été démontrée dans son cas que sur le cours terme. C’est ce qui me fait penser que l’option totalitaire n’aboutira à rien, que la prise de conscience de la nécessité d’un Grand Tournant ait eu lieu à temps ou non. La survie de l’espèce est donc très loin d’être assurée – c’est le moins qu’on puisse dire.
La logique du profit, qui explique pourquoi notre démocratie est formelle plutôt que réelle, bloque en ce moment toute décision dans le sens d’un Grand Tournant, en dépit d’une prise de conscience de sa nécessité. Il faut donc d’abord sortir de la logique du profit, sans verser pour autant dans le totalitarisme, ce qui n’a jamais été tenté jusqu’ici, du moins à grande échelle.
Le mouvement en faveur d’une « économie positive » indique la voie à suivre mais il faudra d’abord, comme l’a souligné Benoît Hamon jeudi au Havre, chasser les marchands qui, ici aussi, encombrent déjà de leurs étals, les allées du temple.
J’ai lu que son job sera de fermer le ministère de l’éducation ; et de renvoyer ces compétences aux niveaux…