UN BON UNE-DEUX

Hier m’est parvenu un exemplaire de La survie de l’espèce (en librairie le 2 novembre) et je n’ai pas pu m’empêcher de le lire encore une fois d’un bout à l’autre, comme il faut le faire trop souvent avec un nouveau livre, à la recherche de la dernière erreur qui aura inexplicablement échappé à tout le monde. Sauf que cette fois, avec le livre imprimé, ce sera trop tard. Et, aaargh ! Enfer et damnation, la voilà : « Grégory ! Des stock-options produisant des dividendes ! » (p. 49). Bon, ce serait passé inaperçu de pratiquement tout le monde, oui mais c’est ce « pratiquement » que je n’aime précisément pas du tout, alors je mentionne la bourde à titre préventif : avant que quelqu’un d’autre ne m’en fasse la remarque.

Je suis quand même très content du livre : j’ai le sentiment que ça plaira beaucoup ! Et surtout, La survie de l’espèce me semble constituer avec Misère de la pensée économique qui a paru il y a quinze jours, une excellente combinaison : il y a une bonne complémentarité, un bon une-deux comme on dit en boxe. D’autant qu’ils sont, du point de vue de l’approche, sur la même longueur d’ondes.

Ce que je veux dire par « sur la même longueur d’ondes », c’est que dans La survie de l’espèce, Grégory m’a fait intervenir à plusieurs reprises comme personnage, et du coup comme personne : il me fait par exemple apparaître en psychanalyste, citant La transmission des savoirs (1984), écrit avec Geneviève Delbos, il met en scène qui je suis, reprenant la substance de certains de mes billets plus ou moins autobiographiques. Et cela, c’est un élément qui est commun avec Misère de la pensée économique, non pas que j’y introduise des éléments autobiographiques, mais parce que je m’y échappe davantage que dans les quatre livres précédemment parus chez Fayard, de la pure chronique des événements, pour situer le destin de notre espèce dans un vrai cadre anthropologique, cadre que je définis à partir de mes travaux précédents, travaux qu’on peut appeler – n’ayons pas peur des très grands mots – « scientifiques », en anthropologie, en sciences cognitives ou en épistémologie.

Une des conséquences de cela, c’est qu’un critique de Misère de la pensée économique, ne peut pas, comme ce fut le cas avec mes livres précédents sur la crise, se contenter de dire : « c’est bon » ou « c’est mauvais », parce qu’en écrivant cela, cette fois, c’est automatiquement une opinion sur l’ensemble de – de nouveau un très grand mot – mon « œuvre », qu’il ou elle émet.

On me rapporte que les critiques temporisent, ils sont en attente. Une hypothèse possible, c’est qu’ils attendent la sortie de La survie de l’espèce pour parler des deux dans la foulée. Une autre hypothèse, c’est qu’ils attendent de voir ce qu’écrivent leurs confrères. Dans la profession de critique, comme dans la plupart des autres, on n’est sans doute jamais trop prudent !

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44 réponses à “UN BON UNE-DEUX

  1. Avatar de BAIN
    BAIN


    Peut-il y avoir une pensée sans image(s) ?
    Alors j’sais pas, autant choisir les siennes.
    Quoi un monde sans image,
    c’est un monde sans autrui?

    1. Avatar de BAIN
      BAIN

      Mieux ?
      Cela me fait penser à la « Logique de la sensation » de Gilles Deleuze, ou volontairement les textes et commentaires, des reproductions des peintures de F. Bacon, sont séparés en deux tomes.

  2. Avatar de karluss
    karluss

    une autre hypothèse, c’est que les critiques ne vont pas critiquer.

    1. Avatar de Religieuses
      Religieuses

      Cependant, après ces quinze jours écoulés, pourquoi attendre pour émettre une critique ou un simple avis ?
      Petites blogueuses du dimanche, nous n’allons pas attendre ces grands messieurs dames de la presse critique pour dire que nous trouvons tout le chapitre sur la « science » économique vraiment génial. Quand Mr Jorion parle de la redéfinition de la rationalité par la « science » économique, (« subventionnée » pour ne pas dire « nobélisée » par nos élites…), c’est très réussi. Évidemment, notre avis ne fera pas grossir la vente du livre, dommage mais qu’importe, c’est dit ! … à la sainte Céline.

  3. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    « Une – deux  » est parfois aussi exprimé par « gauche-droite » …

    J’attends la mise à disposition complète des deux bouquins pour les acheter en même temps

    On a un tarif préférentiel dans ce cas là ?

    Si vous avez besoin d’un garde du corps expérimenté en swing, crochet ou autre uppercut , pour vous protéger des critiques , vous pourrez peut être embaucher Julien Alexandre qui cherche du boulot et qui a l’air assez balaise .

  4. Avatar de dalla vecchia luigi
    dalla vecchia luigi

    Aujourd’hui, je me suis mis au jaune…
    Hier je m’étais mis au vert en me faisant offrir votre fameux livre de la même couleur ; et à cette occasion, je m’étais plaint des conditions de présentation que la FNAC lui faisait en rayon, soit exclu des livres présentés à plat sur la console où se répandaient à la place et de façon dégoulinante, la flopée d’experts apôtres d’ultralibéralisme, mêlés à des ouvrages de vie pratique éducatifs sensés nous faire comprendre qu’il est impératif d’éliminer les maillons faibles pour progresser ; l’ultra libéralisme façon loi de la jungle et loi du chacun-pour-soi, histoire de dire que c’est la nature; alors qu’il y a dans la nature nombre d’espèces qui collaborent et aussi des symbioses, et en général elles réussissent mieux (si la réussite a un sens pour la nature)!!!!
    Et voilà que , coquin de sort, la FNAC s’est réveillée et s’est souvenu de son cœur de métier : « éveilleur de conscience » (slogan de son ancien patron) : votre livre jaune est à plat sur la console et qui plus est avec le beau linge: Jacques Sapir (démondialisation), le capitalisme de la catastrophe (où comment l’ultra-libéralisme utilise des stratégies de choc et provoque des catastrophe pour s’imposer , livre de « je ne sais plus qui », mais très intéressant pour les pages que j’ai parcourues), Bernard Maris avec un compère pour rappeler la part de morbidité intrinsèque au capitalisme (la tentation de tuer la poule aux œufs d’or pour en tirer plus de bénéfices à court terme ?), et j’en passe et des meilleurs…..Seul accroc à cet aréopage, François Lenglet, mais avec un livre qui semble renier ses anciens maîtres et obédiences …..Question sans doute, du sens dans lequel le vent tourne en ce moment ! En tout cas, on espérerait un sursaut de la Fnac dont on désespère de voir le rayon livre se réduire comme peau de chagrin, et de constater qu’il y a de moins en moins de livres professionnels pour vendre des jeux, et des « tourniquettes » électriques « pour la vinaigrette » !!!!
    Là je dois avouer, la Fnac m’a eu et j’ai failli acheter trois livres d’un coup! Finalement, j’ai opté seulement pour le vôtre (question de déflation salariale), bien que n’ayant pas eu encore le temps d’entamer significativement votre livre vert. En attendant, je les ai mis bien en évidence sur l’étagère bien en vue en compagnie d’un autre au titre évocateur : celui de Boris Vian : titre du livre = « Et on tuera tous les affreux …… ». Je vous passe le reste du titre qui fait surenchère et qui pourrait donner de mauvaises idées à ceux qui n’ont pas d’humour. Mais en tout cas, l’effet de cette manœuvre est spectaculaire, s’en est fini des pénibles qui me servent à table la rhétorique des Rastignac et des fils décadents de leurs trop riches familles. Mon Dieu pourquoi les copains et copines de ma femme ont des conjoints genre fin de race!
    http://www.youtube.com/watch?v=nxITjugiYPU&feature=related
    http://www.youtube.com/watch?v=eryzp0Pklc8&feature=related
    NB: si vous n’êtes pas écoutés en haut lieu , peut-être que vos livres après tout peuvent servir à la plèbe pour se débarasser des pénibles…..Vous seriez alors un peu comme le tonton bricoleur de Boris Vian dont j’ai mis la java en lien ci-dessus!

    1. Avatar de ca va pas être facile
      ca va pas être facile

      Salut, si suivant ce blog, vous n’avez pas un petit libraire de quartier chez lequel vous faites

      vos achats, moi je consulte dans les grandes chaines, mais pour l’achat je vais chez mon

      libraire, l’envie de lire à Ivry /Seine. Faire travailler les gens d’une scop, ça me parait

      aller dans le sens de ce que l’on souhaite tous.

    2. Avatar de Muche
      Muche

      Hum, je crois savoir que la position en tête de gondole se monnaye. Non ?

      1. Avatar de Grégory
        Grégory

        C’est plus simple que ça : la console est pour les nouveautés. Le jaune y est, le vert non…

      2. Avatar de M
        M

        le mieux : votre libraire indépendant

        , qui a une qualité que l’ »on » essaie de nous faire perdre à tout prix : la hiérarchie des valeurs … et qui ne fait jamais ( que l’on aime ou pas) dans la daube …(= pipolâneries en tout genre )

      3. Avatar de Muche
        Muche

        Bonsoir Grégory,

        oui effectivement, c’est plus simple.
        Il semble que je confonde ces consoles consacrées aux nouveautés,
        avec les mises en avant du type tête de gondole.
        Au temps pour moi.

        Au passage, merci à tous deux pour vos travaux !

  5. […] Blog de Paul Jorion » UN BON UNE-DEUX. […]

  6. Avatar de Sono-Sion
    Sono-Sion

    Fin De Course .

    Opinion Guilty Of Romance
    lien youtube : https://www.youtube.com/watch?v=UofBIxsbQXw

  7. Avatar de Daniel
    Daniel

    J’attends avec impatience vos passages à la radio pour la promotion de ces deux livres.

    Il y a quelques jours, un « auteur-journaliste-homme-politique-d’intérêt-local » a mobilisé les deux radios pour vanter une quasi daube libéral-étatique. Teneur de la récitation : accrochez-vous, tout ira mieux comme avant, région par région, compétitivité…croissance… emploi… etc… ( je suis un peu injuste, sauf que l’ oeuvre n’en méritait pas tant .)

    Il n’y a pas de raison pour qu’un discours à contre courant et surtout plus fondamental n’ excite pas plus les rédactions. Un Couturier… j’arrête de peur de gros mots.

    1. Avatar de Grégory
      Grégory

      Alors réserver votre 14 novembre à 18h20 sur France Inter. On verra s’il y aura autre chose..

  8. Avatar de Le penseur économique de Radin

    Pour un qui suit ce blog , c’est intéressant de retrouver dans ce livre des notions évoquées ici bas ,
    jours après jours. L’esprit critique a l’impression d’avoir un temps d’avance sur les autres lecteurs .

  9. Avatar de rototo
    rototo

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/08/24/rentree-des-essais-un-tour-d-horizon_1748728_3260.html
    « En bonne logique, la crise économique est laissée… aux économistes. Français et Américains ont pris la plume. Dans Le Cercle de la déraison (LLL), Jean-Paul Fitoussi pourfend une science économique devenue doctrinale et Daniel Cohen en moque le paradigme, l’Homo economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux (Albin Michel). Paul Jorion peste contre la Misère de la pensée économique (Fayard). Joseph Stiglitz dénonce Le Prix des inégalités (LLL). Confiant, Paul Krugman sait, lui, comment En finir dès à présent avec la crise ! (Flammarion). »

    J’en connais un qui va être content d’être rangé dans la case économistes 🙂

  10. Avatar de zenblabla

    Survivons, survivons!
    Il en restera toujours quelque chose!!!

  11. Avatar de Nemo3637
    Nemo3637

    Le livre est donc arrivé chez moi avant-hier, sous les tropiques. J’ai planifié ma lecture à la plage où je nage quotidiennement. Du coup « La Grande Perdition », en relecture et prise de notes, a été abandonné. Après le bain j’ai lu les 40 premières pages.
    bien sûr, j’ai fait « comme tout le monde »: j’ai parcouru les dernières pages et quelques une du milieu.
    Ce qui me plait chez Jorion particulièrement ce coup-ci c’est son expression littéraire, son style, ses pas de côté. Par instant on se sent comme dans un roman. C’est qu’on de la chance de tomber sur quelqu’un qui n’est pas seulement économiste – heureusement – mais anthropologue et en fin de compte esthète. Il aime les bonnes choses. Enfin chacun selon ses goûts. Mais les siens je les partage.
    Edith Piaf – enfin l’auteur d’une de ses chansons – est ainsi appelé à la rescousse dès ces premières pages.Le texte de la chanson est pratiquement in extenso et on continue la lecture en chantonnant.
    Cela va « secouer » maints Français qui aiment tant que « chaque chose soit à sa place »
    En historien – là c’est ma formation – Jorion est moins bon. Sa vision de la Révolution Française est discutable. La remarque sur Bismarck précurseur en quelque sorte du fordisme est par contre très pertinente
    Je me sens obligé de faire un « papier » sur le bouquin. Pas de dithyrambe de ma part. Comme d’hab.

    1. Avatar de Julien Alexandre

      Merci Nemo. Vous avez nos adresses, n’hésitez pas à nous adresser votre papier pour en faire éventuellement un billet invité.

      1. Avatar de Nemo3637
        Nemo3637

        Ben oui Julien.
        J’espère que le papier vous semblera plus convenable que celui que j’ai fait sur Mattick…
        Mais d’ici là d’autres peut-être auront pondu quelque chose…

    2. Avatar de Daniel
      Daniel

      @ Gregory:
      OK pour le 14/11, 18h20, France-inter.

      @ Nemo3637.
      Vous devriez convaincre les indifférents : une plage, une mer accueillante et un Jorion.

      « Esthète ».
      Le qualificatif est tellement juste.
      On s’y perd dans les qualités de Paul, quasi universel , un Pic de la Mirandole de notre temps, et à multiples facettes.
      Esthète, oui. Et mieux, non une fin en soi mais un couronnement, un clé de voute qui justifie l’ensemble.
      ( On me pardonnera cet excès…)

      1. Avatar de Nemo3637
        Nemo3637

        Alors là Daniel, attention parce que vous devenez dithyrambique.
        Personnellement je ne partage pas toutes les conceptions de Paul. J’aurai peut-être l’occasion de m’en expliquer. Mais j’aime bien le personnage qui a beaucoup de talent et son eclectisme- tellement nécessaire aujourd’hui. Tout comme François Leclerc à qui il ressemble sur bien des points .
        Mais enfin il y a heureusement beaucoup de gens très bien aussi, moins connus. Nos amis, vous, moi peut-être.

  12. Avatar de Johan Leestemaker
    Johan Leestemaker

    Amsterdam, le 20 octobre 2012

    Chèr Paul,

    Et si le silence du coté des critiques est provoqué également par leur stupéfaction vis-à-vis la coincidence entre VOTRE critique formulée dans « La misère de la pensée économique » et « La survie de l’espace » et le drame qui se déroule auprès du hégémone en désarroi?

    Le risque de voir Dagobert Duck en personne arriver au niveau du Chef de l’Etat?

    Veuillez lire le témoignage presqu’ anthropologique et de fait de monsieur Peter Joseph dans le NYT:
    http://campaignstops.blogs.nytimes.com/2012/10/18/a-financier-in-chief/

    En conclusion: une stupéfaction des critiques par rapport à vous provoquée par leur respect du pouvoir de vos observations participatives adéquates? Du frémissement internalisé devant votre prestige?

    Bien à vous,

    JL

    PS: @ Bain
    Tout cela donne un goût amer aux remarques du coté de chez vous, Bain..
    Ou, si vous me le permettez, Gilles Deleuze comme souverain-pontife caché des Mormons, justement un autre producteur et ‘fabulator’ des mythes et des confusions trompeuses.. bien, visitez vous-même Salt Lake City et regardez les folies de Joseph Smit.. et réfléchissez bien ce qui pourrait arriver près de chez nous au et surtout dès le 6 novembre 2012..

    Dagobert Duck, après ses 30 mois en France pour échapper comme appelé au Vietnam, parle le Français il paraît.. http://mittromneyfrance.fr/

  13. Avatar de Sido
    Sido

    Un grand homme qui a peur des grands mots ! 😀
    Il faut assumer qui vous êtes Paul !

  14. Avatar de martin
    martin

    La philia ou l’horreur, tel est l’alternative devant laquelle nous place Paul Jorion.

    « Semez la justice et vous récolterez l’amour »

    Osée

    Jour d’Adonaï

  15. Avatar de PHILGILL
    PHILGILL

    Poursuivant inlassablement sa réflexion…
    Aujourd’hui, Paul Jorion nous annonce l’état du monde financier dans un livre jaune vif, avec « misère de la pensée économique ». 
    Précédemment, avec le déjà célèbre « Capitalisme à l’agonie », nous avions eu droit à un sublime vert, succédant au bleu de « L’argent mode d’emploi », du rouge de « La crise » et du orange de « L’implosion »…
    Enfin verrons-nous bientôt, grâce à tous ces tons en éventail, Paul Jorion, faire « le Paon » ?
    Il ne nous manque plus, si je ne me trompe pas et suivant cette logique des couleurs en arc-en-ciel, que le violet, pour faire une « grande roue » de ses livres ainsi réunis.
    Et c’est parti pour un grand paon !
    À moins que Paul, comme prochain ouvrage, par esprit de contradiction ou de surprise, nous fasse un bouquin tout marron… Espérons que non ! cela ne ferait pas chouette dans notre bibliothèque…Mr Jorion.
    En simple anecdote et sans vouloir lui faire de la publicité, NBC – premier réseau américain – à avoir diffusé régulièrement des émissions et programmes en couleurs avait déjà repris une idée similaire dans la conception de son logo en forme de paon.
    Pourvu que ça dure ?! … Et que tout cela ne finisse par une autre Implosion… dans nos téléviseurs… Cela serait certainement trop fort en couleurs !
    … Ou tout blanc ou tout noir, qui sait ?

  16. Avatar de Grégory
    Grégory

    Paul, l’incarnation que tu as mis dans ce blog dès ses débuts sont une des choses qui m’ont convaincu de la pertinence de faire une bédé. Parler de musique, parler de culture, parler surtout sans arrêt de ce qu’est réellement la vie fait beaucoup de la force de ton propos. C’est très important, quand on parle de cette main invisible et si pesante qu’est notre organisation politico économique, de toujours avoir ce contrepoint de la vie vraie qui seul permet de prendre la mesure des constats, de leur donner du poids tout en évitant les effets de tribune – tu sais, ceux qui ne laissent aucune trace dans les esprits une semaine plus tard.

    Pour la petite histoire, Paul m’avait communiqué plusieurs textes dont certains autobiographiques (et souvent pas économique du tout !). Certaines scènes que j’ai proposée à Paul, notamment quand il psychanalyse travailleur ou capitaliste, répondaient à certains de ces textes. Dans mon esprit, ce n’était pas qu’un « private joke » (sinon il n’aurait pas fallu le faire), mais parce que dans ces tranches de vie que Paul avait partagé avec moi je voyais la formation des angles et dynamiques qui élaboreraient ensuite le propos final – celui que je devais raconter. C’était une manière de montrer la pensée non comme tombée du ciel, mais en situation.

    C’est une bédé à tiroir. J’aime les bédés à tiroir, dans lesquelles on aime à se replonger pour percevoir des choses qui, pourtant sous notre nez, nous avaient échappées de prime abord.

  17. Avatar de Paul Jorion

    Deuxième tirage pour Misère de le pensée économique. Après quinze jours de vente seulement, c’est très encourageant.

    1. Avatar de Grégory
      Grégory

      Félicitations !

      1. Avatar de Paul Jorion
    2. Avatar de Grégory
      Grégory

      Non, envieux. Si on peut dire la même chose de la Survie au 17 novembre, je ne serais pas malheureux…

      1. Avatar de Paul Jorion

        « Envieux » ? Ah, non, ça ce n’est pas bien. Une BD, ça se vend toujours mieux qu’un bouquin sans images, non ?

      2. Avatar de Olivier B
        Olivier B

        Monsieur Jorion, je ne vous ferai pas l’injure de vous rappeler le principe de Pareto, appliqué à la gestion de la production ! (Enfin si, c’est ce que je suis en train de faire ! 😉 ) Si « 20 % des produits représentent 80 % du chiffre d’affaires », nul doute que et la « Misère » et la « Survie » se trouvent dans ces 20 % !

    3. Avatar de Olivier B
      Olivier B

      Imprévoyance de l’éditeur ? Il ne s’y attendait pas ? Ouh le vilain ! Il ferait mieux de relire votre livre ! 😉

    4. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      ça doit effectivement marcher assez fort ,car c’est mon libraire qui me relance , de son propre chef , aujourd’hui via mail pour me proposez votre bouquin !

      http://www.decitre.fr/livres/misere-de-la-pensee-economique-9782213666310.html

      J’aime mieux me déplacer ( c’est mon dernier refuge d’exercice ) pour acheter mes livres . Alors je vais attendre la réelle mise à disposition de  » la survie de l’espèce », pour optimiser le déplacement .

      1. Avatar de Mor
        Mor

        Vous en avez de la chance. Il y en a pour qui mettre la main sur un bouquin n’est plus un exercice sinon le parcours du combattant complet. Ça donne envie de se lancer dans le troc des sources de la connaissance, mais ça doit sûrement être interdit, un truc pareil.

  18. Avatar de Gu Si Fang
    Gu Si Fang

    Je viens de lire la partie où vous critiquez l’homo economicus et la notion de rationalité. Vous donnez deux définitions de la rationalité :
    1) celle des économistes, qui est l’utilisation de nos ressources pour atteindre nos fins, consistant chaque fois que l’on dispose de moyens / connaissances / croyances et que l’on désire quelque chose, à faire ce que nous croyons nécessaire pour obtenir ce que l’on désire ;
    2) celle d’Aristote, qui est l’utilisation du syllogisme, consistant chaque fois que l’on connait la mineure et la majeure à en tirer la conclusion logique : c’est le syllogisme pratique.

    Ma première réaction est qu’il est généralement vain de se disputer sur les définitions. Si le seul problème que vous constatez est qu’il existe deux définitions différentes et incompatibles de la rationalité, so be it. Il suffirait de préciser chaque fois laquelle on utilise pour éviter toute ambiguïté. Vous semblez penser que la définition d’Aristote est celle du sens commun… Même si c’est le cas, la définition des économistes est peut-être originale, elle est quand même facile à comprendre. Si quelqu’un veut une glace et sait que le marchand de glace au coin de la rue lui en donnera une contre 3 euros (qu’il possède), il va l’acheter. À l’inverse, à quoi se reconnaîtrait quelqu’un qui n’agit pas selon les canons du syllogisme pratique ? Donc retenons qu’il existe deux définitions.

    Vous voulez critiquer la définition des économistes. À cette fin, vous donnez l’argument suivant :

    L’individu « rationnel » correspondant à cette représentation, baptisé homo œconomicus, a pour particularité de maximiser son utilité subjective dans une ignorance totale de ses concitoyens, poursuivant son intérêt égoïste sans jamais dévier de sa trajectoire.
    L’homo œconomicus dont les tenants de la théorie dominante de la « science » économique font leur héros en tant qu’être rationnel, est une caricature, à la fois sociopathe et psychopathe.

    Donc à partir de « l’utilisation de nos ressources pour atteindre nos fins » vous déduisez que les gens qui se comportent ainsi sont sociopathes et psychopathes. Au secours !

    Un homme se paie des leçons de piano. Une bonne sœur qui apprend le vietnamien pour aller aider les pauvres dans une mission. Un philanthrope qui fait don d’une fondation artistique. Nous avons des fins non matérielles et qui concernent nos relations avec les autres. Elles occupent une place d’autant plus importante dans nos vies que l’essentiel de nos besoins vitaux sont satisfaits. La définition économique de la rationalité inclut toutes les fins possibles et imaginables, et pas seulement l’enrichissement, ou je-ne-sais quelle vision restrictive des aspirations humaines. Elle est parfaitement « altruisto-compatible ».

    Mais surtout, comme l’écrit David Levine :

    Given beliefs about consequences and sentiments about those outcomes it is almost tautological to postulate that players choose the most favorable course of action given their beliefs. At one level this is what it means for players to be “rational” and should scarcely be controversial… yet many dense books have been written criticizing this notion of rationality.

    Étant donné des croyances quant aux conséquences et des préférences quant au résultat, il est pratiquement tautologique de postuler que les gens agissent dans le sens le plus favorable étant donné leurs désirs. À un niveau, cela définit précisément ce qu’être « rationnel » veut dire et cela ne devrait pas être controversé… et pourtant de nombreux gros volumes indigestes ont été écrits pour critique cette notion de rationalité.

    Mises dit exactement la même chose :
    1) une action rationnelle (au sens des économistes) est un pléonasme ;
    2) les fins de l’individu rationnel peuvent être « idéales » ou « supérieures » ou d’un ordre « plus élevé » :

    L’agir humain est nécessairement toujours rationnel. Le terme « action rationnelle » est ainsi pléonastique et doit être évité comme tel. Lorsqu’on les applique aux objectifs ultimes d’une action, les termes rationnel et irrationnel sont inappropriés et dénués de sens. La fin ultime de l’action est toujours la satisfaction de quelque désir de l’homme qui agit. Comme personne n’est en mesure de substituer ses propres jugements de valeur à ceux de l’individu agissant, il est vain de porter un jugement sur les buts et volitions de quelqu’un d’autre. Aucun homme n’est compétent pour déclarer que quelque chose rendrait un homme plus heureux ou moins insatisfait. Le critiqueur tantôt nous dit ce qu’il croit qu’il prendrait pour objectif s’il était à la place de l’autre ; tantôt, faisant allègrement fi dans son arrogance dictatoriale de ce que veut et désire son semblable, il décrit l’état du critiqué qui serait le plus avantageux pour le critiqueur lui-même.

    Il est courant de qualifier d’irrationnelle une action qui, renonçant à des avantages « matériels » et tangibles, vise à obtenir des satisfactions « idéales » ou « supérieures ». Dans ce sens les gens disent par exemple – parfois avec approbation, parfois avec désapprobation – qu’un homme qui sacrifie sa vie, sa santé, ou la richesse, à la poursuite de biens d’un ordre « plus élevé » – comme la fidélité à ses convictions religieuses, philosophiques et politiques, ou la liberté et l’épanouissement de sa nation – est motivé par des considérations irrationnelles. Toutefois, l’effort qui tend à ces fins supérieures, n’est ni moins ni plus rationnel ou irrationnel que la poursuite des autres objectifs humains.

    Alors pourquoi ce débat stérile sur la définition de la rationalité ?

    C’est une question ancienne, puisqu’elle figure déjà dans le Protagoras et dans L’éthique à Nicomaque. Dans le Protagoras, Socrate demande comment il est possible à la fois de juger que A est la meilleure action, et de faire autre chose que A. Pour Socrate, lorsqu’on agit mal c’est donc par ignorance. En langage d’économiste : si je ne sais pas qu’il y a un glacier au coin de la rue, je ne peux pas aller lui acheter la glace dont j’ai envie. Aristote modifie légèrement la position de Socrate, d’après ce que j’ai compris, en introduisant une distinction entre croyance et connaissance. Selon Aristote, si un individu connaît la prémisse et connaît le raisonnement, il agit conformément à la conclusion : c’est le syllogisme pratique. Mais il se peut qu’il connaisse une partie seulement du syllogisme et dans ce cas on retombe sur la définition des économistes : l’homme agit conformément à ses croyances pour obtenir ce qu’il désire, et lorsque ses croyances sont incomplètes ou incorrectes, il est rationnel (au sens des économistes) de se tromper. Errare humanum est.

    Ma conclusion est qu’en fait il n’y a pas vraiment deux définitions de la rationalité, mais une seule. La façon de penser des économistes se situe dans le prolongement exact de Socrate, Aristote et plus tard Thomas d’Aquin.

    Quelqu’un a-t-il une autre définition de la rationalité, ou une autre description de l’homme, qui s’écarte de ce qui vient d’être décrit ?

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      J’attends la réponse , mais je reste surpris que , cette fois , vous nous annonciez « qu’il est généralement vain de se disputer sur les définitions » !

      Je note par contre que vous ne contestez pas la définition de la rationnalité économique avancée par Paul Jorion ( si c’est bien celle là , car je n’ai pas encore lu me bouquin !) .

      1. Avatar de juan nessy
        juan nessy

        Mais il me semble qu’il y a déjà des éléments dans le billet du jour ( Finance et Ethique , une approche pragmatique) .

    2. Avatar de Ando
      Ando

      Il y a la définition d’un part, le fait d’autre part. Si mon envie est de consommer une glace je mets en œuvre une « stratégie » me donnant accés à cette glace. Je n’ai pas besoin d’élaborer une définition de la rationalité de ce comportement pour apprécier la glace. L’exemple de la gourmandise est simple, il illustre des besoins basiques qui s’expriment dans l’instant. Si j’ai faim il est rationnel que je cherche à me nourrir. Pour des besoins plus complexes, plus abstraits, non corporels, la rationalité n’est pas d’une plus grande utilité. La rationalité suppose deux postulats : 1) celui qui agit est capable de faire des choix rationnels, 2) cette rationalité (ou son absence) peut être évaluée objectivement par un observateur. Dans le cas 1) il serait nécessaire que celui qui agit soit informé des fondements réels de sa motivation. Or ces fondements sont soit fluctuants soit inconnaissables en dernier ressort. Il serait nécessaire aussi qu’il soit informé de tous les paramètres du contexte dans lequel il va agir, chose impossible. La plupart des comportements sont ainsi irrationnels car si celui qui agit devait, comme condition préalable à l’action, connaître tous les facteurs pouvant influer sur le résultat de cette action, il n’agirait jamais en dehors des comportements routiniers qu’il a adoptés. Le cas 2) revient à considérer que celui qui observe applique cette observation à un être qui fonctionnerait dans un système clos, répétitif, fermé sur lui-même : des critères de rationalité devraient être définis qui permettraient de juger le comportement de cet être par rapport à cet environnement. Ce qui suppose que la réponse de cet être à son environnement, ou que la réponse de l’environnement aux actions de cet être, soient prédictibles et répétitifs (est qualifié de « rationnel » un résultat lorsqu’il est conforme à ce que l’on voulait qu’il soit). La réponse, toujours légèrement différente voire très différente, met immédiatement les critères de la rationalité en décalage par rapport aux résultats de l’observation. Enfin, rares sont les individus qui se préoccupent du contenu rationnel ou non de leur expérience. Il ne s’agit après tout que d’une autre manière de vouloir classifier le réel. A l’instar de la « valeur » en économie, la rationalité appliquée aux acteurs économiques est peut-être un faux concept dont l’utilité n’est pas claire. Bien que plus holistique, le bon sens paraît préférable.

    3. Avatar de Un lecteur
      Un lecteur

      Votre nénuphar se meure, vos patchworks perdent de leurs couleurs, le recours aux batailles de définitions signe la fin du combat.

    4. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ juan

      Pourquoi surpris ? Je ne vais pas me citer moi-même, mais il y a plusieurs conversations sur ce blog où j’ai tenu la même position : une définition (valide) en vaut une autre (différente mais valide également). Exemple :
      – un pain est un aliment fait à base de blé etc.
      – un pain est un coup de poing dans la figure
      Le tout est de ne pas les confondre, sinon ça peut faire mal : « je voudrais un pain s’il vous plaît ».

      Pour les définitions de la rationalité économique, Jorion semble en donner plusieurs. Mais comme il revient à plusieurs reprises sur une définition particulière, et qu’elle correspond à ce que l’on pourrait effectivement trouver dans un manuel d’éco, j’ai retenu celle-là :

      La rationalité dont parlent les économistes est tout autre chose : il s’agit, pour un individu, de sa capacité à distribuer de manière optimale des moyens rares entre des fins particulières rangées selon ses priorités, définies par leur utilité subjective. La rationalité ainsi conçue est donc une prédisposition à adopter un comportement optimal face à un problème d’allocation de ressources.

      Je pense que cette définition pourrait figurer presque telle quelle dans un manuel d’éco. C’est donc un bon point de départ si Jorion désire critiquer les économistes. Mais Jorion a aussi tendance à attaquer des épouvantails, du style :

      La rationalité a en réalité été redéfinie par la « science » économique […] : égoïsme, cupidité, misanthropie en général. De cette rationalité à la sauce du jour, on recommanda chaudement l’exercice.

      Inutile de vous dire que les profs d’éco enseignent rarement cela à leurs étudiants…

      1. Avatar de juan nessy
        juan nessy

        Je le crois aussi , mais les enseignants comprennent ils tous toujours bien ce qu’ils enseignent sans s’en rendre compte ?

        Même remarque pour les enseignés d’ailleurs .

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