Billet invité
Lorsque l’on s’aventure dans les sous-sols du système financier, l’inventaire de ses fragilités intrinsèques n’a pas de fin… et les solutions pour y remédier restent à inventer. La réflexion sur les banques systémiques, dont une liste a été dressée, assujetties faute de mieux à un ratio de fonds propres plus élevé, en est un exemple ; un autre est la rareté potentielle du collatéral, ces actifs apportés en garantie d’une transaction, aboutissant à une périlleuse sophistication de leur gestion. À défaut de savoir bien évaluer le risque, il faut le contenir, car il n’est plus possible de l’évacuer comme la titrisation permettait de le faire, pensant ainsi le diluer et le rendre inoffensif (il n’en a rien été).
La Fed de New York a ouvert à ce propos un nouveau dossier en se penchant sur le marché des repo (pour sale and repurchase agreement, accord de vente et de rachat de collatéral), là où les banques viennent chercher leurs financements intraday (opérations initiées et dénouées au cours d’une même journée). Ce marché de 2.000 milliards de dollars aux seuls États-Unis associe côté emprunteur les banques, et côté prêteur les fonds monétaires, les assurances, les sociétés d’investissement et les entreprises. Des banques appelées agents tripartites – du fait qu’elles jouent un rôle de tiers, de garant entre l’emprunteur et le prêteur – sont chargées d’opérer le déroulement et la compensation des opérations entre ces emprunteurs et ces prêteurs. Aux États-Unis, ce sont pour l’essentiel JPMorgan et Bank of New York Mellon qui assurent ce rôle.
Selon la Fed de New York, le marché des repo représente un risque systémique non maîtrisé, car l’effondrement de l’un quelconque de ses acteurs côté prêteur pourrait déclencher par effet domino une vente dans l’urgence et à des prix sacrifiés des actifs que ceux-ci détiennent au titre du collatéral. Les banques en subissant le contrecoup lors du dénouement du repo en récupérant dévalorisés leurs actifs.
Il n’y a que deux parades à ce risque, soit une intervention de la Fed dès le démarrage du phénomène, soit la mise en place d’une structure de liquidation ordonnée des actifs des prêteurs défaillants, qui reste à concevoir… En attendant, les régulateurs fondent leur espoir dans l’application de la réglementation Bâle III, l’augmentation du ratio des fonds propres diminuant les besoins de financement intraday, dont ils souhaitent au moins diminuer le volume.
Un facteur supplémentaire de risque a été identifié : des actifs de plus en plus risqués sont apportés en garantie des repo, en raison de la demande grandissante de collatéral, créant un effet boule de neige : pour ce prémunir du risque grandissant qui résulte de la détention de ces actifs, les prêteurs tendent à se couvrir davantage et pratiquent l’overcollateralization en demandant plus de titres pour un prêt donné, contribuant ainsi à une pénurie qui se précise.
Faire tenir debout un système dont la tête est dix fois plus grosse que le corps pose des problèmes récurrents d’équilibre. Les solutions qui y sont apportées ne font que déplacer le problème, c’est-à-dire le risque, car elles ne prennent pas le mal à la racine, en l’éradiquant là où il n’a pas d’autre objet que spéculatif.
@CORLAY Ah ! Cette publication sur les arbres vient donc redoubler votre intérêt dans cette activité du moment. Heureuses concordances.…