Dans ce qui a été appelé à juste titre mon « coup de sang » à propos de l’écologie, mon billet intitulé Le tout-solaire – ou la mort !, ma provocation grinçante à propos du Gulf Stream, dont je disais qu’on pourrait le faire redémarrer en cinquante ans s’il devait s’interrompre, n’a pas été comprise par tous comme je l’avais espéré : à savoir comme l’affirmation que notre espèce ne croit à une catastrophe pourtant certaine que lorsque celle–ci a eu lieu et mobilise alors un ensemble de ressources dont elle clamait pourtant qu’elles n’existaient pas ou étaient inaccessibles.
Je vais donc mettre l’ironie entre parenthèses et traiter cette question sur le mode le plus sérieux qui soit en proposant un test grandeur nature : je voudrais savoir quelles sont l’imminence et l’inéluctabilité d’un désastre écologique de la taille de celui que j’avais pris en exemple : l’interruption du Gulf Stream, dont les spécialistes – je suis allé vérifier les chiffres – jugent qu’elle ferait baisser la température en Europe Occidentale de 5 à 10 degrés. Une telle crise est-elle imminente, est–elle inéluctable et, si elle devait se produire, quelle serait notre capacité à y répondre ? Autrement dit, le phénomène serait-il réversible et comment pourrions-nous assurer le renversement à l’aide des moyens techniques dont nous disposons aujourd’hui ?
Je ne me contenterai pas de poser – passivement – la question, dans mes deux blogs, en français et en anglais, je vais tenter également de contacter les spécialistes. Devrais-je recevoir des réponses optimistes à mes questions précises sur le Gulf Stream, je n’en resterais cependant pas là, je poursuivrais dans la voie des questions – je pense essentiellement à des questions d’ordre politique – qu’il nous faudra impérativement résoudre pour que soit exclue, sinon une fois pour toutes, du moins dans les cent années à venir, la possibilité-même non seulement de ce désastre là en particulier mais de tous les autres du même type.
J’entends bien entendu faire communiquer l’information obtenue dans les deux blogs – chacun dans sa langue. Le message équivalent en anglais s’intitule Would an interruption of the Gulf Stream be reversible? And if so, at what cost?
6 réponses à “L’irréversibilité des catastrophes induites par l’activité humaine”
Et bien ! On va pas s’ennuyer…
… Entre ceux qui ont tout compris mais n’ont aucune responsabilité décisionnelle, ceux qui ont les responsabilités mais n’ont ni le temps, ni le mandat, … et les citoyens qui chercheront âpres coup des tètes a guillotiner pour exorciser leur propre passivité quand il en était encore temps … On va s’amuser !
Je suis caustique mais pas sarcastique, la démarche est passionnante.
Amitiés.
Bonjour Paul
Faut-il classer dans la catégorie « désastre écologique » une action militaire (nucléaire) contre l’Iran ou le Vénézuéla afin de mettre la main sur les dernières grosses réserves de pétrole de la Planète?
A-J Holbecq
J’ai effectivement entendu parler de cette hypothèse au tout début des années 2000, dans une série de 5 documentaires consacrés à la planète diffusée sur la 5e, et qui fut pendant quelques temps disponible sur la boutique de la 5e. Je viens de procéder à une recherche sur ce site, mais je n’ai pas trouvé la boutique, ni aucune trace de cette série, dont j’ai malheureusement oublié le nom mais qui était extrêmement bien faite.
La seule chose que j’ai trouvé sur le Web est cette citation-référence :
Science et vie. N° 1073- Février 2007
➢ Fondamental
o Gulf Stream : le ralentissement de ce courant n’est finalement pas pour demain, du coup l’Europe sibérienne non plus.
À prendre avec les précautions d’usage.
Paul, du nouveau sur le sujet ?
Cordialement.
J’ai fait ma petite enquête et n’y suis pas encore revenu parce qu’il en est apparu que les moyens de mesure qui permettraient de trancher dans un sens ou dans l’autre sont tout à fait insuffisants.
Les « prévisions » sont faites à partir de simulations dont les présupposés sont tout à fait inappropriés (ils font apparaître des effets locaux qui ne sont pas constatés dans la nature).
J’ai vu passer dans les résulats du moteur de recherche que j’ai consulté, un document indiquant qu’une telle interruption avait été effectivement constatée pendant quelques jours en 2004. Malheureusement, je n’arrive plus à retrouver ce document.
Mon sentiment est que la protection de l’environnement au sens large – c’est-à-dire les mesures nécessaires à la survie de l’humanité – ne peut être subordonnée à des critères économiques de rentabilité. Quand il y a le feu à la maison, on ne s’interroge pas de savoir combien va coûter l’intervention des pompiers.
Dans le tintamarre actuel lié à la crise financière, voilà une nouvelle qui a toutes les chances de passer inaperçue. C’est pourquoi je la relaie ici…
Source : AFP
La moitié des mammifères en déclin, 1/3 menacés d’extinction
06/10/2008 13h01
BARCELONE (AFP) – La moitié des espèces de mammifères sont en déclin et probablement un tiers sont menacées d’extinction, selon la « liste rouge » des espèces menacées publiée lundi par l’Union mondiale pour la nature (UICN), à Barcelone.
Les experts de l’UICN, un organisme qui fait autorité en matière de biodiversité, ont consacré aux mammifères l’étude la plus complète jamais réalisée sur le sujet.
Elle confirme la gravité de la crise actuelle: une espèce de mammifère sur quatre est en danger de disparition, soit 1.141 sur 5.487 espèces recensées.
Mais la réalité pourrait s’avérer pire encore en raison d’un manque d’informations concernant 836 mammifères, a averti l’organisation qui tient son 4ème congrès jusqu’au 14 octobre à Barcelone.
Pour les scientifiques, l’absence d’informations concernant une espèce est généralement de mauvais augure.
« En réalité, le nombre de mammifères menacés d’extinction pourrait atteindre 36 % », estime Jan Schipper, un expert de l’UICN, dans un article publié lundi dans la revue Science.
« Nos résultats donnent une image très sombre de la situation globale des mammifères dans le monde », souligne-t-il, précisant que « la moitié sont en déclin ».
Au moins 76 espèces de mammifères ont déjà disparu depuis l’an 1500.
La crise actuelle est considérée comme celle de la sixième grande période d’extinction des espèces, la précédente ayant été celle de la disparition des dinosaures il y a 65 millions d’années.
Au total, la liste rouge de l’UICN créée en 1963, répertorie 16.928 espèces d’animaux ou de plantes menacées d’extinction contre 16.306 en 2007 sur un total de 44.838 espèces mises sous surveillance contre 41.415 précédemment.
3.246 espèces sont classées dans la catégorie à risques la plus élevée – « en danger critique » – 4.770 sont considérées comme « en danger » et 8.912 comme « vulnérables ».
L’expression « en danger critique » signifie que la probabilité d’extinction de l’espèce est très importante.
Dans la liste rouge 2008, 188 mammifères ont été classés dans cette catégorie, comme le lynx ibérique (Lynx pardinus).
Certaines espèces comme le cerf du Père David d’origine chinoise (Elaphurus davidianus) n’existent même plus à l’état sauvage et survivent seulement en captivité.
Près de 450 mammifères ont été classés dans la catégorie « en danger », comme le diable de Tasmanie (Sarcophilus harrisii), un marsupial carnivore dont la population a chuté de plus de 60 % au cours des dix dernières années, en raison d’une multiplication des cas de tumeur cancéreuse faciale encore inexpliqués.
Le chat viverrin (Prionailurus viverrinus), en Asie du sud-est, est passé de la catégorie « vulnérable » à « en danger », victime de la destruction de son habitat naturel.
Même situation pour le phoque de la Caspienne (Pusa caspica), dont la population a plongé de 90 % depuis une centaine d’années, victime des chasseurs.
Il est pourtant possible de redresser la situation: grâce à différentes mesures de conservation, des résultats encourageants ont été obtenus pour 5 % des mammifères menacés.
Ainsi, le putois à pieds noirs (Mustela nigripes), est considéré simplement comme « en danger », après avoir été réintroduit avec succès au Mexique, alors qu’il était classé auparavant comme « éteint à l’état sauvage ».
De même, le cheval sauvage (Equus ferus) a fait l’objet de réintroductions fructueuses en Mongolie.
Mais « plus nous attendrons, plus cela coûtera cher pour empêcher de nouvelles extinctions d’espèces », a averti Jane Smart, responsable du programme des espèces à l’UICN.