Billet invité.
Les tractations se poursuivent jusqu’au tout dernier moment, comme au bon vieux temps de l’élargissement de l’Union européenne, sauf qu’elles ont aujourd’hui un tout autre objet : elles visent à adopter au forceps un plan de sauvetage de Chypre afin que le pays n’en sorte pas. D’un genre nouveau, celui-ci repose sur une restructuration du système bancaire et l’instauration d’une taxe sur les dépôts au-delà de 100.000 euros. De 20% dans le cas de la Bank of Cyprus et de 4% pour toutes les autres, semble-t-il, le statut de Laiki restant encore à trancher. L’austérité n’a pas été décrétée, mais elle viendra après.
Commentant une situation qui reste floue – alors qu’a été annoncée une réunion de la dernière qui se tiendrait à Bruxelles avec une délégation menée par Nicos Anastasiades, le président chypriote – Wolfgang Schäuble a déjà planté le décor pour la suite : « Chypre a dans tous les cas de figure un parcours difficile devant elle. Et ce n’est pas dû à la rigidité européenne, mais à un modèle économique qui ne fonctionne plus ». L’austérité n’a pas été décrétée, mais elle viendra après.
Ils s’y sont repris à plusieurs fois, mais ils vont tuer un paradis fiscal, car ils n’avaient pas d’autre solution ! Voilà la conclusion probable de ces tractations qui traînaient depuis de nombreux mois et qu’il faut conclure à chaud, à très chaud. Chypre est un chaudron, et il est question de compenser avec des bons du Trésor la taxe sur les gros comptes, désormais qualifiée de « décote », ce qui permettrait d’éviter un vote au Parlement.
Qualifier de « modèle économique » les activités financières douteuses dont les grandes banques chypriotes s’étaient faites une spécialité, vaut reconnaissance générale de leur rôle fonctionnel dans le système financier… Et en se reposant sur un gros mensonge, car ce système était florissant à Chypre mais a été la victime collatérale de la restructuration de la dette grecque !
Dix milliards d’euros vont être prêtés à l’État chypriote, qu’il va falloir rembourser, dans le contexte d’une récession qui va s’approfondir brutalement. Même s’il ne fonctionne pas, ce modèle-là n’a pas été touché et la « rigidité européenne » à laquelle Wolfgang Schäuble a fait référence pour s’en dédouaner n’a pas été assouplie. Et la création d’une ou de deux bad banks, si elle est confirmée, ne va-t-elle pas créer une autre charge pour l’État, comme la distribution de bons du Trésor y contribuerait ? L’objectif de ce nouveau sauvetage était de préserver le caractère viable de la dette publique, de telles mesures aboutiraient à en planquer une partie provisoirement sous le tapis… Mais le FMI veille et peut encore tout faire capoter ! Nous visionnons donc avant diffusion l’épisode de lancement du feuilleton du sauvetage de Chypre…
L’un d’entre eux ne sera pas diffusé, dont voici le script : des Learjets sous des immatriculations de complaisance attendent alignés sur le tarmac de l’aéroport de Larnaka et la question est de savoir s’ils décolleront à vide ou bien garnis. Et quelle est la destination figurant sur leur plan de vol…
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VIENT DE PARAITRE : « LA CRISE N’EST PAS UNE FATALITE » – 280 pages, 13 €.
@François M Pour des matériels à la disposition de la défense nationale, cette doctrine d’emploi n’a pas à s’appliquer en…