CONVERSATIONS À BÂTONS ROMPUS

Vendredi, j’ai parlé de « frémissement », et si vous avez regardé la vidéo, vous avez pu entendre qu’avant de mentionner mon « frémissement », j’ai tenu à envisager la possibilité bien réelle d’une illusion de ma part, en rappelant ces « pousses vertes » qu’évoquaient dès les premiers mois de 2009, les partisans d’une reconstruction à l’identique du système qui était alors à terre.

Ce n’était pas la victoire de la votation suisse de Thomas Minder qui me faisait parler de « frémissement » puisque celle-ci n’est intervenue que dimanche, mais les 57 % que lui attribuaient alors les instituts de sondage – et qui se révéleraient trop pessimistes – me semblaient déjà en soi confirmer ce « frémissement » que je sentais dans l’air, indépendamment de toute confirmation. Ce n’était pas Beppe Grillo non plus, même si son ample victoire aux législatives italiennes prouvait – comme l’avait montré Coluche avant lui – qu’un vote de protestation massif ne s’accompagne pas nécessairement d’affreux bruits de bottes.

Tout bien réfléchi, ce qui m’a mis dans cet état d’esprit confiant dans le fait que le Grand Tournant est bel et bien amorcé et qu’il ne se soldera pas nécessairement par un échec retentissant, malgré l’extraordinaire difficulté des tâches qui s’ouvrent devant nous, ce sont trois conversations privées que j’ai pu avoir récemment avec des Suisses.

Je ne parle ni des propos que j’échange avec Manuela Salvi dans son programme radio « Haute
définition »
, ni des réponses que j’apporte aux questions que me pose Marcel Mione dans son émission de télévision « Toutes Taxes Comprises », ni du dialogue que j’ai pu avoir avec Monica Mächler, régulateur des marchés financiers suisses jusqu’à récemment, lorsqu’elle est venue nous parler la semaine dernière de risque et d’assurances dans le cadre de la chaire « Stewardship of Finance », non, je parle des conversations à bâtons rompus que nous avons eues eux et moi avant et après l’enregistrement des émissions, avant et après la conférence, dont nous n’avons eu ni les uns ni les autres sans doute le sentiment qu’elles avaient quoi que ce soit de bien remarquable, ni a fortiori d’historique, mais dont je sais maintenant avec certitude qu’émanait d’elles un incontestable parfum de printemps.

 

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