Billet invité.
Sans aller jusqu’à dire que les responsables politiques sont de grands poètes, il faut leur reconnaître la maitrise d’une alchimie : celle de la magie des mots. Récession n’était prononcé que du bout des lèvres, croissance l’est à pleine bouche à la faveur d’un frémissement de l’activité économique. Cet espoir fou reposant sur le début de l’amorce d’une tendance aux lendemains incertains relève d’une théorie des cycles économiques fondée sur une observation des plus pertinentes : « après la pluie vient le beau temps ! ». Mais aux grandes espérances correspondent, quoique plus rentrées, de sourdes inquiétudes.
Il ne faudrait pas que le système bancaire, en plein effort de désendettement et luttant pied à pied contre la baisse de ses rendements, en vienne à prendre trop de risques spéculatifs. Or les régulateurs peinent à trouver la formule magique garantissant que les banques pourront résister au prochain choc, implicitement considéré comme inévitable. À peine ont-ils imposé un ratio limitant l’effet de levier, pensant avoir marqué un sérieux point, que celui-ci se révèle à son tour une garantie très relative et discutable. Non seulement, comme l’ont fait remarquer les représentants des banques pour s’opposer à son introduction, car un établissement peut avoir un effet de levier important mais des actifs solides (comme des titres de la dette souveraine), mais parce que le mode de calcul de l’effet de levier n’exclut pas certaines finesses créatives permettant de le diminuer, ou bien encore parce qu’il diffère des deux côtés de l’Atlantique, ainsi qu’entre la zone euro et le Royaume-Uni… Exemple : aux États-Unis, la Fed permet aux banques de ne prendre en compte que leur exposition nette aux produits dérivés, diminuant ainsi leur effet de levier et faussant la comparaison avec les banques européennes.
À ce jeu, l’opacité des bilans n’est pas près d’être levée et la solidité du système bancaire continue de relever d’un acte de foi. Tant qu’il sera permis de jouer à des jeux hasardeux et de procéder à des paris qui relèvent de la roulette russe, la créativité des financiers l’emportera toujours sur la réglementation des régulateurs. Que l’on en juge : limité à 3%, le ratio mesurant l’effet levier permet à une banque d’encaisser le choc d’une perte équivalente sur l’ensemble de ses actifs. Pourquoi 3%, pourquoi pas davantage ? Parce qu’il ne faut pas étrangler un système financier qui peine à retrouver son souffle…
Bonjour Régis, il y a du vrai dans v/com. et à son sujet, j’avais écrit, il y a quelques temps,…