« THERE IS ALWAYS AN ALTERNATIVE », par Jean-Paul Fourmont est en ligne sur Parutions.com, L’actualité du livre et du DVD.
Anthropologue, sociologue et spécialiste de la formation des prix, Paul Jorion s’interroge depuis des années sur les mécanismes du marché. Ce faisant, il jette depuis plusieurs années un autre regard sur l’économie. Il est l’une des plus éminentes figures de proue de la pensée alternative. Pour preuve, à partir de 2005, l’économiste prophétisait déjà la crise des subprimes. L’an passé, il avait écrit un ouvrage intitulé Le Capitalisme à l’agonie. Cette fois-ci, non content de dénoncer la « Misère de la pensée économique », il propose des pistes de réflexion à la fois alternatives et stimulantes pour une sortie de crise par le haut.
Jusqu’au présent ouvrage, récemment paru chez Fayard, Paul Jorion s’était de son propre aveu principalement livré à l’analyse des ressorts de la crise économique, qu’il estimait inévitable parce que liée aux schémas de la pensée économique dominante. Cette crise en combine trois de façon singulièrement toxique : une crise découlant du fait que « notre espèce se conduit comme une malpropre à la surface de la planète » ; « une autre due au fait que la maîtrise de la complexité nous a désormais totalement échappé » ; enfin, « la crise économique et financière actuelle », laquelle résulte de l’excessive concentration de la richesse, pourtant constitutive de l’économie de marché.
Aussi intéressant soit-il, cet exercice de dénonciation des mécanismes de l’économie capitaliste n’a pas suffi à Paul Jorion. Il lui a en effet fallu répondre à la question – souvent posée – d’un modèle alternatif : certes le capitalisme ne fonctionne pas aussi bien que ses thuriféraires le prétendent, bien au contraire, mais « que faudrait-il mettre à sa place » ? Dépourvu de « réponse toute faite », l’auteur a dû passer à la « prospective ». Mais, pour ce faire, l’auteur affirme devoir répondre, au préalable, à certaines interrogations majeures, comme par exemple la question de notre identité, celle de notre capacité à rebondir, celle de la possibilité d’une science économique, etc.
C’est par l’angle de l’éthique que Paul Jorion s’efforce de répondre à ces interrogations dans cet ouvrage, lequel « n’est pas pour autant un traité de morale ou d’éthique ». Il commence par décrire le cadre général. L’économiste dénonce l’inefficience des marchés financiers. Pour lui, la pensée libérale se fonde sur deux prémisses dont la validité est sujette à controverse : tout d’abord, le principe de l’individualisme méthodologique, selon lequel les phénomènes collectifs n’existent pas en soi, mais sont la résultante de l’agrégation des comportements des individus ; ensuite, la croyance en la parfaite rationalité économique des individus, selon laquelle la seule recherche de l’intérêt personnel suffirait à expliquer le comportement humain.
Ces dogmes, explique Paul Jorion, n’auraient aucun fondement. Ce qui expliquerait que la finance et, d’une façon plus globale, l’économie continuent de se déliter, en dépit des nombreux efforts qui ont été faits par les pouvoirs publics depuis le début de la crise. S’opposant aux poncifs relayés par la plupart des autorités et des économistes, l’auteur préconise notamment d’accorder la priorité aux salaires, au lieu de favoriser l’accès au crédit. Il importerait aussi de bannir la spéculation, comme c’était naguère le cas, de lutter contre tous les paradis fiscaux, d’abolir les privilèges des personnes morales (par rapport aux personnes physiques), de redéfinir le rôle des actionnaires de société (ils sont non pas propriétaires, mais créanciers), de refonder le système fiscal, de supprimer les stock options et de réimaginer les systèmes de solidarité. Bref, c’est au prix d’une véritable révolution économique qu’une sortie de crise serait possible !
22 réponses à “MISÈRE DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE : « THERE IS ALWAYS AN ALTERNATIVE », par Jean-Paul Fourmont”
[…] Blog de Paul Jorion » MISÈRE DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE : « THERE IS ALWAYS AN ALTERNATIVE », p…. […]
Extrait : « ….Selon les chiffres officiels, les inégalités se creusent aux Etats-Unis. Le revenu des 0,1% les plus riches, qui travaillent essentiellement dans la finance et qui gagnent en moyenne 5,6 millions de dollars par an, a progressé de 385% entre 1970 et 2008, tandis que le revenu des 90% de la population, qui gagnent 31 000 dollars par année en moyenne, n’a connu aucune progression en trente-huit ans… » ndlr. La réforme prônée par T. Myers ?
http://www.bilan.ch/rdv/economie/interview/«wall-street-commis-le-crime-parfait»
Certaines castes élitistes ont-elles quelques intérêts à en retirer en accédant au « monde parfait » décrit sous l’ordonnance de Paul Jorion ?
J’ai lu le livre. Passionnant et pas du tout ennuyeux comme la plupart des essais sur l’économie.
J’ai malheureusement l’impression que malgré sa pertinence, cet ouvrage est par quelque endroit dépassé par la crise. Par exemple la formation des prix. P.J nous dit que la préoccupation plus ou moins consciente des acteurs d’un marché est des respecter et de sauvegarder la cadre dans lequel s’effectue le dit marché.
Je crois que la grande distribution ne respecte plus cette règle.
Exemple: On trouve actuellement ou dans le cadre des foires au vin des bouteilles de vin de Bordeaux par exemple à 2€ ou moins. Or il faut savoir que le coût de « la partie sèche » d’une bouteille c’est à dire bouteille, étiquette, capsule, bouchon et tous les conditionnements et transport valent 1,5€ et c’est incompressible. Donc quand une bouteille est vendue 2€ ou même 3€ en grande surface, à combien est elle achetée au viticulteur? 1,50€ ou 2€. On n’offre pas au vigneron d’assurer sa subsistance. Le pacte du cadre est rompu. Résultat: de nombreuses faillites de vigneron.
Ce marché n’est pas le seul exemple sur lequel un acheteur ou un vendeur puissants ne songent qu’à leur intérêt immédiat. Dans la catastrophe imminente qui s’annonce on se dépêche de se remplir les poches voire même de détrousser au passage les cadavres.
Je ne remets pas en cause par ces lignes la justesse des analyses de P.J. mais je veux dire seulement qu’il y a urgence.
@ JC, vos remarques sur la grande distribution rejoignent des observations que je fais depuis quelques années : ils ne jouent plus le jeu des règles du marché.
Des exemples vraiment pris par le petit bout de la lorgnette mais qui me semblent très significatifs:
-un paquet de coquillettes format familial en 1kg : le prix au kg est + 5cts par rapport au prix au kg du paquet de 500 g ; 3 tablettes de chocolat noir = plus chères dans leur blister ‘famille’ qu’achetées à l’unité…; prix/ l de Porto en bouteille de 1 l plus cher qu’en bouteille de 75 cl (ramené au prix /l)… (les lecteurs du blogs voient mes priorités)
En fait j’ai signalé ça à mon hyper et plusieurs fois c’est rectifié : erreurs…
En réalité ce sont des fraudeurs conscients : normalement sur un marché si on achète 4kg de patates on paie moins cher que pour un ; c’est quand même une règle de base! La grande distribution systématiquement triche ; c’est écœurant car en annonçant un format familial il pourrait sembler normal que l’achat en plus grandes quantités implique un légère réduction au minimum et NON une augmentation ! Je suppose que bien de pauvres gens se font ainsi avoir. Après ces gens-là se disent pour le libre marché !
Une solution simple serait de les nationaliser et d’en donner le contrôle à des coopératives producteurs/ consommateurs : basta avec la grande distribution aux mains des ces profiteurs inutiles.
La solution est pourtant simple, sans passer par l’Etat, à moins que vous ne vouliez recréer l’URSS.
@ Marlowe
Est-il besoin de préciser que non, je ne veux pas réinventer l’URSS.
Le mot nationalisation a été employé faute d’un autre… expropriation? J’ai mentionné des contrôles par les consommateurs et coopératives par ex. ;il est clair que lors de la future sortie du cadre un contrôle différent des structures fondamentales pour notre vie en commun: transport énergie, distribution, éducation bien sûr et d’autres… en tout leur propriété privée n’est pas soutenable…(cf. Misère de la pensée économique : « composante abusus de la propriété privée« )
Et l’héritier Lagardère sans doute parce qu’il est devenu une taupe de l’ultra-gauche s’en donne à cœur-joie pour l’ illustrer !
à Tolosolainen,
Collectivisation ?
encore un mot connoté… et c’est assez terrible quand on pense à la famine en Ukraine…
Je suis persuadé qu’on finira par inventer du nouveau car on se sera poussé en sortant du cadre. Cela étant ça va être dur…
Peu importe les mots.
L’urgence, c’est la démocratie réelle,
qui commence avec la fin de la dictature du capital.
Plus d’appropriation privée des grands moyens de production.
Fin de l’exploitation salariale.
Des unités de production,
dont le par qui, le quoi, le comment, le quand et le pour qui
sont déterminés démocratiquement,
avec interactions entre branches et entre territoires,
ce qui implique une planification, non plus par les multinationales,
mais par les peuples.
– Mais c’est une révolution socialiste !
– C’est peu dire…Vous n’y êtes pas, maitre, c’est une révolution de civilisation !
Tss tss, on est loin des 1,5 roros en matière sèches et transport sur un frontignan. Le pinard dans la bouteille a été payé maxi 0,90 euro ttc (900 euros ht le tonneau de 900 litres ou 1200 blles), plutôt moins. Il faudrait mini 1,20 (1200 ht le tonneau) pour faire tourner la baraque durablement. That’s all.
Combien pour les matières sèches? J’ai écrit ces lignes alors que j’avais interrompu la lecture du livre de PJ pour aller acheter du vin à la grande surface à côté de chez moi. J’ai trouvé un excellent St Emillion à 3€. Je connais quelques viticulteurs de cette région et je sais que ce produit coûte plus cher. Je sais aussi que ce n’est pas la grande surface qui perd de l’argent. Mais alors qui? J’ai donc repensé aux lignes que je venais de lire et je n’ai pas acheté cette bouteille. Faut pas déconner!
JCk, 0,70 ttc le col en achats pour une mise sur du premier prix, maxi. Et du St É à 3 € c’est vous qui perdez du pognon, ça n’existe pas. Ya déjà pour plus de 3 € de pinard dans la bouteille au cours du vrac, plus de 3 000 ht le tonneau.
Il me semble qu’à la complexification dénoncée par P.J. vient se mêler une autre tendance qui permet aux grosses entreprises des comportements que par exemple des commerçant en contact direct avec leurs fournisseurs ou leurs clients n’aurait pas osé avoir (ou moins souvent osé avoir.)
Je ne veux pas dire par là qu’au bon vieux temps les puissants respectaient quand même et malgré tout certaines règles qui n’auraient désormais plus cours mais plutôt qu’il est devenu beaucoup plus facile de ne pas respecter de règles parce qu’il sera beaucoup plus facile de plaider qu’on est pas coupable même si on reste en théorie responsable. Ceux qui décident pour Carrefour le font dans l’intérêt des actionnaires puisqu’ils ont été choisis et sont payés pour ça. Les actionnaires peuvent être des gestionnaires de fonds de pension ou des banques censés n’agir que dans l’intérêt de leurs clients lesquels n’ont pas vraiment le choix, etc, cette chaîne infernale n’a pas de limite.
Il m’est arrivé d’illustrer des tracts syndicaux ou des affiches en y mettant des patrons représentés selon les conventions habituelles – celles qu’utilise Gregory dans La survie de l’espèce – mais comme c’était dans un contexte concret alors que le capitaliste de la BD symbolise une abstraction je ne trouvait pas ça vraiment satisfaisant. Quand une multinationale « se voit dans l’obligation de …etc » la seule chose qu’on puisse réellement reprocher à ceux qu’on désigne comme responsables c’est d’avoir accepté de l’être…
Bon, j’ai plutôt l’impression d’être dans le brouillard, n’hésitez pas à le dissiper si vous y voyez plus clair…
Compte-rendu journalistique.
Aucun intérêt.
Tu devrais prendre des leçons chez les crapauds, ils savent bondir et rebondir. Cf. mon post ci-dessous.
? Aucun intérêt…
Le (petit) maître d’école a encore frappé. La case n’est toujours pas la bonne, à croire qu’ « ils » le font exprès. Une conspiration… ou desfaiblesses toute dominicale. Ce blog deviendrait médiocre si Marlow ne veillait pas.
Bof, une erreur de direction dans la visée de l’objectif: retour à l’envoyeur.
Conspiration ? Non, misère.
@ Marlowe Tout ça parce que tu as quelques années d’avance sur la compréhension du truc ! Je préfére la réponse de Paul qui renvoit à la lecture de ses livres. C’est la première des choses à faire … ensuite on peut s’envoyer des posts… mais so what ? On s’est fait plaisir et pendant ce temps ça continue comme avant. Vous trouvez ça génial ?
@ Le crapaud : Le crapaud est constructif, non ?
So what ?
Effectivement, et sa critique de « l’individualisme méthodologique » fait partie des choses qui m’enthousiasment chez lui. C’est sans doute à cette méthodologie que l’on doit l’écœurante et abyssale stupidité qu’est l’idéologie de la performance individuelle.
Pourquoi auraient à la place de ont ?
Pourquoi Marlowe plutôt que rien? Mystère…
COUCOU !
« MISÈRE DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE » :
Direct Translation (Dashboard) :
Misère de la pensée économique
Misery of the economic thinking
ç»æµŽè®¤ä¸ºçš„苦难
The economy thinks misery
L’économie pense la misère
Clin d’œil à Charles A : Ce serait même « L’économie de la panse et de la misère »
(2 octobre 2012)
once again:
The economy thinks misery
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The economy reveals the misery
L’économie indique la misère
(End of Translation)