Billet invité.
Bonjour Paul Jorion,
« Pourquoi élisons-nous des gens qui n’ont pas le courage ensuite de faire ce qu’il faut ? » Parce que les gens qui auraient le courage de faire ce qu’il faut n’ont pas eu le courage de frayer pendant des années, dans les eaux troubles et nauséeuses fréquentées par des gens qui n’ont aucun courage… et qu’ils ne se retrouvent donc jamais en position d’être élus, voire de simplement se présenter devant les électeurs.
J’ai cru personnellement que François Hollande était quelqu’un de cette trempe… jouer les figurants appliqués pour avoir un jour le pouvoir de changer les choses de l’intérieur et durablement… Pour l’instant, il semble que je me sois trompé… ou bien ce fut peut-être le cas au début (car je ne me trompe jamais ;o)) mais il se sera peut-être perdu en chemin… par osmose, il aura attrapé la pétochite chronique ou la scélératose aiguë… Ou bien, miracle, je vais bientôt avoir la surprise incroyable de m’apercevoir que je ne m’étais point trompé… que le bonhomme attendait le bon moment… peut-être a-t-il un plan?… Normalement comme je ne me trompe jamais, c’est ce qui va arriver… et l’on pourra dire : « C’est bon, pour une fois, on a élu un type qui avait du courage… » Un type suffisamment intelligent pour se dire qu’il n’a pas besoin de deux quinquennats pour faire changer les choses… Mais peut-être aussi qu’il attend qu’on l’y pousse… c’est ce que j’avais exprimé quelque temps après son élection… j’avais exprimé mon ressentiment contre l’opposition de gauche qui finalement ne donnait pas grand chose à F. Hollande qu’il puisse faire entendre à Bruxelles ou en Allemagne… comme une France bloquée durant des mois par exemple… si c’était le cas, peut-être que sa voix serait plus sûre, ses arguments plus pointus et la nécessité d’un changement profond plus entendue…
Bonjour Michel Leis,
J’ai bien entendu l’esprit de votre dernier billet et dans un sens je comprends les priorités qui vous ont amené à le rédiger mais je pense malgré tout ne pas être en accord avec vous sur un point de détail qui s’avère être si l’on y réfléchit en réalité plus profondément, absolument crucial… Vous écrivez: « Le vrai travail à réaliser, c’est un exercice de prospective pragmatique : dessiner un paysage global pour le futur et un chemin pour y parvenir. » Et cela semble nourri de bon sens mais en fait, je pense que ça va totalement à l’encontre :
1/ De l’objectif que vous fixez vous-même : c’est-à-dire parvenir à enrayer l’alternative « mauvais populisme/TINA » et
2/ … du fonctionnement naturel de l’Homme.
Cette manière (objectif visé – moyens utilisés) qui à pu faire ses preuves dans certains domaines et à certains moments atteint à présent ses limites… Alors, il est dur pour moi d’expliquer exactement ce que je ressens car c’est en quelque sorte un mélange de deux notions contradictoires, et pourtant… À la fois, oui, savoir où l’on veut aller, en décrivant le chemin à prendre… oui effectivement, c’est ainsi qu’une guerre en Irak se gère, c’est ainsi que tous les jours l’Homme fabrique, cultive, construit etc. mais en même temps, non… pour les choses importantes, et bien je pense que ça n’est pas ainsi que cela se passe… Je pense que l’improvisation est la colonne vertébrale de l’humanité et le berceau de la créativité et du génie… et que justement, si l’on en est là aujourd’hui (dans une impasse qui menace notre avenir) c’est parce que l’homme (craintif) à voulu tout baliser (sans jeu de mots), tout prévoir, tout planifier, tout rationaliser… Lorsque l’on agit ainsi, finalement, on en perd l’objectif premier justement, qui se métamorphose… et qui devient… et bien qui devient « rationaliser »… voilà le danger… tous les objectifs passent au second plan pour laisser la place à la « rationalité »… il n’y a plus qu’un seul objectif… il faut rationaliser, aseptiser, quadriller, étouffer… L’Homme de génie que nous sommes tous avant aseptisation, se lance… il doit posséder des savoirs, avoir une vision de ce qu’il veut, il envisage des possibilités (des chemins) certes… mais il avance comme en transe à la recherche de l’incarnation de ce qu’il a pressenti, entrevu… guidé par ce que j’appelle des « piliers »… (ses piliers qui le délimitent et qui le caractérisent) il se lance sans pouvoir être certain du résultat… et là encore, on se rend compte que les objectifs finalement sont secondaires et qu’ils cachent en fait un objectif plus grand… la spontanéité… Ressentir la spontanéité, prendre du plaisir à voir se créer concrètement devant ses yeux quelque chose que l’on avait seulement pressenti…
Mais aujourd’hui, pour de très bonnes raisons… ou plutôt non… pour de légitimes raisons (la crainte donc…) la vie est figée… on ne peut plus rien faire… Nous avons perdu la liberté… Paradoxal tout de même de s’apercevoir que les pauvres comme les plus riches se retrouvent sur un point… Le manque de liberté… les plus riches font parfois illusion mais en fait il brassent de l’air… ils sont lancés à vive allure dans une direction qu’ils n’ont pas choisie… à suivre les règles d’un monde fantasmé qu’ils ont intégré mais qui s’avère être très vite un miroir aux alouettes…… bref, ils sont coincés comme des rats… à se regarder en chiens de faïence… à se renifler le derrière…. Alors oui, bien sûr qu’il est bon de penser, d’entendre, de connaître les expertises et les propositions de personnes comme Paul… bien sûr que tout ce qui a été dit sur ce blog est essentiel… mais il ne faudrait pas s’enfoncer dans la même erreur et au final se tromper de combat… Les deux camps ne sont pas : les ultra-libéraux fascisants vs les mauvais populistes fascisants…. qui ne sont que les deux faces d’une même pièce… Non, les deux véritables opposants dans cette guerre sont : les craintifs invétérés vs les créatifs vertébrés. Et c’est vrai que les craintifs deviennent très vite d’une manière comme d’une autre, experts en solutions fascisantes… et c’est vrai qu’ils sont légion… mais c’est vrai aussi qu’à une certaine période de l’histoire, des créatifs vertébrés, par lassitude ou par aveuglement ont bel et bien changé de bord… ils ont décidé en quelque sorte de laisser parler leur crainte… tout en poursuivant leur chemin, ce qui fait qu’ils ne se sont rendu compte de rien… les moyens étaient bons puisque la fin les justifiait… Peu importe les objectifs… ou plutôt, ce qu’il importe de garder en tête c’est que l’objectif c’est: la liberté de créer, la liberté d’improviser… c’est cela en définitive que nous défendons… c’est cela qui est aujourd’hui piétiné… Les autoroutes du comment vivre, les clapiers à bonheur, les mensonges, les clichés, les âneries, les magouilles… l’esprit de clan, la compétition, le grand vide… tout cela est de la crainte qui tente de se grimer… et c’est contre ça qu’il faut lutter… aucune certitude sur le chemin à prendre ne nous garantira la réussite de quoique ce soit… Une seule certitude… la certitude c’est de la crainte figée, glorifiée qui nous enterre… Un seul chemin… ouvrir grand les possibles… désengorger… communiquer cela… Improvisation et création sont les piliers… ils sont l’objectif et les moyens… ils doivent être le cadre et le moteur… la référence… et tout ce qui leur porte atteinte doit être modifié… il est là le chemin…
Paul, Je n’ai vu de ce film, il y a longtemps, que ce passage (au début du film, je crois)…